CAMBODGE. Menace sur les villages flottants du plus grand lac d'Asie du sud-estDes générations de pêcheurs cambodgiens ont vécu dans les villages flottants du Tonlé Sap. Mais la raréfaction du poisson pousse les jeunes à mettre pied à terre, menaçant un mode de vie ancestral.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]RARÉFACTION. À trois heures de route de
Phnom Penh,
Chhnork Trou est un village flottant caractéristique
du Tonlé Sap, une vaste langue d'eau nourrie par
les eaux du Mékong. Le hameau a son école, son dentiste, son salon de coiffure et sa clinique. Les habitants de
Chhnork Trou - comme de la majorité des centaines de milliers de villageois dont la vie tourne autour du lac - sont des pêcheurs et des pisciculteurs, qui n'imaginent pas la vie à terre.
Les habitants des villages flottants veulent mettre pied à terre"La vie dans les villages flottants, c'est bien mieux", assure à l'AFP le pêcheur
Sok Bunlim, 62 ans, né dans ce village où tout le monde, jusqu'aux vendeurs de légumes ambulants, se déplace en barques ou, aujourd'hui, en petit bateau à moteur.
Hélas, les poissons se font de plus en plus rares.
"Si nous devons aller sur la terre ferme, que vais-je faire ? Je ne sais pas planter du riz, je ne sais pas labourer", confie
Sok Bunlim.
Le Tonlé Sap offre un moyen de subsistance à plus d'un million d'habitants vivant sur ou à proximité du grand lac, qui compte 149 espèces de poissons, selon
la Commission régionale du Mékong (MRC).PHYSIONOMIE. Selon cet organisme intergouvernemental rassemblant Cambodge, Laos, Thaïlande et Vietnam, entre la saison sèche et celle des pluies, la physionomie du lac change du tout au tout, passant de 3.500 km
2 à son plus bas (avec environ 0,5 m de profondeur en avril) à 14.500 km
2 (et jusqu'à 9 mètres de fond en septembre et octobre).
Des variations de niveaux extrêmes qui supposent l'organisation de la migration de ces maisons flottantes au fil de l'eau. Mais, avec la raréfaction des poissons dans le lac, nombre des habitants se décident à partir.
"Je ne prends pas assez de poisson et l'argent ne suffit pas", déplore
Yorng Sarath, jeune pêcheur de 25 ans, qui confirme remonter de moins en moins de prises dans ses filets.
"Quand le vent est calme, j'attrape environ cinq kilos de poissons par jour. Quand le vent est violent, seulement un kilo", explique ce père de deux enfants qui tente d'épargner afin de
"partir tenter sa chance à terre".Responsables, la densification de la population et la construction de barrages sur le Mékong ?Pas moins de 400 familles ont quitté Chhnork Trou ces deux dernières années, soit un cinquième de la population du village, selon son chef, Samrith Pheng. "Autrefois il y avait beaucoup de poissons, le gens pouvaient en vivre. Mais les stocks de poissons déclinent. Si nous étions sur la terre ferme, nous pourrions cultiver des légumes alors qu'ici, nous devons tout acheter", confirme le chef du village.
"Les plus jeunes, comme mes enfants, veulent aller vivre sur la terre ferme, parce qu'ils ont reçu une éducation, ils en savent plus, alors ils en veulent plus", témoigne lui aussi
Sok Bunlim.Le lac fournit entre 200.000 et 218.000 tonnes de poisson par an, ce qui représente près de la moitié des poissons pêchés en eau douce au
Cambodge, selon une estimation de 2006 citée par
la MRC. Aucune donnée récente sur l'ampleur de la raréfaction du poisson dans le lac n'est disponible.
SCEPTICISME. Les défenseurs de l'environnement pointent du doigt la densification de la population et
la construction de barrages sur le Mékong. Afin de tenter d'inverser la tendance, le gouvernement cambodgien a interdit la pêche industrielle sur le lac, une victoire pour les petits pêcheurs.
Mais la pêche illégale, parfois avec recours à l'électricité, reste un problème majeur.
"Au regard de l'ampleur des infractions à la réglementation de la pêche aujourd'hui, nous ne nous attendons pas à ce que les stocks de poissons se reconstituent", se dit, sceptique,
Om Sovath, directeur à
Phnom Penh de
l'ONG Fisheries Action Coalition Team (FACT).[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Au Cambodge, l'exode menace les villages flottants du Tonlé Sap[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] par [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (vidéo)