En construisant des barrages, le castor jouerait un rôle dans le stockage et la libération des gaz à effet de serre.
Publiée dans Geophysical Research Letters, une étude américaine a estimé la quantité de gaz à effet de serre piégée grâce aux barrages de castors, et celle relâchée dans l’atmosphère lorsque le barrage est abandonné par les rongeurs : un bilan difficile à dresser…
S’il est loin d’atteindre les scores de l’homme en ce domaine, le castor joue néanmoins un rôle non négligeable dans le bilan "stockage/rejet" du CO2, du méthane et autres gaz à effet de serre. C'est du moins ce que révèlent des travaux menés par Ellen Wohl, spécialiste en géosciences à l’Université du Colorado à Fort Collins, qui a étudié la question dans le Rocky Mountain National Park, dans le Colorado.
ETHOLOGIE : Le castor européen (Castor fiber)
Le castor est surtout connu pour les barrages, les digues et les huttes qu'il construit sur les cours d'eau et les rivières. C'est la seule espèce à produire et entretenir des zones humides ; il contribue ainsi à la diversification de l'habitat. Il a été chassés depuis l'Antiquité, ce qui a conduit les deux espèces encore vivantes au bord de l'extinction.
Depuis qu'il est protégé, quelques populations se reconstituent en Europedans des pays où il avait disparu, souvent depuis la fin du Moyen Âge.
[i]En amont d’un barrage de castor, le niveau de l’eau augmente, créant une zone humide où le rongeur peut se déplacer en sécurité (en nageant) et transporter facilement le bois dont il se nourrit ou fait des huttes. Mais la présence de cette eau limite l’oxygénation et donc la décomposition des végétaux morts (notamment ceux stockés par le castor) : autant de carbone qui reste donc ‘séquestré’ au lieu de se dissiper sous forme de gaz.
Pour en savoir davantage, Ellen Wohl a analysé la teneur en carbone de 29 échantillons de sédiments prélevés le long de deux grands cours d'eau, dont l’un incluait les restes de 148 barrages abandonnés de castors et l'autre 100 : en poids, les sédiments végétaux présents en amont de ces barrages contenaient seulement 3,3% de carbone. Contre environ 12% en ce qui concerne les barrages toujours utilisés par les rongeurs (chiffre obtenu par la chercheuse l’année précédente).
Bref, tant qu’ils sont entretenus par l’animal, les aménagements de l’industrieux mammifère capturent du carbone et freinent ainsi l’émission de gaz nuisibles. Mais lorsque le castor change de territoire, les processus biochimiques reprennent, libérant assez brutalement un grand volume de gaz."Si je devais parier, je dirais que les biefs de castors stockent plus de carbone qu’ils n’en produisent", conclut cependant Jennifer Edmonds, écologiste aquatique à l'Université de l'Alabama.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] [/i]
Le castor et ses barrages jouent un rôle dans la circulation des gaz à effet de serre Par Frédéric Belnet