Archéologie : le Morbihan dévoile de précieux vestiges armoricainsPetit vase daté de l’âge du bronze ancien, découvert sur le site
archéologique de l'Inrap au Bono (Morbihan), au fond d’une sépulture.Des fouilles préventives menées par l’Inrap
ont mis au jour de précieux vestiges du néolithique et de l’âge du
bronze au Bono (Morbihan) : des fours en pierre ainsi qu’une nécropole
probablement familiale. Il reste maintenant à déterminer dans quel
contexte, ou selon quels rites funéraires, ils étaient utilisés.L’
Inrap mène actuellement des recherches sur
le site de Mané Mourin au
Bono, dans le cadre de l’aménagement d’une ZAC par
EADM (Espace, aménagement et développement du Morbihan). Un
diagnostic (des sondages) avait préalablement mis en évidence la présence de
vestiges du Néolithique et de l’âge du bronze, conduisant alors l’État (service régional de
l’archéologie de Bretagne) à prescrire une fouille préventive sur une
surface de deux hectares avant que les travaux ne se poursuivent.
Une équipe d’une dizaine d’archéologues, dirigée par
Laurent Juhel, intervient depuis début mars et jusqu’en juillet sur ce
site remarquable, marqué par la
mise au jour d’une nécropole de l’âge du Bronze d’un type peu étudié jusqu’ici dans l’ouest de la France.
De nombreux fours et foyers du NéolithiqueLes vestiges consistent essentiellement en de nombreuses structures de
combustion, dites « fours à pierres chauffées », caractéristiques du Néolithique moyen (vers 4.200 avant notre ère). Ils permettaient une
cuisson à l’étouffée,
les aliments étant posés sur de nombreux blocs de granit préalablement
chauffés, puis déposés dans une fosse circulaire. Une trentaine de ces
fours ont été découverts, plusieurs étant parfois regroupés dans un même
secteur. Leur concentration pourrait témoigner de repas collectifs
partagés à l’occasion d’
événements communautaires.
Dégagement d’une sépulture de l’âge du bronze ancien au Bono, dans le Morbihan, lors d'une fouille préventive de l'Inrap.Quatre fours rectangulaires de plus grande taille (3
m de long environ pour 2 m de large) ont également été trouvés. Ils
sont aussi exceptionnels en raison de leur aménagement particulièrement
soigné, le fond et les parois étant entièrement pavés de
dalles de granit. Leur découverte étant singulière, les archéologues s’interrogent
actuellement sur leur fonction : servaient-ils pour la cuisson des
aliments ? Étaient-ils liés à une activité
artisanale ou à un tout autre usage, rituel par exemple ?
La réalisation de
datations radiocarbones permettra rapidement d’affiner la chronologie de ces structures. La
poursuite des études permettra ensuite d’affiner les hypothèses sur leur
usage et de comprendre le lien entre ces fours, inédits pour la
Bretagne, et les autres éléments présents sur le site. Les chercheurs étudieront notamment des prélèvements de
sédiments et de pierres brûlées, à la recherche de résidus de cuisson.
Une nécropole de l’âge du bronze ancienLa découverte d’un ensemble funéraire daté du bronze
ancien (autour de 2.000 avant notre ère) est l’élément majeur de la
fouille conduite au Bono. Une dizaine de tombes sont regroupées sur une
surface d’environ 300 m
2. Cinq sépultures sont parfaitement alignées. La découverte au fond de l’une d’elles d’un petit
vase déposé en offrande a permis de dater la nécropole : la forme de la poterie et les décors
incisés sur cette céramique étant attribuables au début de l’
âge du bronze.
Les tombes regroupées sur
le site de Mané Mourin constituent sans doute le petit cimetière, familial ou communautaire,
d’une population relativement modeste. Les
pratiques funéraires de cette période étant mieux connues par les nombreux tumulus, la
nécropole du Bono, par le type de sépultures, leur nombre et leur
organisation, constitue une découverte inédite pour l’âge du bronze
ancien armoricain. Elle viendra compléter et enrichir notre perception des pratiques funéraires de ces
sociétés anciennes.
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