Plate-forme de fracturation et d'exploitation de gaz de schiste au milieu des forêts et des champs dans le comté de Bradford, en Pennsylvanie (Etats-Unis)
Le gaz naturel conventionnel est piégé dans des réservoirs souterrains. Le gaz de schiste, qui est aussi un gaz naturel, diffère en ce sens qu'il est piégé dans de la roche et ne peut être libéré que par fracturation de cette dernière. L'Union européenne n'a pour l'instant qu'une expérience limitée de l'application à grande échelle et intensive de la fracturation hydraulique à grand volume. La technique consiste à injecter d'importants volumes d'eau, de sable et de substances chimiques dans un puits afin de fracturer la roche et de faciliter ainsi l'extraction du gaz. Jusqu'à présent, l'Europe s'était essentiellement intéressée à la fracturation hydraulique à faible volume, appliquée dans des réservoirs de gaz compact conventionnel et le plus souvent dans des puits verticaux, qui ne représentait qu'une petite partie des activités d'exploitation de pétrole et de gaz de l'Union européenne.
Mais face à la raréfaction des énergies fossiles conventionnelles, les gaz de schiste suscitent les convoitises. Ainsi, "la Pologne, l'Autriche, l'Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni ont commencé à chercher du gaz de schiste. Si les recherches sont concluantes, ces pays pourraient commencer à en extraire. D'autres Etats membres comme la France et la Bulgarie ont choisi de suspendre les recherches." (Parlement européen). Si l'exploitation des gaz de schiste reste limitée à quatre pays dans le monde (Etats-Unis, Canada, Pologne, Chine[1]), de nombreux pays ont déjà entamé des recherches afin d'accéder à ce gaz.
En Europe, la Pologne autorise les compagnies pétrolières à prospecter pour l'exploitation des gaz de schiste. Cependant, aucune production commerciale n'a encore été engagée, mais la fracturation devrait débuter au printemps 2014 près du village de Lubocino.
Fracturation hydraulique : les recommandations de l'Union Européenne
Décriée à cause de ses impacts environnementaux notamment visibles aux Etats-Unis et de l'absence de courage politique pour remplacer les énergies fossiles par les énergies renouvelables, la technique de fracturation hydraulique vient pourtant d'être recommandée officiellement par l'Europe. En effet, la Commission européenne a adopté le 22 janvier une recommandation visant à garantir la mise en place de mesures appropriées en matière de protection de l'environnement et du climat en ce qui concerne la technique de fracturation hydraulique à grand volume (fracking) utilisée notamment dans l'exploitation du gaz de schiste. "Cette recommandation devrait aider tous les États membres désireux de recourir à cette technique à gérer les risques environnementaux et sanitaires et à accroître la transparence à l'égard des citoyens. Elle introduit également des règles du jeu équitables pour le secteur et offre un cadre plus clair aux investisseurs."
En fixant des règles d'exploitation du gaz de schiste via la fracturation hydraulique, l'Europe reconnaît donc cette technique et ouvre la porte à sa démocratisation malgré les avis très critiques d'une partie de l'opinion publique.
La recommandation s'accompagne d'une communication qui examine les possibilités et les problèmes associés à la fracturation hydraulique à grand volume appliquée à l'extraction des hydrocarbures. Ces deux documents s'inscrivent dans le cadre plus global d'une initiative de la Commission visant à mettre en place un cadre d'action dans les domaines du climat et de l'énergie à l'horizon 2030.
M. Janez Potocnik, commissaire européen chargé de l'environnement, a déclaré à ce propos : « Le gaz de schiste suscite des espoirs dans certaines régions d'Europe, mais également des inquiétudes. La Commission répond aux demandes d'action en formulant des principes minimaux que les États membres sont invités à suivre afin de tenir compte des aspects environnementaux et sanitaires et de donner aux exploitants et aux investisseurs la prévisibilité nécessaire.»
La recommandation adoptée, qui se fonde sur la législation en vigueur de l'Union européenne et qui la complète en tant que de besoin, invite en particulier les États membres :
- à planifier les projets et à évaluer les possibles effets cumulatifs avant de délivrer des autorisations ; - à évaluer rigoureusement les incidences sur l'environnement et les risques associés ; - à veiller à ce que l'intégrité du puits corresponde aux meilleures pratiques ; - à contrôler la qualité de l'eau, de l'air, des sols au niveau local avant le début des activités, afin de détecter d'éventuels changements et de parer aux risques émergents ; - à limiter les émissions atmosphériques, y compris les émissions de gaz à effet de serre, par le captage du gaz ; - à informer le public des produits chimiques utilisés dans les différents puits, et à veiller à ce que les exploitants appliquent les bonnes pratiques pendant toute la durée du projet
La Commission invite désormais les États membres de l'Union à appliquer ces principes dans un délai de six mois et, à compter de décembre 2014, à informer chaque année la Commission des mesures qu'ils auront mises en place.
La position de la France sur les gaz de schiste
En France, la loi Jacob du 13 juillet 2011 interdit la fracturation hydraulique sur le territoire... Mais jusqu'à quand ? Nul doute que les lobbys et les intérêts économiques devraient pousser le gouvernement[2] à s'engouffrer dans cette nouvelle brèche qui sera certainement un gouffre financier[3] et une pollution supplémentaire pour les milieux... En attendant, le gouvernement nie s'intéresser à la question, un mensonge de plus ?
P. Martin répond à la QAG de B... par developpement-durable Réponse du Ministre du Développement Durable et de l'Energie sur le rapport de M. Arnaud Montebourg, à l'Assemblée nationale, le 5 février 2014.
Notes :
1 - Actuellement, les Etats-Unis et le Canada sont les deux principaux producteurs de gaz naturel provenant de formations de schistes avec une production qui atteint 39 % de la production nationale de gaz aux USA et 15 % au Canada (seulement 1% en Chine). Source : U.S. Energy Information Administration (EIA)
2 - En fait, le Canard enchaîné du 29 janvier 2014 révèle qu'Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif, a fait rédiger, par un groupe d'experts, un rapport qui vise à la promotion de l'extraction des gaz de schiste...
3 - Contrairement à la croyance ambiante relayée par de nombreux politiques et médias, "les gaz de schiste gonflent une bulle artificielle qui camoufle temporairement une profonde instabilité structurelle. Lorsqu'elle éclatera, elle occasionnera une crise de l'approvisionnement et une envolée des prix qui risquent d'affecter douloureusement l'économie mondiale." expliquait Nafeez Mosaddeq Ahmed, Politiste, directeur de l'Institute for Policy Research and Development de Brighton (Royaume-Uni), dans le Monde Diplomatique.