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| Sujet: Supervolcan : une menace grandissante d'éruption à Naples, vraiment ? Par Laurent Sacco Sam 24 Déc - 21:01 | |
| Supervolcan : une menace grandissante d'éruption à Naples, vraiment ?Depuis une quarantaine d'années, les champs Phlégréens tout proches du Vésuve font régulièrement l'objet d'annonces inquiétantes. Il s'agit d'un supervolcan qui mérite, certes, d'être soigneusement et constamment surveillé car il menace une importante population. Mais il reste difficile de dire s'il est actuellement en route, ou non, vers une nouvelle éruption.Interview : sommes-nous menacés par les supervolcans ? On nomme supervolcans les volcans capables de faire une éruption exceptionnellement massive et dévastatrice. Leur intensité varie mais est suffisante pour créer des dommages à l’échelle continentale. Futura-Sciences a rencontré Jacques-Marie Bardintzeff, docteur en volcanologie, afin d’en savoir plus sur ces dangereux volcans. Il aurait été intéressant de savoir ce qu'aurait pensé et dit Haroun Tazieff, s'il était encore parmi nous, de la récente publication dans Nature Communications d'une équipe de volcanologues italiens et français. Elle concerne une modélisation d'un des mécanismes d'éruptions possibles. Cet article technique a attiré l'attention des médias parce qu'il semblait indiquer une augmentation des risques volcaniques associés à un supervolcan mythique, celui de la caldeira des Campi Flegrei, plus connus sous le nom de champs Phlégréens.La caldeira est située tout près de la ville de Naples et du Vésuve et étant donné la densité de population importante, les chercheurs estiment qu'au moins un demi-million de personnes seraient menacées par une reprise importante de l'activité de ce volcan. Des signes avant-coureurs d'éruptions dans les Campi Flegrei sont donc particulièrement inquiétants s'ils sont réels, même s'il ne s'agit pas d'une super-éruption (la toute dernière, très modeste, remonte au 29 septembre 1538 à l'est du lac d'Averno et a donné naissance au Monte Nuovo). Alors, faut-il vraiment s'angoisser ?[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En millimètres, les variations d'altitudes dans la ville de Pouzzoles depuis 1968. On constate deux épisodes importants qui avaient inquiété des volcanologues de l'époque. © 2016 Osservatorio Vesuviano, Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia
La réponse est difficile à donner et les auteurs de l'article de Nature reconnaissent eux-mêmes qu'il reste impossible de dire, d'une part si l'on va vraiment s'acheminer vers une nouvelle éruption, et d'autre part, sur quelle échelle de temps. On peut néanmoins se convaincre de la justesse de leur prudence en consultant le site l'Institut national de géophysique et de volcanologie (en italien : Istituto Nazionale Geofisica e Vulcanologia, INGV). Les géophysiciens, géochimistes et volcanologues italiens surveillent bien évidemment depuis longtemps les champs Phlégréens.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un zoom sur la courbe précédente et qui montre que de 1985 à 2011, le sol s'était abaissé, ce qui tendrait plutôt à indiquer une diminution des risques d'éruptions, mais sans le démontrer. © 2016 Osservatorio Vesuviano, Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia
Des variations de la hauteur du sol à Pouzzoles difficiles à interpréter On peut voir deux épisodes particulièrement spectaculaires de soulèvement de plus d'un mètre cinquante, à chaque fois, de la région au début des années 1970 et 1980, cumulant au total presque 3,5 m en 1985. On constate ensuite une déflation lente mais constante accompagnée de petits épisodes de gonflements. Ces mouvements du sol peuvent être interprétés comme un réapprovisionnement en magma du supervolcan, ce qui pourrait donc indiquer une éruption imminente. Mais si tel et bien le cas, la déflation de presque un mètre depuis les années 1980 serait plutôt rassurante.Reste que depuis 2012, les chercheurs constatent à nouveau une reprise du gonflement de la caldeira, avec une accélération du phénomène. Mais au total, il ne s'agit que d'environ 40 cm. Il a été observé aussi que les fumerolles dans la région sont plus chaudes et que le taux de CO2 par rapport à celui d'H2O a augmenté, ce qui va dans le sens d'une dépressurisation du magma avec libération de plus de gaz carbonique, à la façon d'une bouteille d'eau gazeuse débouchée. Il n'est toutefois pas évident d'en conclure que l'on se rapproche vraiment d'une éruption.Il n'en reste pas moins que deux volcans, celui de Rabaul en Nouvelle-Guinée et de Sierra Negra dans les îles Galapagos, sont entrés en éruption après avoir gonflé à un rythme similaire à celui observé ces dernières années dans la région des Campi Flegrei, selon l'un des auteurs de l'article de Nature, Giovanni Chiodini. Surtout, lui et ses collègues ont établi l'existence d'une pression critique de dégazage (critical degassing pressure, ou CDP en anglais) conduisant à une brusque libération de vapeur d'eau lorsque du magma est en interaction avec des roches dans une région parcourue par des fluides hydrothermaux. Cette libération peut conduire à une éruption.Or, selon les chercheurs, il se pourrait que le magma sous les champs Phlégréens ne soit plus très loin de cette pression critique. Mais pour l'instant, ils ne peuvent rien dire de plus.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] _________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] | |
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