Traumatisés par la guerre et la mort, ces réfugiés mettent en scène leur douloureux passé dans un film d’horreur ! Par Precila Rambhunjun
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dunemars1 Admin
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Sujet: Traumatisés par la guerre et la mort, ces réfugiés mettent en scène leur douloureux passé dans un film d’horreur ! Par Precila Rambhunjun Mar 22 Sep - 20:46
Traumatisés par la guerre et la mort, ces réfugiés mettent en scène leur douloureux passé dans un film d’horreur !
“The Mysterious Dream” est un petit film original avec une histoire bien à lui. En effet, ce projet cinématographique a été pensé et réalisé entièrement par des réfugiés congolais. Inspirés par les nombreux traumatismes de leur vie passée, ces jeunes ont créé de toutes pièces un film de zombies, avec l’aide du contenu de l’Ideas Box, une médiathèque incroyable mise à leur disposition pour changer leur vie.
L’Ideas Box : quand la culture aide les réfugiés
L’Ideas Box est un dispositif innovant créé par le designer Philippe Starck, et mis en place par Bibliothèques Sans Frontières. Le concept est simple : mettre à la disposition de ceux qui n’ont plus rien, un accès à l’information, à l’éducation et à la culture. Ainsi, elles ont d’abord trouvé leur place en France, dans des collectivités locales, puis dans le monde entier. Il s’agit d’une véritable médiathèque en kit, qui permet d’apprendre, de se connecter, de jouer et de créer. Les Ideas Box fonctionnent toutes sur plusieurs principes fondamentaux. Il s’agit tout d’abord d’un contenu modulable à chaque type de populations qu’elles peuvent aider : normalisées pour s’adapter à chaque situation d’urgence. Le dispositif est simple à transporter et peut donc être facilement déployé sur le terrain. Il est aussi très simple à manipuler, pour être utilisé efficacement sans une formation trop longue. Et enfin, l’Ideas Box reste très peu coûteuse en énergie, pour s’adapter partout.
Son contenu est donc adapté à chaque situation, selon le besoin administratif, informatique ou culturel (comme le cinéma ou la bibliothèque). Il y a donc 15 tablettes tactiles avec connexion internet, 50 liseuses, 5000 e-books, 250 livres, plusieurs modules d’apprentissage sans besoin de connexion internet, un écran muni de 100 films, des jeux vidéo et de société, 3 GPS, 5 caméras HD…
The Mysterious Dream pour lutter contre les démons du passé de réfugiés
« Quand on a tout perdu, quand on n’a plus rien, la seule chose qu’on ne peut pas vous enlever c’est le rêve », dit Philippe Starck, en résumant ainsi la situation de millions de réfugiés. En effet, chaque année des milliers de personnes se retrouvent dans des situations d’urgence fuyant les atrocités de la guerre, de leur pays, de leur passé. C’est le cas d’Alain Bulambo qui a rejoint, avec sa mère, un camp de réfugiés au Burundi. Originaire de la République démocratique du Congo, il a voulu échapper aux horreurs et aux violences mais a très vite pris conscience qu’il est très difficile d’effacer ces cicatrices. Il a vu beaucoup de violence, des morts, des viols… des choses inoubliables et marquées en lui à jamais. Mais comment surmonter malgré tout ces traumatismes et aller de l’avant ? Avec son ami Adamo Samwel, ils ont réuni un collectif de 8 personnes, et ont créé Peace Forever. Ensemble, ils ont commencé à brainstormer sur comment se confronter à leurs « vieux démons », comme l’explique Bulambo depuis Kavumu, à The Verge.
Ils ont ainsi commencé par de petits projets puis ils se sont très vite dirigés vers la création d’un film grâce à l’Ideas Box, et son contenu multimédia (logiciel de montage et caméras). Ces personnes n’avaient, pour la plupart, jamais tenu une caméra entre les mains, ni même vu un film. Ainsi, le projet Mysterious Dream prenait vie ! Ce petit film de 15 minutes met en scène leurs plus noirs souvenirs à travers des zombies. A la fin, ce ne sont pas les zombies qui sont exorcisés, mais le personnage principal qui finit par être terrorisé. Le film veut bien montrer que « les morts ne sont jamais morts ». Comme ils le disent eux-mêmes, « tu peux échapper à la guerre, mais tu sais que quand tu pars, ils te poursuivre encore ». « Chaque chose que nous avons faite au Congo me revient tout le temps », explique l’acteur principal. Dans le film, vous pouvez ainsi retrouver comme de véritables stars en herbe, Peter Bushobozi, Yvan Mukamba, Bernadette Ambale, Samwel Adamo, Delphin Masumbe, Freddy Ntantundi, Amusu Tumaini, Nadia Irankunda, Alain Bulambo, et bien sûr des équipes techniques avec comme caméraman, Bruno Nshangalume et en tant qu’assistante de production, Sophie Aït Belaïd, qui viennent compléter Peace Forever.
Même s’ils admettent ne jamais avoir vu de films de zombies, le groupe a fait un travail remarquable pour tenter d’exorciser leurs propres démons. En effet, les visages peints des zombies rappellent le clip Thriller de Michael Jackson, et toutes les marques d’un film de zombies sont là. Dans le camp de réfugiés, la violence persiste et ce film permet à la fois d’extérioriser ses violences mais aussi de se confronter à ses traumatismes. C’est de la « cinéthérapie ». Aujourd’hui, dans le camp, beaucoup n’ont plus rien, ni famille, ni but dans la vie, ils ne savent plus qui ils sont, ni qui ils veulent être. Le film les aide alors à reconstruire leur identité.
Peace Forever travaille déjà sur son prochain film, à propos du choléra. Ils comptent inclure 9 femmes à leur collectif, dont une jeune femme de 19 ans qui les a déjà rejoints, ayant perdu toute sa famille, tuée au Congo. Alain explique enfin qu’il n’est « pas capable d’échapper à son passé », « il doit vivre avec chaque jour ».
Une idée incroyable pour faire face au passé douloureux de ces réfugiés. Ce film est un véritable symbole pour ces nombreuses personnes qui tentent à tout prix de surmonter des traumatismes. Si vous voulez en savoir plus sur les projets de Bibliothèques Sans Frontières, qui a permis à ces Congolais de créer leur propre film, rendez-vous sur leur site web.
Trouvez-vous que ce film reflète la situation des migrants ou croyez-vous que les auteurs de ce court métrage auraient pu aller encore plus loin ?
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