Au Sri-Lanka, sur la piste du léopard [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Léopard à Yala, Sri Lanka.Bien souvent, le Sri Lanka est associé à la guerre civile qui a opposé la majorité cinghalaise du pays aux Tigres Tamouls. Mais depuis 2009, la paix est revenue sur l'île. Si les richesses culturelles du Sri Lanka ne sont plus à démontrer, rares sont ceux qui en explorent les parcs nationaux. Ils hébergent pourtant la plus forte concentration de léopards au monde, des animaux difficiles à observer...
Reportage photo ici : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]L'aube se lève doucement sur le barrage qui borde le
parc national. La fraîcheur du matin transit les membres encore engourdis par la courte nuit. La jeep file à vive allure, dépassant un troupeau de buffles : la faune n'attend pas les paresseux, il faut se lever tôt. Par chance, la pluie s'est arrêtée la veille au soir, laissant de grandes flaques derrière elles. Une aubaine pour les animaux du
sanctuaire d'Udawalawe.Le parc national d'Udawalawe se situe à 165 kilomètres au sud-est de
Colombo, la capitale du
Sri Lanka : quatre heures de route pour une voiture privée, huit heures pour ceux
qui préfèrent les transports locaux… Les quelque 30.820 hectares de réserve naturelle sont protégés par l'Etat depuis le 30 juin 1972.
C'est la richesse de la faune qui en fait un lieu unique : 94 espèces de plantes, 21 poissons, 12 amphibiens, 184 oiseaux, et 43 mammifères peuplent ce parc constitué de marais et de prairies autour du lac formé par le barrage sur la rivière Walawe.
Udawalawe, un royaume pour les éléphants Une fois arrivé sur place, il n'y a ainsi pas besoin d'attendre bien
longtemps pour voir le roi du parc. Il se tient là, face à la voiture, campé sur la terre ocre.
L'éléphant semble furieux. A bonne distance, il racle le sol du pied gauche, tel un taureau prêt à charger. Le guide prévient : c'est son territoire, pas la peine de forcer le passage, mieux vaut attendre que le pachyderme s'en aille doucement.
La force de l'animal est perceptible, son regard
est concentré sur l'intrus. Au bout d'un moment, il quitte la piste et se dirige sur le talus proche. De là haut, il gratte le sol de sa
trompe, projetant de la terre sur la voiture. Il est alors temps de
passer doucement son chemin mais la rencontre a été saisissante.Le parc compte près de 250 éléphants qui résident de façon permanente dans le périmètre de la réserve.
Avec eux, des cerfs sambar, des buffles d'eau, des chacals, des mangoustes et même de très rares léopards. Les gardiens du parc interdisent aux touristes la descente de leur véhicule : rien ne doit être laissé au sol, l'impact de la présence humaine est
scrupuleusement surveillé. De même le quota de véhicules entrant dans le parc est limité. Les lueurs du levant atteignent les cimes des arbres et la sérénité d
'Udawalawe n'est brisée que par le cri du calao, majestueux dans le ciel. La balade aura été riche en découvertes, mais ce n'est pas encore ici que le léopard fera son apparition.
Yala, là où le tsunami s'est retiréVillage après village, on s'éloigne d
'Udawalawe. Le bus roule à 20 km/h de moyenne, la chaleur est étouffante, les sourires francs et radieux.
Tissamaharama, la route s'arrête. On est aux portes du
parc national de Yala, le royaume du
léopard. La réserve héberge la plus forte densité de ce félin au monde. C'est le parc le plus visité du
Sri Lanka, le second en taille avec ses 979 kilomètres carrés.
Si l'on est prêt à y mettre le prix, l'entrée au parc n'est pas compliquée. A nouveau, la jeep est l'unique moyen de pénétrer les deux zones ouvertes au public (sur cinq) tant les rangers patrouillent les lieux à la recherche de touristes égarés.
Outre son impressionnante biodiversité, la réserve de Yala est connue pour avoir subi de plein fouet le tsunami de 2004. La vague qui a atteint six mètres de haut a tué 250 personnes, guides, touristes, riverains. Dans le parc, les dégâts ont été importants :
l'inondation s'est propagée jusqu'à 1.500 mètres à l'intérieur des
terres, modifiant considérablement le paysage. Des animaux qui ont senti l'arrivée de la catastrophe Mais le plus surprenant, c'est l'absence totale d'animaux morts :
"j'ai vu les animaux partir dans les terres, les éléphants s'enfoncer dans laforêt, loin des côtes. Je suis un guide expérimenté, j'ai senti qu'il se passait quelque chose. J'ai averti ceux que je croisais et je les ai suivis. Des guides, plus jeunes, n'ont pas senti la vague venir. Ils ont été emportés…", raconte Suresh, ému, notre guide. Certains reportages supposaient que les animaux auraient un sixième sens, leur permettant d'anticiper les catastrophes. Une étude a révélé que leur comportement était en fait lié à la perception sensorielle immédiate d'indices quant à l'arrivée du tsunami.
La mangrove borde les marais. Au loin, des buffles d'eau pataugent dans de grands étangs, au milieux des aigrettes et d'autres échassiers. Ici un chacal disparait sous un arbre, là un paon déploie ses plumes en un ballet qui se veut enchanteur pour ses courtisanes. Et au bout de trois heures de traque à
la jumelle, au moment où l'espoir fuit l'esprit, une tache colorée
s'agite dans les taillis. "
C'est un jeune mâle" nous signale le guide. Le
léopard, est en équilibre sur un tronc. Il domine
les buissons et son regard balaie la surface, en quête d'une proie. Quelques secondes furtives pour le photographier et l'élégant félin part à la chasse. On ne le reverra pas, malgré de longues minutes à scruter les buissons...
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