Une vue aérienne d'une plage de Pointe Lay, en Alaska, où 35.000 morses se sont rassemblés, le 27 septembre 2014.
SPECTACULAIRE.C'est une impressionnante observation qu'ont effectué les biologistes de l'United States Geological Survey (USGS), une agence américaine spécialisée dans les sciences de la Terre. Samedi 27 septembre 2014, les chercheurs ont observé par voie aérienne près de Point Lay un incroyable rassemblement de près de 35.000 animaux parmi lesquels des mâles, des femelles et des petits. Ce nombre n'est pour l'instant qu'une estimation visuelle et il devrait être affiné dans les jours qui viennent par les experts de l'USGS et de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Et ce n'est pas une première, comme l'attestent ces images tournées, dans la même zone, en 2011.
Un comportement inhabituel... mais qui devient de plus en plus fréquent
"Habituellement, les rassemblements de morses le long des côtes ne comptent que quelques centaines ou quelques milliers d'individus. Principalement des mâles d'ailleurs, puisque chez cette espèce de morse du Pacifique, il y a une ségrégation entre les mâles et les femelles durant l'été" explique à Sciences et Avenir Isabelle Charrier, chargée de recherche au Centre de Neurosciences Paris Sud (CNPS), et co-auteur d'un documentaire intitulé "À la poursuite des morses".
"Normalement, après la saison des amours, les femelles migrent au nord, dans la mer des Tchouktches pour donner naissance à leurs petits. Les eaux y sont en effet peu profondes (du fait de la présence d'un plateau continental) et leur nourriture (des mollusques principalement) y est abondante. Et comme les morses ne sont pas de très bons plongeurs, la présence de blocs de glace leur permet de se reposer entre deux immersions, tout en demeurant sur leur lieu d'alimentation" explique la chercheuse.
SIXIÈME. Mais depuis moins d'une dizaine d'années, le réchauffement climatique a changé la donne. "Ce spectacle des grands rassemblements de morses est devenu trop commun : c'est la sixième fois en 8 ans qu'il se produit" chiffre l'USGS sur son site. Chaque année, les glaces se retirent un peu plus loin dans la mer des Tchouktches. "De ce fait, pour maintenir leurs indispensables plages de repos entre deux séances de plongée à la recherche de nourriture, les animaux n'ont d'autre choix que de migrer vers les rivages des côtes", précise l'USGS. D'autres espèces concernées
D'où ces grands rassemblements où se concentrent des dizaines de milliers d'individus... pour leur plus grand malheur. "En effet, la concentration d'individus est telle que s'il se produit un mouvement de panique (provoqué par l'arrivée d'un prédateur, d'un chasseur ou le survol d'un avion à basse altitude), les individus les plus jeunes courent le risque de se faire écraser" déplore Isabelle Charrier. Et il n'y a pas que les morses qui sont concernés. Megan Ferguson, spécialiste de la surveillance aérienne des mammifères marins pour l'agence américaine océanographique et atmosphérique (NOAA) a également noté que davantage d'ours bruns avaient été remarqués au même endroit et qu'en revanche, des baleines grises qui étaient présentes dans les environs jusque dans les années 90, avaient disparu, "signe d'un changement de l'environnement arctique".
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
35.000 morses sur une plage d'Alaska ! Par Erwan Lecomte