Nature & Animaux : Découverte d'une nouvelle population de caméléonLe caméléon de Belalanda n'a pas dit son dernier motLe caméléon de Belalanda est une espèce pratiquement
éteinte pour laquelle les scientifiques avaient peu d'espoir... Avant de
découvrir un nouveau foyer de population à Madagascar. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] |
| Le caméléon de Belalanda, rare et mystérieux. | |
Il n'y a pas de pays plus réputé pour la richesse de sa biodiversité que
Madagascar. La plupart des espèces y sont endémiques, c'est-à-dire
qu'elles n'existent que là-bas, comme les
75 caméléons différents abrités par les forêts. Le pays connait pourtant un sérieux déclin du nombre d'individus de
chaque espèce. C'est particulièrement le cas du caméléon dit
"de
Belalanda", nommé ainsi car les quelques survivants sont regroupés
autour de la ville du même nom.
Décrite pour la première
fois en 1970 par Edouard Brygoo et Charles Domergue, l'espèce semblait
se réduire à quelques membres depuis
la disparition complète de la forêt dans laquelle elle vivait.
En 2009, le DICE (Durrell Institute of Conservation and Ecology),
l'institut de l'université britannique du Kent, se lance à sa recherche.
Après avoir passé au peigne fin toutes les forêts riveraines, où les
caméléons auraient pu se réfugier,
les expéditions ont décidé en février dernier de s'enfoncer un peu plus dans la forêt. Une idée bien inspirée, car à cet endroit, ils ont trouvé une nouvelle population de caméléons !
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| Moins de 30 survivants ont été repérés. | |
La trouvaille pourrait être anecdotique, mais
les 7 nouveaux membres de l'espèce s'ajoutent à un effectif très maigre. "Dans les deux villages où il était déjà connu, nous avons observé
entre 6 et 16 individus durant la période 2008-2011", nous confie le
docteur Richard K.B. Jenkins, chargé de la conservation des caméléons à
Madagascar.
Afin de sauver cette espèce rare, une réunion
regroupant organisations non-gouvernementales, gouvernements et acteurs
de la biodiversité sera organisée cette semaine pour établir une
stratégie de conservation du
caméléon de Belalanda.
INTERVIEW
Richard K. B. Jenkins
"Le caméléon de Belalanda est encore entouré de beaucoup de mystères" [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une
nouvelle population de caméléons vient d'être découverte à Madagascar.
Le britannique Richard Jenkins, qui a participé aux recherches, nous en
apprend un peu plus au sujet du caméléon de Belalanda. Le docteur Richard K. B. Jenkins travaille aux côtés du professeur Richard A. Griffiths, de l'université britannique du Kent.
Tous
deux sont en charge du programme regroupant l'Institut Durrell et des
associations malgaches autour de la protection des caméléons. C'est dans
le cadre de ce projet qu'ils ont fait l'extraordinaire découverte d'une
nouvelle population de caméléon de Belalanda éloignée de son milieu
naturel traditionnel. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] |
| Le caméléon de Belalanda. | |
Que pouvez-vous nous dire à propos du caméléon de Belalanda ?
R. K. B. Jenkins : Nous savons peu de choses. Nous sommes à peu près sûrs que l'espèce
vivait dans une forêt riveraine d'une petite zone côtière près de la
ville portuaire de Toliara, au Sud de Madagascar. Cette forêt n'existant
plus, on a pensé durant plusieurs années que le caméléon était resté au
village de Belalanda, où il vit dans de grands arbres d'ombrage. Depuis
2009, nous avons compris qu'il occupe en réalité deux villages,
Belalanda et Sakabera. Même si tout son habitat naturel a disparu, il
loge toujours dans des zones peu adaptées de ces villages. Mais il faut
tout de même avouer que cette espèce est encore entourée de beaucoup de
mystères.
Comment avez-vous découvert ce nouveau foyer de caméléons ?
R. K. B. Jenkins : Nous avons réalisé depuis 2009 un certain nombre d'expéditions pour
retrouver des caméléons de Belalanda dans leurs habitats traditionnels.
Au début, nous nous sommes concentrés sur les lieux habituels, les
forêts riveraines, mais aucun caméléon ne s'y trouvait. En février, nous
avons étendu nos recherches à l'intérieur des terres, loin de la
rivière, et c'est là que nous avons découvert cette nouvelle population
dans un village près de la route principale.
Quel est le but de l'association entre l'Institut Durrell et les organisations malgaches ?
R. K. B. Jenkins : Le projet vise à protéger et utiliser durablement les caméléons (NDLR :
l'exportation de caméléons pour en faire des animaux de compagnie est
courante à Madagascar). Pour certaines espèces beaucoup plus rares et
menacées, comme
le caméléon de Belalanda, il s'agit de travailler avec
les collectivités et les acteurs locaux afin de préserver l'essentiel
des habitats. Pour les autres espèces, plus communes, on aide les
autorités malgaches à s'assurer que le commerce légal n'a pas trop
d'impact sur les populations sauvages.
Qu'allez-vous faire désormais pour protéger cette espèce ?
R. K. B. Jenkins : L'association Madgasikara Voakajy est le principal partenaire de
l'Institut Durrell sur ce projet. Nous organisons ensemble cette semaine
un atelier qui rassemblera des organisations non gouvernementales comme
le WWF, des gouvernements, des scientifiques, des politiciens et des
acteurs locaux pour concevoir une stratégie visant à sauver l'espèce de
l'extinction.
Bien que les villages où se trouve le caméléon
soient au sein d'une aire protégée gérée par le WWF, la protection de la
biodiversité n'est pas une priorité puisqu'il s'agit de villages
habités. Nous espérons que la nouvelle stratégie de conservation des
espèces sera adaptée aux besoins des personnes et des caméléons qui
cohabitent en ces lieux. La principale menace qui pèse sur cet animal
est l'abattage des arbres où il réside pour faire du charbon de bois...
L'objectif principal de la future stratégie est donc de trouver une
solution à ce problème.
Plus d'informations : Site officiel de l'Institut Durrell Le site Internet de l'organisation malgache Madagasikara VoakajySource : L'Internaute