Sciences & Environnement : Le maïs OGM MON 810 de nouveau interdit sur le territoire français[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Monsanto et le gouvernement français : le match continue
Habitué des désillusions dans l’Hexagone, Monsanto
avait repris du poil de la bête à la suite du verdict du Conseil d’État, qui en fin d’année dernière avait emboîté le pas de la Cour européenne de Justice en jugeant illégal le moratoire fixé par le gouvernement sur son maïs transgénique MON 810. Les autorités françaises, qui n’avaient depuis eu de cesse de réitérer leur opposition à l’endroit dudit maïs OGM, sont toutefois parvenues à se redonner un peu d’air.La célèbre multinationale américaine a de nouveau la tête dans le
sac, et sans doute n’est-il pas incongru de se demander si, à terme, vu le scepticisme que suscitent les OGM en Europe (
exception faite de l’Espagne, où ils sont devenus monnaie courante) et son refus de vendre du maïs transgénique dans nos frontières cette année, elle finira par suivre l’exemple du géant allemand de la chimie
BASF, qui en janvier dernier s’est résolu à renoncer à ses desseins transgéniques sur le Vieux Continent. Remontés comme des pendules,
les militants anti-OGM
ont de leur côté exercé une pression constante sur le gouvernement, le sommant d’interdire le MON 810 dans les plus brefs délais.
Paris, avec sans doute des arrières-pensées électorales, avait de toute façon réaffirmé son désaccord avec les vues de la Commission européenne.
Le feuilleton devrait connaître d’autres rebondissements et on voit mal les pro-OGM abandonner le combat, mais ces derniers ont perdu une nouvelle bataille importante avec
la publication hier au Journal officiel d’un arrêté ministériel« visant à interdire temporairement la culture du maïs MON 810 sur le territoire national afin de protéger l’environnement », rapporte un communiqué de presse édité par le gouvernement. Une « mesure conservatoire » décidée conjointement par les services de Matignon, lesquels ont « absorbé » les prérogatives du ministère de l’Écologie à la suite de la désignation de Nathalie Kosciusko-Morizet au poste de porte-parole de campagne du président-candidat Nicolas Sarkozy, et le ministère de l’Agriculture juste avant la période de semailles, conformément à ce qu’avait annoncé la maire de Longjumeau (Essonne) fin janvier.
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Une décision « fragile et tardive »
Preuve que les choses pourraient ne pas en rester là,
« la Commission a informé les autorités françaises qu’elle avait saisi l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (AESA) », a relaté le gouvernement, qui a toutefois souligné que Bruxelles
« n’envisageait pas de prendre de mesure d’urgence dans l’attente de l’avis (de cette dernière) ». Par ailleurs, si la culture est de nouveau interdite, la consommation, elle, demeure autorisée.
L’AESA, qui le 20 février dernier a reçu de Paris quinze pages de
documents scientifiques destinés à légitimer le moratoire français, a jusqu’au printemps pour les analyser. D’après une source proche du dossier mentionnée par nos confrères de l’
AFP, il est probable qu’elle ne souscrive pas aux arguments scientifiques français et demande à l’Hexagone de retirer sa clause. Une issue souhaitée par
Initiatives biotechnologies végétales (IBV), l’interprofession des semenciers, qui s’est dite
« consternée » par la décision du gouvernement, jugée
« sans fondement » et assimilée à
« un rejet pur et simple de l’innovation agricole (accentuant) la dissension de concurrence au sein de l’Union Européenne (UE) ». De son côté,
Greenpeace a appelé sur son site Internet à la
« prudence »,« car cette décision tardive et fragile n’a
peut-être pas empêché la semaille précoce d’OGM en France au cours des semaines passées ». « En effet, depuis novembre 2011 – date à laquelle le Conseil d’État a annulé
le moratoire sur la culture de MON 810 – et jusqu’à aujourd’hui, tout agriculteur désirant semer du maïs OGM en avait légalement le droit. Personne ne peut donc garantir que certains exploitants français favorables aux OGM n’aient profité de la période du début des semailles pour semer du maïs OGM », a expliqué l’ONG, qui s’est également demandée
«
combien de temps durera le montage juridique français » et a enjoint le prochain président de la République à
« s’engager en faveur d’une interdiction solide et durable des OGM en France ». Comptons sur elle pour ne pas se laisser endormir et le lui rappeler régulièrement.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]