Touché par l'histoire de Claudine André, une femme qui a consacré sa vie à la protection des bonobos, cette espèce unique originaire du Congo-Kinshasa, le producteur Alain Tixier est passé derrière la caméra pour écrire et réaliser le film Bonobos. Il relate l'épopée de Béni, un singe orphelin sauvé par l'association de Claudine.
Les bonobos sont une espèce de grands singes, assez similaires aux chimpanzés. On les trouve exclusivement dans les forêts tropicales riveraines du Nord de la République Démocratique du Congo. Ici, le petit Beni et sa maman vivent au cœur de cette jungle entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.
Contrairement à d'autres primates, qui s'organisent en crèche pour s'occuper des petits, les mamans bonobos sont seules responsables de leur bébé. Elles surveillent en permanence leur progéniture, et lui apprenne tout.
La mère du petit singe ne lui laisse pas d'indépendance au début de sa vie. Elle le tient toujours contre elle, même au bout d'un an. Elle ne le lâchera que très progressivement.
Le quotidien d'un jeune bonobo nous est raconté par Béni. Il voit comment les autres membres de son groupe s'amusent dans les arbres, et apprend lui aussi à grimper, en commençant par quelques exercices à même les bras et les jambes de sa mère. Plus tard, il pourra faire les mêmes bêtises que les autres : jouer avec des animaux ou faire le pitre accroché à des lianes.
Malgré des lois de plus en plus strictes sur le commerce et la domestication des bonobos, devenu illégale, le Congo regorge de marchés où le commerce de petits singes s'organise encore. Enlevé par les "singes sans poil", Béni se retrouve dans une cage où il est totalement desociabilisé, mal nourri et jamais lavé. Ce n'est pas le pire des tourments que subissent les membres de cette espèce : habituellement, ils sont aussi chassés pour leur viande, comme la maman de Béni.
Recueilli par Claudine André et son sanctuaire Lola Ya Bonobo, le petit Béni est "adopté" par l'une des mamans de substitution, Espérance. Elle est chargée de s'occuper de lui comme l'aurait fait sa mère. Elle le porte, lui donne à manger, et l'encourage à découvrir le monde qui l'entoure.
Alain Tixier a souhaité réaliser un documentaire inspiré de la vie de Béni, un bonobo recueilli par Claudine André. Il a romancé un peu l'histoire, tout en se servant de véritables images tournées dans le sanctuaire. Cinq bonobos, représentant différents âges du petit singe, ont été filmés : mais il ne s'agit pas d'animaux dressés. Les plus jeunes restent évidemment les plus mignons !
Alain Tixier filme la vie au sein du sanctuaire Lola ya Bonobo. Les "mamans" se réunissent le matin avec leurs petits protégés pour leur donner à manger. Méfiant, Béni refuse le biberon, avant de le boire goulûment.
Les bénévoles s'occupent de la toilette des petits bonobos. Elle est l'occasion de grands moments de complicité entre les singes et leurs soigneuses. Cela renforce également la cohésion du groupe, au sein duquel ils réapprennent à vivre en communauté.
Très joueurs, les bonobos profitent que leur pelage soit mouillé par l'eau du bain pour faire des batailles de sable. Du coup, ils sont bien moins propres au final. Le quotidien des membres de l'association de Claudine André est bercé par les fous rires, car ces singes sont très farceurs.
Au sanctuaire, le petit Béni a trouvé un ami, Api. Inséparables, ils sont toujours collés l'un à l'autre et affichent une témérité identique. La très grande sociabilité des bonobos surprend toujours les humains qui les rencontrent. La résolution des conflits se fait le plus souvent par des caresses et des câlins.
A Lola Ya Bonobo, les animaux sont en semi-liberté. Les plus petits vivent à l'écart avec les soigneurs, puis entrent dans l'un des enclos pour se mélanger aux autres. 35 hectares de jungle sont dédiés à les laisser vivre en plein air. Pourtant, avec plus de 100 pensionnaires, le sanctuaire affiche complet : il faut donc en relâcher certains dans la nature.
La directrice de Lola Ya Bonobo est née au Congo, et y a vécu toute sa vie. Durant la guerre civile, elle a fait partie des bénévoles qui se sont occupés du zoo de Kinshasa. C'est là que débute sa grande histoire d'amour avec les bonobos, puisqu'elle en prend plusieurs sous son aile. Depuis, la petite association est devenue un haut-lieu de la protection de ce grand singe.
Une fois qu'ils sont assez grands, les bonobos de la nurserie investissent la jungle du sanctuaire. Véritables acrobates, ils passent autant de temps à sauter d'un arbre à l'autre qu'à s'amuser ensemble.
Le véritable Béni du sanctuaire Lola Ya Bonobo a été le premier à prouver que des singes en liberté étaient particulièrement malins. Il a brillamment réussi des tests auxquels les singes de zoo échouaient. Dans le film, la scène du test, très anecdotique, est aussi pleine d'humour.
