La Chevêchette d'Europe est en cours d'installation en BelgiquePlusieurs oiseaux ont été observés et entendus en 2012 et en 2013 dans un massif de résineux des Ardennes belges, non loin de la frontière allemande.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum) est en expansion en Europe, grâce notamment à la pose de nichoirs comme ici en Finlande.La Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum) est la plus
petite chouette d'Europe, avec une taille d'environ 16 cm. Elle est en partie diurne. Elle se nourrit principalement de petits oiseaux
(mésanges, roitelets) et de petits rongeurs (musaraignes, campagnols), et plus rarement de petits reptiles et insectes.
Elle affectionne les vieux boisements clairsemés de résineux ou d’essences mixtes, comprenant des espaces dégagés (clairières, tourbières, chemins forestiers), en montagne et en plaine.
En
Europe, elle se reproduit dans les forêts mixtes de la plaine et
dans la taïga (
Pologne, pays baltes, Scandinavie, Russie, Bélarus...), dans plusieurs massifs montagneux d'Europe centrale (
Alpes, Jura, Vosges, Forêt Noire, Tatras...) et dans les Balkans (y compris dans quelques secteurs en
Grèce).
Elle est peu commune en France, où elle se reproduit dans plusieurs massifs montagneux (
Alpes, Jura, Vosges, Massif Central).
Et l'espèce semble aussi en cours d'installation en
Belgique: dans un
article publié en 2013 dans la revue Aves, on apprend ainsi qu'une petite population a été découverte en 2012 dans un massif de résineux du
massif des Ardennes proche de la frontière allemande (le site exact n'a pas été révélé, nous avons placé sur la carte ci-dessous quelques secteurs possibles) : plusieurs oiseaux ont
été vus, entendus, photographiés et enregistrés.
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Quelques secteurs possibles (= hypothèses de la rédaction d'Ornithomedia.com) de présence de la Chevêchette d'Europe en Belgique. Carte : Ornithomedia.comUn couple et des comportements nuptiaux (offrandes, chant) ont été
observés en mars et en avril. Un hêtre dépérissant, dans lequel
plusieurs cavités avaient été creusées par des
Pics épeiches (Dendrocopos major), a ensuite été découvert : il s'agissait probablement du site de nidification. Mais des plumes de la femelle jonchaient le sol, peut-être arrachées par un prédateur (Autour des palombes,
Epervier d'Europe ou
Chouette de Tengmalm ?).
Deux mâles, certainement des célibataires à la recherche d'une femelle, ont par la suite été entendus dans le secteur. Ils ont été réentendus en mars 2013. Cette arrivée en
Belgique, où elle n'avait pas été notée depuis le 19ème siècle, s'inscrit dans le cadre d'une expansion de l'espèce en Europe centrale, et notamment en
Allemagne : elle est ainsi bien présente en
Forêt Noire et dans
la Hesse, non loin de
la Wallonie. Des recensements menés dans
le länder de Saxe-Anhalt, à l'ouest de
Berlin, a permis de constater que le nombre de couples y était passé de 10 à 15 sur la période 2001-2006 à 45 à 60 pour la période 2009-2010. Et de nouvelles populations ont été récemment découvertes ailleurs dans le pays : la nidification de l'espèce a par exemple été constatée en 2008 dans
l'arrondissement de Potsdam-Mittelmark, dans
le Brandebourg.On a aussi constaté récemment une "multiplication" des données depuis le début des années 2000 dans la partie polonaise du
massif des Tatras. Le nombre d'observations a aussi nettement augmenté depuis 1980 dans la partie slovaque, peut-être également grâce à une amélioration des méthodes de recensement.
Côté français, l'espèce niche dans
les Vosges du nord depuis 2002 au moins, et 20 territoires étaient occupés en 2007. Elle a récemment (mars 2007) été découverte dans
la chaîne des Puys en
Auvergne, ce qui témoigne peut-être d’une extension vers l’ouest de la
France, à moins que l’espèce ne soit passée inaperçue jusqu’à cette date. Il serait aussi intéressant de la rechercher dans
les Pyrénées...L'arrivée de
la chevêchette en
Belgique est sûrement à mettre en
relation avec le vieillissement des pessières wallonnes, combiné aux
mesures de conservation des arbres à cavité et des arbres morts : la
chevêchette apprécie en effet particulièrement les forêts mixtes et de conifères de plus de 60 ans, riches en clairières. Cette tendance
explique également le retour en
Belgique de
la Cigogne noire (Ciconia nigra) il y a déjà plusieurs décennies (lire
Pillage en direct d'un nid de Cigognes noires par une Martre des pins) ainsi que l'expansion du
Pic mar (Dendrocopos medius) (lire
Le retour des champignons, des coléoptères et du Pic mar).
