Un laser démultiplie les cristaux de glace dans les nuages cirrus !
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Les cirrus se forment entre 5.000 m et 14.000 m d'altitude, selon les saisons et la latitude.Un effet surprenant a été observé par des chercheurs ayant projeté un puissant faisceau laser à impulsions ultracourtes sur un nuage cirrus
: sa densité en glace a été multipliée par 100 en une dizaine de
minutes ! Ce résultat est intéressant… lorsque l’on sait que ces nuages
de haute altitude interviennent dans le bilan radiatif de notre planète.
Pourra-t-on bientôt contrôler l’effet de serre ?Les
lasers de puissance à impulsions ultracourtes, de l’ordre de quelques
femtosecondes (10-15 s), peuvent provoquer des
phénomènes de filamentation dans l’
atmosphère. Les
émissions lumineuses de ces engins de plusieurs térawatts de puissance modifient l
’indice de réfraction du milieu, ce qui induit une autofocalisation du faisceau et provoque une
ionisation de l’air dans son voisinage. Les filaments ainsi produits ont un diamètre de 100
µm, et peuvent atteindre plusieurs dizaines, voire centaines, de
kilomètres de long. Par ailleurs, ils sont conducteurs.
Les militaires envisagent d’utiliser des
lasers de puissance
transportables pour établir des antennes de communication furtives. Les
météorologues, eux, préfèrent plutôt les utiliser pour étudier la
teneur des différentes couches de l’atmosphère en polluants chimiques ou
biologiques, en les utilisant comme des
lidars, mais avec un avantage de taille.
Les émissions lumineuses peuvent être blanches, donc composées de multiples
longueurs d'onde. Grâce à cette propriété, les différentes
molécules en présence dans
l’air, qui répondent à une
longueur d’onde précise, sont décelables avec un nombre réduit d’impulsions. Notons
cependant que les filaments ne sont pas mis à profit dans cette
application.
En revanche, leur création dans des ciels chargés en électricité permettrait d’établir des
paratonnerres géants, c’est-à-dire des structures pouvant guider la
foudre. Des expériences menées en laboratoire se sont montrées fructueuses, mais il s’agit bien de forcer les
éclairs à suivre un chemin, non de les créer.
Thomas Leisner,
de l
’Institut de technologie de Karlsruhe (
Allemagne), vient de trouver
une nouvelle utilité possible à ces lasers, grâce à des expériences
réalisées en laboratoire : ils augmentent la formation de glace dans
certains nuages de haute altitude.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Filament autoguidé de lumière blanche produite par un laser femtoseconde.L'épaisseur optique des nuages cirrus augmenteLe chercheur et son équipe souhaitaient étudier le
comportement de la glace et de l’eau présents dans des nuages lorsqu'ils
sont exposés à un
filament ionisé,
mais il était bien évidemment hors de question de réaliser les tests
dans la nature. Ils ont donc été menés dans une chambre à nuages fermée.
Les scientifiques ont dans un premier temps simulé les conditions
régnant dans un
cumulonimbus,
là où de la glace côtoie de l’eau surfondue. Le faisceau laser n’a eu
aucune influence sur la formation des cristaux de glace ou sur la
condensation de l’eau.
L’expérience a été répétée, mais en projetant cette fois le faisceau sur un cirrus, un nuage de haute altitude composé de
cristaux de glace (couche supérieure de la
troposphère).
L’effet observé a alors surpris les chercheurs. En une dizaine de
minutes, l’action du laser a multiplié par 100 la densité des cristaux.
Selon l’article paru dans
Pnas :
«
les nouvelles particules de glace ont alors rapidement diminué la
pression en vapeur d’eau jusqu’à la saturation de la glace, ce qui a
augmenté l’épaisseur optique du nuage parfois de trois ordres de
grandeur ».
Ce dernier détail n’est pas anodin, puisque les cirrus interviennent dans le
bilan radiatif de notre planète. Ils réfléchissent ou absorbent partiellement le
rayonnement solaire venant de l’espace (pouvoir refroidissant), mais aussi le rayonnement
thermique émit par la
Terre (pouvoir réchauffant). Ainsi, les lasers de
puissance à impulsions ultracourtes, dont certains sont transportables,
comme le
Téramobile,
pourraient être utilisés, en plus bien sûr de leur rôle d’outil de
mesure, pour changer les propriétés des cirrus à distance, et donc
modifier l’
effet de serre.
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