Des coulées de lave pourraient s’être produites sur Vénus il y a quelques années seulement. Cette possible découverte est prise très au sérieux par la célèbre planétologue Rosaly Lopes qui étudie les volcans du Système solaire, comme l’a expliqué à Futura la chercheuse du Jet Propulsion Laboratory.
À quand des missions équivalentes aux sondes Venera russes pour nous montrer des éruptions vénusiennes en direct ? On doit la découverte de l’atmosphère de Vénus au polymathe russe Mikhaïl Vassilievitch Lomonossov lorsqu’il fit l’observation de son transit devant le Soleil en 1761 depuis l’observatoire de Saint-Pétersbourg. Son existence était déduite de la mise en évidence d’un effet de réfraction de la lumière solaire à ce moment-là qui ne pouvait s’expliquer que par la présence d’une épaisse atmosphère… pour le malheur des astronomes et des planétologues. Il fallut en effet attendre le début des années 1960 pour que des informations sur sa surface soient enfin obtenues à l’aide d’ondes radar capables de percer cette atmosphère. Ce sont encore les Russes qui vont fournir les premières images de la surface de Vénus grâce au légendaire génie et talent de leurs ingénieurs, à l’occasion en particulier des missions Venera 9, 10, 13 et 14. Mattias Malmer a produit des images en VR d’un des atterrisseurs de ces missions à partir des images qu’elles ont prises, qui n’ont malheureusement pas résisté longtemps aux conditions infernales de la surface de Vénus. Les images montraient clairement des sols volcaniques. Cette conclusion n’a été que renforcée par la première cartographie radar complète à relativement haute résolution de l’étoile du Berger dressée à l’aide de la sonde Magellan de la Nasa, à partir de 1990 et pendant les quelques années de sa mission qui a pris fin en 1994. Depuis, les spéculations vont bon train quant à savoir si les structures incontestablement de type volcaniques mises en évidence et étudiées, de vastes plaines de lave, des champs de petits dômes de lave et des grands volcans boucliers en abondance, sont encore le lieu d’éruptions volcaniques. Il y a en effet peu de cratères d’impact, ce qui suggère que toutes ces structures de surface sont récentes d’un point de vue géologique. Elles devraient être âgées de moins de 800 millions d’années. Or justement, une équipe de géologues et de planétologues vient de publier un article dans Science Advances qui apporte des éléments supplémentaires en faveur de la thèse de ceux qui pensent que de la lave coule toujours aujourd’hui encore sur la surface de Vénus, ou pour le moins que des éruptions se sont produites il y a quelques années seulement. Mais comment les chercheurs sont-ils arrivés aujourd’hui à cette conclusion que des volcans crachaient très probablement encore de la lave sur Vénus ?
Une présentation de la mission Venera D projetée par l’agence spatiale russe Roscosmos ⇓
L’olivine s’altère rapidement sur Vénus Comme Futura l’expliquait dans un des précédents articles ci-dessous, il y a environ 10 ans, la sonde Venus Express avait révélé que le sommet de Idunn Mons, qui ressemble à un édifice volcanique, était anormalement chaud. Les images montraient de plus des structures laissant penser qu’il pouvait s’agir de coulées de lave encore en train de refroidir, mais l’absence de détails montrant l’œuvre de l’érosion permettait seulement d’en conclure qu’elles s’étaient mises en place il y a moins de 2,5 millions d’années. Une observation apparaît aujourd’hui comme capitale. Les instruments de la sonde de l’ESA avaient montré qu’au somment de Idunn Mons on pouvait détecter la présence d’un minéral bien connu sur Terre dans certaines roches volcaniques, de l’olivine. Or, les expériences qu’ont menées les chercheurs sur la vitesse d’altération de ce minéral en laboratoire, mais qui ne reproduisaient pas directement l’atmosphère vénusienne dominée par du CO2 avec les traces de soufre, le tout à des températures de l’ordre de 460 °C et des pressions de 92 bars, ont tout de même montré indirectement que dans ces conditions, l’olivine se transformait complètement en d’autres oxydes de fer, à savoir la magnétite (Fe3O4) et l’hématite (Fe2O3), et ce en quelques années tout au plus. Clairement, il est difficile, en l’état actuel des recherches, d’échapper à la conclusion que si les instruments de Venus Express voyaient encore de l’olivine au sommet de Idunn Mons, c’est que l’on était bien en présence de coulées de basaltes, qui se sont mises en place tout au plus quelques années également avant les mesures de la sonde européenne. Cette conclusion est renforcée lorsque l’on se souvient que des pointes épisodiques de dioxyde de soufre dans l’atmosphère de vénus ont été mesurées respectivement par les sondes Pioneer Venus Orbiter (1984) et Venus Express. Des telles pointes s’expliquent bien par l’occurrence d’importantes éruptions volcaniques. Si tel est le cas, Vénus et la Terre, et bien sûr la lune Io de Jupiter, montreraient une fois de plus que le volcanisme actif est un phénomène important pour bien des planètes dans le Système solaire. Cela donne à rêver du spectacle qu’il est peut-être possible à des volcanologues de contempler à la surface de Vénus, qui est bien plus marquée par le volcanisme que la Terre. Mais à quel point peut-on prendre au sérieux l’article publié aujourd’hui ?
Une collection d’images prises par les sondes Venera de la surface de Vénus. :copyright: Soviet Space Program ⇓
Des volcans actifs partout dans le Système solaire ? Pour le savoir, Futura a demandé l’avis de la célèbre planétologue et volcanologue de la Nasa Rosaly Lopes. En tant que membre de la mission Galileo autour de Jupiter, elle a été responsable des observations en infrarouge de sa lune volcanique, Io, de 1996 à 2001, y découvrant 71 volcans actifs, un record pour un volcanologue. Elle a rejoint ensuite la mission Cassini pour étudier en particulier la géologie et l’habitabilité potentielle de Titan. On lui doit plusieurs livres sur les volcans dont un préfacé par Arthur Clarke. Une nouvelle mission russe qui, peut-être, sera menée conjointement avec la Nasa, est justement envisagée depuis un certain temps. Mais elle est encore dans les cartons. Son nom est Venera D. À la base, cette mission se propose de faire à nouveau atterrir une sonde sur Vénus, mais avec un temps de vie que l’on espère beaucoup plus long, à savoir des jours, voire des semaines, au lieu de quelques heures (le D fait d’ailleurs référence à un mot russe, « dolgozhivushaya » phonétiquement, qui signifie « longue vie »).
Un documentaire russe sur les missions Venera 9 et 10 (VOSTF) ⇓
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & Futura Sciences
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Vénus : de la lave coulerait toujours de ses volcans (vidéo) By Jack35