La pose de nichoirs (méthode appliquée en
Scandinavie) pourrait
contribuer à favoriser une implantation durable de cet oiseau dans
les Ardennes belges.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Habitat de la Chevêchette d'Europe dans le Jura français.
Photographie : Ornithomedia.comCe vieillissement des forêts ouest-européennes pourrait peut-être
permettre à moyen terme l'arrivée à l'ouest du continent d'autres
espèces fortement liées aux boisements mâtures, comme la
Chouette de l'Oural (Strix uralensis macroura), dont l'aire de distribution actuelle, limitée à quelques régions montagneuses sauvages d'Europe centrale et orientale, est fortement influencée par des facteurs humains (dérangements, méthodes de gestion forestière) (lire
A propos de la Chouette de l'Oural en Italie).
Les observations belges de
chevêchettes pourraient également résulter de la forte irruption d'individus au Danemark au cours de l'automne 2011 : plus de 40 oiseaux y ont en effet été comptés entre le début du mois d'octobre et le début du mois de décembre (
lire Forte irruption de Chevêchettes d'Europe au Danemark),
grâce à une très bonne reproduction des rongeurs en
Scandinavie (et peut-être ailleurs en
Europe centrale, par exemple en
Allemagne).
L'augmentation de la population de ces rapaces a alors poussé un nombre élevé de jeunes à trouver de nouveaux territoires. La
Belgique avait déjà connu un évènement ornithologique important en 2012, l'installation de la
Grande Aigrette (Ardea alba) (lire
La Grande Aigrette a niché pour la première fois en Belgique !).
La Centrale Ornithologique Aves lance une recherche coordonnée de l'espèce en
Wallonie afin d'évaluer les capacités naturelles d'accueil du milieu et d'éviter que les observateurs ne se concentrent dans certains secteurs et en négligent d'autres. Vous pouvez envoyer un e-mail à l'adresse :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].La Chevêchette d’Europe signale sa présence sur son territoire à l’aube et au crépuscule par son chant (
écoutez un enregistrement) et divers cris : ces manifestations vocales ne durent souvent que quelques minutes, rarement au-delà d’une demi-heure. Elle chante une grande partie de l’année, depuis les premiers jours de septembre (parfois dès la seconde quinzaine d’août) jusqu’en décembre. La période nuptiale commence en janvier et se poursuit en février-mars, mais les couples déjà formés sont bien plus discrets à cette saison qu’en automne.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Chevêchette d'Europe ( Glaucidium passerinum) photographiée en Pologne.La méthode de la repasse ne doit être utilisée qu’avec prudence : la
chevêchette réagit en effet vigoureusement à l’imitation de son chant. Dès que l’oiseau répond, il faut impérativement arrêter la diffusion des enregistrements. Les petits passereaux alarment dès qu’ils entendent ou voient la
chevêchette, et ces réactions assez vives peuvent être utilisée pour des prospections diurnes. Si les passereaux réagissent à l’imitation du chant, il y a de fortes chances qu’une
chevêchette soit cantonnée dans le secteur. Il faut alors revenir à la tombée de la nuit ou au lever du jour pour espérer un contact avec l’espèce.
En plus de ce chant,
la chevêchette lance aussi parfois en automne une série de notes montantes plus sonores (
écoutez un enregistrement) qui semblent servir à à marquer le territoire.
La grande discrétion des adultes dès le début de la nidification rend la recherche des nids difficile : les seules manifestations auditives sont des cris de contact émis en sourdine par le mâle lorsqu’il arrive à proximité du nid. Il appelle la femelle pour lui remettre une proie.
Celle-ci répond par un sifflement très aigu (
écoutez un enregistrement).
Ces cris ne portent guère à plus de 100 mètres, et la découverte d’une cavité de nidification est donc souvent un coup de chance ou alors le résultat de nombreuses heures de recherche en forêt.
Une autre méthode pour découvrir un nid consiste à examiner la base des arbres avec des cavités favorables car la femelle rejette systématiquement les restes des proies (plumes ou poils) et les pelotes des jeunes hors de la cavité ; ceux-ci s’amoncellent au pied de l’arbre et constituent une preuve certaine de l’occupation d’un nid par une
chevêchette.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]