En image : vaste cimetière de cétacés mis au jour dans le désert d’Atacama !
Depuis 2010, des paléontologues dégagent des fossiles d’animaux marins, dont des cétacés découverts, sur le chantier d’une route au Chili, en bordure du désert d’Atacama. Tous semblent morts rapidement, et de la même manière, à des époques pourtant très différentes. Après enquête sur la scène du crime, les scientifiques désignent les coupables : des algues.Vincent Rossi,l'un des chercheurs de l'équipe, photographie un squelette quasiment complet de rorqual. Avec photogrammétrie et lasers, les paléontologues ont reconstitué plusieurs modèles 3D de ces fossiles.Ce n’est certes pas dans
le désert d’Atacama, le plus aride du monde et où l’on a implanté plusieurs observatoires (justement pour cette raison), comme le futur
E-ELT, que l’on peut s’attendre à trouver
des fossiles d’animaux marins. La mer n’est pourtant pas loin, et c’est près de la commune de
Caldera, sur la côte chilienne, qu’ont été découverts par hasard en 2010 des ossements fossilisés sur le chantier de l’autoroute dite panaméricaine.
Baptisé
Cerro Ballenale (tertre aux baleines, voir le site, riche en explications et en images), le site daterait de six à neuf millions d’années, se situant donc dans le Miocène supérieur.
Les paléontologues y ont exhumé plus de 40 squelettes de divers vertébrés marins : rorquals, grands cachalots, phoques, odobenocetopsidés (cousin des bélugas), des paresseux aquatiques (car il y en a eu, du genre Thalassocnus) et même un poisson.C'est sur le chantier d'une route que les fossiles marins ont été découverts, à Caldera, environ 700 km au nord de Santiago du Chili.Animaux marins tous morts de la même manièreD’après les chercheurs, c’est la plus grande densité de fossiles d’animaux marins. Mais ils ne datent pas tous de la même époque. Ces restes apparaissent en effet dans quatre
couches sédimentaires séparées de plusieurs milliers d’années, le tout s’étendant sur 10.000 à 16.000 ans. Durant cette période, le site a donc dû connaître des variations du niveau de la mer, alternant des moments où il était sur la côte et d’autres où il se trouvait sous une faible profondeur d’eau.
Curieusement, les squelettes de
cétacés mis au jour, par leurs positions et leur état, indiquent une mort en mer mais un séjour post-mortem sur le
sable. Ils sont parfois groupés, comme ces deux adultes flanqués d’un jeune. Pourquoi quatre périodes d’accumulations de cadavres se sont-elles produites ? Et pourquoi les squelettes sont-ils si bien conservés ?
Un squelette de rorqual excellemment conservé, au Chili. Des blooms d'algues toxiquesDans une publication parue dans les
Pnas, l’équipe de paléontologues (
Brésil, Chili, États-Unis) explique tout. Les coupables sont des
algues toxiques, connues pour causer la mort de cétacés. Sous forme de blooms, elles auraient empoisonné les animaux qui sont passés par là. Les corps, emportés par les courants, sont venus s’échouer dans cette baie peu profonde au moment des
marées hautes puis ont été abandonnés par la mer, les protégeant des charognards marins. Le
climat, déjà sec, a rapidement fossilisé ces cadavres dans une région où, affirment les auteurs sur le site de
Cerro Ballena, il y avait peu de charognards terrestres.
Puisque ces blooms algaux surviennent volontiers dans les zones d’
upwelling (remontée d’eau profonde qui enrichit en minéraux les eaux de surface), les auteurs suggèrent d’inspecter plus activement des sites le long des côtes où il en survient. Des fossiles bien conservés de
mammifères marins nous y attendent peut-être.
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