Cette espèce de singe mange essentiellement des fruits. Afin de déterminer quels sont les bonobos qui quitteront le sanctuaire pour retrouver la liberté, l'équipe de Claudine cherche à savoir s'ils sont capables de trouver eux-mêmes de la nourriture. Normalement, ils achètent 10 tonnes de fruits et légumes par mois pour nourrir leurs protégés.
Parmi les qualités requises pour relâcher des candidats dans la nature, il faut que les protégés de Claudine fabriquent des nids en haut des arbres. C'est le meilleur moyen d'échapper aux prédateurs, et surtout aux braconniers. Pendant qu'ils apprennent au sanctuaire, Claudine et son association cherche de l'aide auprès de l'Union internationale pour la Conservation de la Nature, qui met une place un suivi scientifique strict de l'opération.
Les bonobos du sanctuaire ont naturellement peur de l'eau. Impossible de les relâcher dans ces conditions ! Les bénévoles les incitent donc à tenter d'entrer dans le grand bain. Certains s'y plaisent immédiatement, mais d'autres ont beaucoup plus de mal.
Les bonobos rient beaucoup. Le réalisateur Alain Tixier a fait l'expérience de fous rires partagés avec eux durant le tournage. S'ils troublent souvent leurs interlocuteurs humains, c'est justement parce qu'ils nous ressemblent beaucoup dans leur comportement.
La réputation des bonobos, pacifiques et résolvant tous les problèmes par le sexe, n'est pas usurpée. Ces primates ont rarement recours à la violence, préférant les câlins à la discorde. Ils jouent beaucoup entre eux, et se font des chatouilles, comme ici cette maman et son petit.
Lola Ya Bonobo signifie le paradis des bonobos. Pourtant, pour le petit groupe qui a été sélectionné, le paradis, ce sera bientôt la liberté. Les voici désormais en cage le temps d'un dernier voyage qui doit se faire rapidement pour ne pas les stresser.
Alain Tixier a filmé la première réintroduction dans la nature de bonobos élevés au sanctuaire. C'est l'heureuse conclusion du combat de Claudine pour sauver cette espèce en danger d'extinction. Le gouvernement congolais a donné 20 000 hectares de jungle protégée pour accueillir les groupes de bonobos sauvages.
La séparation déchirante entre Claudine et ses pensionnaires bonobos est en même temps pleine d'espoir. Le sanctuaire a relâché de nouveaux pensionnaires au mois de mars, à une semaine de la sortie du film.
Un film pour faire connaître les bonobos
Alain Tixier a réalisé ce film dans le but de faire connaître l'action de Claudine André et de son association. Il tenait également à faire découvrir cette espèce unique et méconnue du grand public, mais pourtant drôle et touchante.
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L'évocation de l'épopée du petit Béni sert de prétexte à la réalisation d'un véritable film. Tout en filmant la réalité des actions entreprises par Lola ya Bonobo à la façon d'un documentaire, il met en scène les comportements fascinants de notre cousin le bonobo. D'ailleurs, Il s'agit de l'animal avec lequel nous partageons la plus grande majorité de notre code génétique, à hauteur de 98 %. Sorte de chaînon manquant, il est pourtant très en danger dans un pays soumis à la guerre et la pauvreté. Actuellement, il n'y aurait en République Démocratique du Congo que 5 000 à 15 000 individus, toujours chassés illégalement pour la viande.
A travers l'histoire attendrissante de ce bonobo facétieux et rieur, on découvre une espèce d'une intelligence rare mais menacée, tout autant que le combat admirable de Claudine André pour protéger l'espèce la plus proche de l'Homme sur Terre, miroir de notre propre humanité. Le travail de Claudine André
A la fin de la guerre civile congolaise, en 2001, Claudine André a fondé Lola ya Bonobo, un très grand sanctuaire destiné à sauver les singes orphelins, domestiqués et mutilés. Avant même de trouver cet immense terrain pour y faire vivre ses pensionnaires, elle avait déjà commencé à faire venir les enfants du pays pour leur faire connaitre les bonobos. Selon sa devise, "la conservation commence par l'éducation !", elle accueille régulièrement des groupes scolaires et organise des rencontres avec les singes. Les enfants apprennent à respecter le bonobo, et découvrent avec une grande fierté que c'est un animal "100% congolais" qui n'habite nulle part ailleurs que dans leur pays. Un véritable trésor aux yeux de ceux qui se sont engagés pour sa conservation. L'association " Les amis des bonobos " finance la totalité des activités du sanctuaire à l'aide de dons de particuliers. Plus d'informations : Le site internet du Sanctuaire Lola Ya Bonobos
Source : L'Internaute
Voyager.....en Afrique & Moyen-Orient : Le film Bonobos