Cameroun : oui, un développement non industriel et non invasif est possible !“Et alors, on fait comment ?“. C’est LA question à laquelle on est quotidiennement confronté lorsque l’on travaille dans une organisation comme
Greenpeace.
C’est une question que l’on se pose au sein de l’association, et c’est surtout une question que nos interlocuteurs, experts, militants, citoyens posent sans cesse et à juste titre.Dans le dossier
Herakles Farms, c’est l’enjeu du “développement” du continent africain qui est en question. Alors que
Greenpeace milite et agit contre l’exploitation industrielle des ressources naturelles qui suppose
la destruction des forêts du Cameroun, les interrogations sont légion : car ces activités génèrent d’immenses profits. Mais ces profits vont aux entreprises internationales, comme l’américain
Herakles Farms, au détriment des communautés locales, qui risquent de voir leur conditions de vie se dégrader malgré les promesses et de l’environnement, qui sera irrémédiablement détruit.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il y a des alternatives. Des profits peuvent être générés, localement. C’est ce qui ressort du rapport présenté par l’ACDIC
(Association Citoyenne pour la Défense des Intérêts Collectifs),
une ONG camerounaise qui vise à améliorer les méthodes agricoles
actuelles grâce à la formation, une meilleure organisation et l’accès au marché, entraînant de meilleurs rendements et des revenus plus élevés.
L
’ACDIC a présenté ses conclusions au cours d’un atelier, organisé à
Kumba, dans la région Sud-Ouest au Cameroun, où les représentant des communautés discutent des voies et moyens d’augmenter les rendements de l’agriculture locale de façon durable, afin d’assurer leurs moyens de subsistance tout en protégeant les forêts dont ils dépendent.
Certains participants ont parcouru des kilomètres pour prendre part à cet atelier80% de la population de cette région vit au sein de communautés
rurales. Les gens gagnent leur vie grâce aux plantations de cacao, de
palmiers à huile et autre produits, de chasse et de cueillette de
produits forestiers non ligneux tels que les noix ou les “bush mango”. Mais les superficies disponibles diminuent de plus en plus à mesure que les grandes entreprises viennent s’installer dans cette région fertile et prennent le contrôle de vastes étendues de terres pour l’exploitation forestière, minière et agro-industrielle.
Cette tendance est préoccupante. Car si l’on ne cultive que
des produits pour l’export, que va-t-il rester aux populations
installées dans la zone? Les plus vulnérables parmi ces agriculteurs sont les femmes, qui dépendent de la terre pour nourrir leur familles. Ce sont elles qui souffriront le plus du changement.
La société
Herakles Farms a un projet de plantation de palmiers à
huile qui prévoit de détruire 73.000 hectares de forêts tropicales, dans lesquelles vivent plus de 14 000 personnes. Le projet s’est heurté à l’opposition des communautés locales, qui craignent de perdre leurs terres et leurs moyens de subsistance. Bien qu’ils aient affirmé que les plantations de palmier à huile en cours ont pour but le
“développement”, le projet de
Herakles aura un impact dévastateur sur la forêt et la vie des personnes qui en dépendent.
Voir notre page dédiée : Afrique, la nouvelle frontière de l’huile de palmeEn revanche, le modèle de développement proposé par l’ACDIC dans son rapport montre
comment la culture de cacao ou l’huile de palme peut être faite dans
des systèmes agro-forestiers qui ont l’avantage d’être également en
mesure de fournir de nombreux produits forestiers non ligneux et de la nourriture. Le cacao doit être cultivé à l’ombre, afin que les
agriculteurs puissent conserver les arbres forestiers précieux sur leur
ferme et assurer la continuité des forêts. Cela garantit la sécurité
alimentaire, tout en protégeant l’environnement naturel.
Les acteurs industriels et les investisseurs qui viennent en Afrique
doivent s’engager a mettre en œuvre des politiques qui respectent les droits et les moyens de subsistance des communautés locales, assurent la protection des forêts naturelles, de manière ouverte et transparente.
Le rapport de l’ACDIC propose des voies concrètes, possibles.
Et l’affluence de public à cette présentation montre que les
camerounais peuvent créer leur propre voie de développement qui accorde la priorité aux citoyens et à l’environnement.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]