Environnement : Les océans se mettront à bouillir dans un milliard d'années...Lorsque le Soleil deviendra une géante rouge dans cinq milliards d’années, il se dilatera au point d’engloutir peut-être la Terre. Mais selon une équipe de chercheurs français du Laboratoire de météorologie dynamique (LMD), notre planète sera devenue un enfer bien avant. Les simulations du climat qu’ils ont effectuées en tenant compte d’une augmentation très lente de la luminosité du Soleil prédisent un emballement de l’effet de serre dans près d'un milliard d’années. Les océans, devenus de la vapeur d’eau, auront disparu et la Terre ressemblera à Vénus. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La Terre et ses océans vus par les astronautes d'Apollo. Aussi transitoires que les continents, les océans sont destinés à disparaître à cause de l'augmentation lente, mais inexorable, de la luminosité du Soleil. Dans un milliard d'années, ils seront sous forme de vapeur dans l'atmosphère de la Terre.
Plus de
1.000 exoplanètes sont connues à ce jour, et l’on estime qu’il y a des milliards d
’exoterres potentiellement habitables dans la
Voie lactée. Le terme
« potentiellement » n’est pas de trop, car il ne suffit pas de savoir qu’une planète rocheuse de la taille de la
Terre se trouve dans la
zone d’habitabilité d’une
étoile pour que des océans d’eau liquide y existent nécessairement. La composition de
l’atmosphère et l’évolution du
climat sur de telles exoplanètes sont des paramètres incontournables dont il faut tenir compte lorsque l’on cherche à savoir si une planète est vraiment habitable et pendant combien de temps.
On sait par exemple que pendant l
’Archéen,
voilà environ 3,5 milliards d’années, le Soleil devait être 20 à 30 % moins lumineux qu’aujourd’hui. C’est une conséquence de la théorie de l’évolution stellaire. On en déduit naïvement que
la Terre était trop froide pour que de
l’eau liquide ait coulé à sa surface, en contradiction avec les archives géologiques qui prouvent l’existence d’océans à cette époque. On invoque généralement un
effet de serre pour résoudre ce problème, connu sous le nom de
paradoxe du jeune Soleil faible. La vapeur d'eau, un gaz à effet de serreOr, la progressive et très lente augmentation de la
luminosité du Soleil se poursuivra, et si elle ne peut pas expliquer le
réchauffement climatique actuel, elle finira néanmoins par faire monter significativement la température sur
Terre dans quelques centaines de millions d’années. Le taux d’évaporation des océans augmentant, il y aura de plus en plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère. Comme cette vapeur agit comme un
gaz à effet de serre, on prédit facilement que le phénomène s’emballera et rendra la Terre aussi inhospitalière que
Vénus. Mais quand ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]On voit ici les résultats de simulations de la température à la surface de la Terre à l'équinoxe de printemps exposée à un Soleil de plus en plus lumineux à l'avenir. Les deux figures à gauche sont obtenues avec le modèle de climat global, la deuxième se situant juste avant la vaporisation complète des océans. La dernière (380 W/m2), à droite, est une extrapolation illustrant les températures après la vaporisation complète des océans. Les dates, exprimées en millions d’années (million years), illustrent l'évolution du Soleil : en réalité, continents et reliefs seront totalement différents dans ce futur lointain. Pour le savoir,
François Forget et
Jérémy Leconte, qui se sont déjà penchés sur le
climat des exoplanètes et le paradoxe du
jeune Soleil faible, ainsi que leurs collègues du Laboratoire de météorologie dynamique ont conduit des simulations du climat de la Terre spécialement adaptées à la résolution de ce problème (les modèles utilisés pour prédire le
réchauffement climatique à court terme ne sont pas pertinents dans ce cas-là).
Modèle 3D numérique pour le climat des exoterresIl s’agit du premier
modèle climatique tridimensionnel utilisé pour déterminer le destin des océans dans le futur, les précédents étant réduits à une dimension. Plus précis, le modèle des climatologues tenait aussi compte des saisons et des
nuages. En l’occurrence, les simulations ont montré que l’« effet parasol » des nuages, c’est-à-dire leur capacité à réfléchir le
rayonnement solaire et donc à refroidir le climat, tend à s’atténuer au fil des millions d’années en comparaison de leur effet de serre.
Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que c’est lorsque le flux solaire moyen atteindra environ 375 W/m
2 pour une température de surface de près de 70 °C (le flux actuel étant de 341 W/m
2) que l’effet de serre s’emballera, soit dans près d’un milliard d’années. Les précédents modèles prévoyaient un phénomène similaire dans quelques centaines de millions d’années tout au plus.
Ces résultats soulignent à quel point il n’est pas aisé de définir clairement les frontières de la zone d’habitabilité pour une exoplanète, aussi bien dans l’espace que dans le temps. Par exemple, certaines simulations ont déjà conduit à envisager que les
exoterres soient souvent des
Arrakis, comme dans le célèbre roman
Dune de Frank Herbert. Ce qui est sûr, c’est que les exobiologistes disposent maintenant d’un nouvel outil pour déterminer les conditions requises pour l’apparition et le développement de la vie sur d’autres planètes.
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