En bref : la pêche « no kill » peut tout de même tuer les requinsConsistant à relâcher les poissons inutiles, la pêche no kill est-elle sans conséquence sur les requins ? Non, nous dit une nouvelle étude. Après tout, l’épreuve subie par l’animal est pour le moins stressante. Ainsi, les requins-marteaux seraient particulièrement affectés par leurs rencontres avec des pêcheurs, parfois au point d’en mourir prématurément après leur libération.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Austin Gallagher prélève le sang d’un requin qui sera libéré pour déterminer son niveau de stress à la suite de sa capture.Dans le monde, de nombreux
pêcheurs pratiquent le
no kill. Autrement dit, leurs proies sont relâchées après avoir été débarrassées de l’hameçon fiché dans leur cavité buccale. Reste à savoir si cette pratique est réellement sans conséquence sur les
populations de poissons. Après tout, il n’est pas agréable de sentir un objet se planter dans sa chair, avant d’être tiré de force, parfois durant longtemps, pour au final se retrouver hors de l’eau.L’animal a de quoi stresser...
Des chercheurs états-uniens menés par
Austin Gallagher (université de Miami) viennent d’étudier le stress provoqué par la
pêche chez cinq
espèces de requins vivant le long des côtes de la Floride et aux Bahamas. Pour ce faire, ils ont prélevé des échantillons de sang sur leurs proies, avant de leur faire subir des tests de réflexe, puis de les relâcher une fois équipées d’une balise satellite. Le niveau de stress a été caractérisé au moyen des échantillons de sang, grâce à l’étude de leur pH, de leur concentration en CO
2 et de leur taux de
lactate. Publiés dans les
Marine Ecology Progress Series, les résultats montrent que chaque
espèce réagit différemment face au stress subi.
Le plus haut taux de lactate, une
molécule produite lors d’un effort intense et mortelle chez plusieurs espèces de
poissons au-delà d’un certain seuil, a été décelé chez les
requins-marteaux. Or, les données satellites ont montré que ces animaux étaient enclins à mourir plus jeunes après avoir été relâchés. À l’opposé, le
requin-tigre n’est que peu perturbé par ses rencontres avec des pêcheurs.
Entre les deux se trouvent, du plus au moins stressé : le requin à pointes noires, le requin-bouledogue et le requin-citron. Ainsi, quand un squale repart en nageant après avoir été capturé, cela ne signifie pas obligatoirement qu’il va survivre à sa mauvaise expérience. Les programmes de conservation devraient dorénavant en tenir compte.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]