Un gendarme observe le train accidenté après qu'un rocher l'a fait déraillé
ÉBOULEMENT. Samedi 8 février, en fin de matinée, un énorme bloc de rocher de plus de 20 tonnes se décroche d'une falaise, en dévale le flanc, arrachant les filets de protection, et vient percuter de plein fouet un train qui passait en contrebas. Ce dernier assurait la liaison entre Nice, dans les Alpes-Maritimes, et Digne, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Sous la violence de l'impact, la motrice du train a déraillé. L'accident a provoqué la mort de deux passagers, et quatre autres ont été blessés. Aussitôt les techniciens de l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont été dépêchés sur place. Comme on peut le voir dans cette courte séquence vidéo diffusée sur TF1, les équipes ont déployé sur place un outil un peu particulier.
Reportage de TF1 consacré à l'accident du train des Pignes.L'outil est présenté à la 25e seconde de la vidéo.
Cet appareil a pour fonction de scanner les lieux de l'accident, ce qui permet par la suite aux gendarmes de reconstituer la scène en 3D avec une grande précision.
Fixer une scène dans ses moindres détails "Ce scanner permet de fixer de manière très précise une scène de crime ou un accident explique le capitaine Agathe Vedrenne, chef du bureau enseignement documentation et relations extérieures, du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale. Une fois la scène enregistrée, il est possible d'y effectuer des mesures très précises, d'échafauder des scénarios, ou encore de mener des travaux de ballistique", explique le capitaine. Et ce, même une fois la scène de crime ou d'accident nettoyée.
"L'IRCGN dispose de deux de ces appareils depuis moins d'une dizaine d'années. Ils sont régulièrement mobilisés sur des scènes de crime ou d'accident, à chaque fois qu'il est nécessaire de tirer au clair la chronologie des faits", précise Agathe Vedrenne.
Un faisceau laser mis en rotation par un miroir
Le scanner utilisé pour figer ainsi l'environnement est comme] "une sorte d'appareil photo numérique qui prendrait toutes les cotes" résume Guiseppe Mazzara, responsable commercial laser et scanner chez Faros Europe, l'entreprise (américaine) qui commercialise le dispositif. Ce dernier consiste en un laser qui vient frapper un miroir mis en rotation. Le laser effectue donc un balayage vertical très rapide. Et pour qu'il couvre toute la scène autour de lui, ce dispositif est monté sur un trépied et tourne sur lui même, comme vous pouvez le constater dans cette vidéo de présentation :
Vidéo promotionnelle du laser scanner focus 3D du constructeur Faro.
DIFFÉRENCE DE PHASE. Chaque fois que le laser projeté par l'appareil bute contre un obstacle, la lumière est réfléchie vers un capteur. Ce dernier calcule la distance à l'obstacle en mesurant le décalage de phase entre le rayon émis et le rayon reçu.
Sur ce schéma, on voit que l'onde lumineuse "aller" et l'onde lumineuse "retour" conservent la même longueur d'onde et la même fréquence, mais leur phase est légèrement décalée du fait de la rencontre avec l'obstacle.
Une précision à 2mm près à 25 m de distance
"Ce dispositif de mesure à partir du décalage de phase permet des mesures très rapides et très précises" se félicite Guiseppe Mazzara. Et en plus, il le fait en couleur. On peut ainsi enregistrer les coordonnées spatiales de 122 000 à 976 000 points à chaque seconde, et obtenir une précision à 2mm près sur une distance de 25m chiffre-t-il. "Selon la précision demandée à l'appareil, il faut entre 5 et 7 minutes pour que le scanner balaie à 360° le paysage autour de lui", précise M. Mazzara.
Sauf que pour reproduire l'intégralité d'une scène, il est nécessaire de déplacer le scanner à plusieurs endroits afin de capturer la géographie des lieux dans leur intégralité. "Il nous a fallu 3h30 pour numériser toute la scène de l'accident de train", chiffre le capitaineAgathe Vedrenne. Et pour faire le lien entre ces différentes photographies laser à 360°, les opérateurs doivent placer trois points de repères (des sphères blanches) dans le champ de vision du scanner.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Les sphères utilisées en points de repère (au premier plan et sur le sol) pour le scanner (au fond de la pièce)
Si ces points de repère demeurent fixes entre deux "scans" du paysage par l'appareil, alors, le logiciel 3D pourra reconstituer tout seul la topographie des lieux et rassembler les différentes images capturées en une scène 3D interactive. Dans le cadre de l'accident du train des Pignes, il a fallu une vingtaine de ces relevés pour reproduire en 3D la scène du drame. Les images n'ont toutefois pas été rendues publiques par les services de l'IRCGN.
Outre les scènes d'accidents ou de crime, ce type de scanner est utilisé en architecture, mais aussi en analyse forestière, ou encore dans la modélisation de lignes de production industrielles, pour "capturer le "tel que construit" ou le "tel que visible"" explique Guiseppe Mazzara.
Voici un exemple des images d'une scène de crime réalisées avec ce type de dispositif :
Reportage d'une chaine américaine sur l'utilisation de ce type de scanner par les forces de police de Roswell au Nouveau-Mexique.
Après le déraillement du train des Pignes dans les Alpes-de-Haute-Provence, l'enquête commence. Sur les lieux de l'accident, les enquêteurs cherchent à comprendre les circonstances du déraillement.
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Accident du train des Pignes : comment fonctionne la numérisation 3D ? Par Erwan Lecomte