Hightech & Jeux vidéos : Test Alpha Protocol
Alpha Protocol : succombez à son double jeuUne approche toute en furtivité et doigtéJamais un jeu n'aura autant réussi à vous impliquer et à vous plonger au coeur d'une palpitante intrigue d'espionnage. Car il ne faut pas se tromper :
Alpha Protocol n'est pas un bête jeu d'action-infiltration teinté d'éléments de jeu de rôle. C'est avant tout une superbe histoire dans laquelle on se sent véritablement le héros, qu'on fait évoluer à notre guise, selon des voies qui nous sont propres.
Un jeu sorti sur
Xbox 360, PS3 et PC. Nous l'avons testé sur cette dernière plateforme.
Il se trouve à partir de 50 euros.
Le jeu dont vous êtes vraiment le héros
Là c'est le héros qu'on incarne : Mike ThorntonL'histoire proprement dite commence dans la lignée de la série 24h. Agent secret, vous êtes envoyé au Moyen Orient pour empêcher la vente de bombes à un groupe terroriste, du moins jusqu'à ce que votre agence vous trahisse.
Pour la suite, on vous laisse la surprise, surtout que l'histoire va réellement changer selon votre manière de jouer.
Chaque information glanée, que ce soit par la lecture attentive des dossiers à votre disposition ou par votre faculté à comprendre vos interlocuteurs et à leur parler comme il faut, vont avoir une incidence et pourront bouleverser l'histoire,
transformer une maîtresse sexy en ennemie sanglante, un fidèle allié en cible d'assassinat.Des informations et du stress : le nerf de l'aventureUn exemple de dialogue : on a quelques secondes pour déterminer ce que l'on fait, selon nos informationsLes informations sont de deux ordres : sur les organisations, et sur les individus. On les trouve en piratant des ordinateurs, plaçant des lignes écoutes, on les achète, les extorque. Ces données vous débloquent des possibilités en mission et au cours des dialogues.
Ceux-ci sont loin d'être un simple intermède cinématographique, et c'est l'un des points forts du jeu.
Il faut, en un temps réduit, faire des choix déterminants : mentir, coopérer, draguer... C'est là que se déterminera la position d'un
PNJ crucial à votre égard. Et on regrette a posteriori beaucoup de ses choix, mais impossible de revenir en arrière... Sans
QuickSave, on assume.
Mais qui est Jack Thornton ? Ne soyez jamais manichéen, adaptez vos approches, voyez plutôt : la versatilité est une qualité dans ce jeuJeu de rôle oblige, on choisit brièvement au début du jeu le parcours et l'orientation de son héros :
plutôt technicien, furtif, soldat... En passant des niveaux, on fait évoluer quelques lignes de capacités, qui permettent une meilleure maîtrise de ses outils de prédilections (discrétion, pistolet, mains nues, hacking...) et quelques compétences actives. Des choix évidemment déterminants lors des missions.
A ce sujet, il faut accepter quelques entorses au réalisme : qu'on rate des tirs, même en visant parfaitement, avec une arme qu'on ne maîtrise pas, ou qu'on puisse devenir temporairement invisible...
Les missions : variétés des approchesUn garde et une caméra de surveillance : comment passer ?Les missions sont très variées : dialogues, recherche d'informations, assassinats, espionnage pur... Mais surtout
c'est la variété des méthodes qui séduit. On peut remplir ses objectifs (à par les boss et les assassinats) sans verser une goutte de sang, ou à l'inverse, si l'on est un adepte du fusil à pompe, en empilant les cadavres.
Il est également important de récolter des informations sur vos missions, pour obtenir des objectifs annexes ou encore comment désactiver simplement les caméras de sécurité...
Une fois encore on vous conjure d'éviter le mode facile, pour ne pas pouvoir traverser les niveaux en dézinguant tout, sans réfléchir.
De l'action, infiltration et IA
En voilà un qui va se réveiller avec mal au crâneC'est là que les premières critiques du jeu fusent. Un peu comme dans un
Mass Effect,
il faut accepter que les caractéristiques du héros influent sur le gameplay. Cela n'en fait pas un mauvais jeu d'action mais la maniabilité est moins fluide qu'un
Splinter Cell. Le réalisme du jeu est un peu biaisé. Les gadgets sont nombreux et drôles, et comme on les achète, on n'en abuse pas.
Un mot de l'IA, excellente en combat (position, contournement, grenade...), mais qui connaît quelques bugs de couverture. Il est important de comprendre à qui on a affaire : un mafieux en gilet pare-balle et armé d'un pompe n'agira pas pareil qu'un simili-ninja.
La technique : une sacrée casserole graphiqueRien n'est vraiment beau, à l'exception des visages, ce qui sauve les meublesLe jeu est bien loin d'atteindre la qualité graphique des
blockbusters du moment. Les animations ne sont pas non plus terribles. Mais grâce à
l'Unreal Engine 3, les visages et animations faciales sont réussies. Et heureusement, car
de nombreuses informations sur vos interlocuteurs passent par leurs expressions du visage et leurs intonations. Les doublages anglais et bruitages sont corrects, même si avouons-le, c'est clairement l'écriture qui emporte le tout. Les allergiques à la lecture peuvent finir le jeu, mais ils n'en appréhenderont pas le le quart de la moitié du tiers.
Verdict : c'est un jeu d'auteur.Obsidian a fait le pari du scénario, de l'écriture, et on les remercie Malgré des graphismes dépassés et un gameplay parfois un peu rigide, on aime énormément
Alpha Protocol. Tout simplement car
l'aventure qu'on y vit dépasse de loin, en qualité, la série des 24h, les James Bond et autres Missions Impossibles. Des dialogues aux mails et dossiers, tout et bien écrit et tour à tour drôle, grivois, sérieux... Les personnages sont à l'avenant, attachants, charmants, bien construits. C'est un jeu d'auteur. Ajoutons également qu'il est très agréable de ne pas être pris dans un dualisme manichéen, que le pragmatisme et la manipulation priment pour s'en sortir.
Un jeu à faire et à refaire.
Source : le Journal du Net