le.cricket Admin
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| Sujet: Le nettoyage des océans de Boyan Slat n’est-il qu’une belle utopie ? Par Jean-Luc Goudet Sam 12 Juil - 20:56 | |
| Le nettoyage des océans de Boyan Slat n’est-il qu’une belle utopie ?Il est jeune, il est séduisant, il est Hollandais. Son idée de débarrasser les océans des déchets plastiques en installant un entonnoir géant dans le Pacifique fait rêver et son financement progresse. Le projet est-il seulement réalisable ? Probablement pas, répondent, parfois gênés, les connaisseurs du domaine. « Une fausse bonne idée » est l’expression la plus souvent entendue.Le projet de Boyan Slat consiste à poser un barrage flottant fixe par rapport au fond pour profiter du courant. Les débris flottants seraient alors poussés par le courant jusqu'au collecteur central et l'ensemble fonctionnerait sans intervention humaine.Son idée défraie la chronique. Le jeune Hollandais, du haut de ses 19 ans et de son enthousiasme communiquant, séduit avec son projet de collecte géante des déchets de matières plastiques flottant dans la gyre de l’océan Pacifique, le fameux « continent de plastique ». L’ambitieuse aventure a déjà récolté plus de 1 million de dollars, soit plus de la moitié de ce que l’initiateur demande. Boyan Slat, depuis plusieurs années, travaille très sérieusement sur son projet, qui n’a rien d’une plaisanterie. « J’ai de la sympathie pour lui, témoigne Isabelle Autissier, navigatrice, présidente de la branche française du WWF… et marraine de Futura-Sciences. Je l’ai rencontré. Il est vraiment convaincu par son projet. »L’idée, détaillée sur le site du projet, Ocean CleanUp et dans un rapport téléchargeable, consiste à installer un barrage en surface là où il y a du courant. Si l’engin est fixe par rapport au fond, alors les déchets plastiques viendront s’y accumuler sans qu’il y ait besoin de consommer de l’énergie. Boyan Slat voit grand : s on barrage serait constitué d’une très longue bouée de section cylindrique, portant des plaques de quelques mètres de hauteur, et formant une structure en « V » s’étendant sur une centaine de kilomètres. Au centre de ce « V », un engin automatique et alimenté en électricité par énergie solaire récupérerait les morceaux de plastique, les séparant de l’eau par centrifugation. Autonome, cette machine géante ne serait visitée que tous les six mois pour vider le conteneur. Le schéma de principe. Le barrage flottant est placé dans un gyre, c'est-à-dire une vaste région de l'océan où les courants sont grossièrement circulaires. Le boudin porte des plaques qui arrêtent les corps solides sur les premiers mètres sous la surface. La force du courant accumule les déchets flottants au centre du V, où un système automatique les fait tomber dans un conteneur.Des techniques à mettre au pointSi elle en était restée là, l’idée serait seulement originale mais l’étudiant persévérant lève des fonds et poursuit son projet. Des essais ont été effectués pour vérifier comment le système fait le tri entre le plastique et les organismes vivants, plancton mais aussi poissons et autres cétacés. Pourtant, si beau qu’il soit, le concept a du mal à passer chez les scientifiques qui, en général, l’estiment irréalisable. Personne, par exemple, n’a encore pu faire fonctionner en haute mer un système quelconque sans l’entretenir régulièrement. Sans des interventions incessantes, les plateformes pétrolières finiraient par partir en miettes. L’ancrage au fond de cette bouée géante serait aussi une première car, à cet endroit du Pacifique, les fonds sont à environ 4.000 m et on ne sait pas réaliser pareil mouillage. « Pour maintenir une structure de 50 miles de long, poursuit Isabelle Autissier, forte de ses innombrables périples transocéaniques, il faudra des gardes. L’océan n’est pas vide ! Il y a beaucoup de navires… Et il faudra démontrer que l'ouvrage résiste vraiment au mauvais temps. »Une collecte effectuée par le voilier Tara qui servira à quantifier les déchets de plastique et leur granulométrie. On ignore encore assez largement les concentrations, les masses et les incidences sur les organismes vivants de ces polluants apparus récemment dans l'océan mondial.Un nettoyage limité aux déchets les plus grosLes critiques n’empêchent pas le projet d’avancer, cependant. « Il y a un vrai engouement des médias » témoigne Cristina Barreau, de l’association Surf Rider, qui conduit de nombreuses actions en faveur de la protection de l’environnement marin. Son directeur général, Stéphane Latxague, a exprimé ses réserves dans le blog de l’association. Pour lui, le projet illustre « une nouvelle forme d’occupation des médias », avec « une idée simple – plus concept marketing que vraie réponse à une difficulté – formatée pour plaire au public, une ʺinformation-produitʺ facilement ʺconsommableʺ et diffusable ».L’efficacité est en effet problématique. D’ailleurs, Boyan Slat le reconnaît lui-même et estime à 140 tonnes de déchets par an la quantité qu’un tel barrage pourrait récupérer. Ce qui est négligeable. « Les pêcheurs se débarrassent de 160.000 tonnes d’engins de pêche usagés chaque année, et l’Europe, à elle seule, produit 25 millions de tonnes de plastique par an, rappelle Isabelle Autissier. Ce projet coûterait des sommes colossales, qui pourraient être mieux utilisées pour d’autres actions, par exemple pour réduire les quantités de plastique déversées dans l’océan. Pourquoi pas, par exemple, payer les pêcheurs pour qu’ils ramènent à terre leurs engins de pêche inutilisables ? » La navigatrice, qui se souvient avoir nettoyé une plage déserte dans les îles Malouines, au milieu de l’Atlantique sud, couverte de déchets amenés par les courants, émet une autre idée : pourquoi ne pas investir dans le nettoyage de ces immenses barrages naturels que sont les côtes et qui se montrent très efficaces pour capter les déchets flottants ? « Techniquement, des progrès restent à faire et le projet ne pourra pas être mis en œuvre avant 15 ans, ajoute Cristina Barreau. Il ne pourra donc pas être très utile. » Par ailleurs, le projet ne concerne que les macrodéchets, ceux qui sont bien visibles. Or, le vrai problème est celui des microdéchets, après la fracturation en minuscules particules qui sont ingérées par le plancton puis par toute la chaîne trophique. Une accumulation dont on ignore les effets mais qui n’est sans doute pas bénéfique pour les organismes vivants. Des chercheurs étudient actuellement cette question, comme ceux de l’expédition Tara Méditerranée. Romain Troublé, son secrétaire général, n’aime guère l’idée de l’étudiant hollandais, la trouvant inefficace, comme il nous le confiait en réagissant à la publication d’un rapport international sur l’océan mondial. Gilles Broise, membre de l’expédition 7e continent, résume le sentiment général : « la démarche est très bonne mais il ne faut pas dire que c’est LA solution ». Le véritable enjeu est de réduire drastiquement les rejets à la mer, tout le monde s’accorde sur le sujet, même Boyan Slat. Reste l’idée, le rêve et la parole qui est donnée à celles et ceux qui parlent de cette pollution. « Si tous les jeunes de 19 ans étaient aussi enthousiastes pour défendre l’environnement, ce serait formidable ! » conclut Isabelle Autissier.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] _________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]le.cricket vous salue bien ! | |
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