LPO. Protéger les oiseaux, c'est nous protéger[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Rapaces, cigognes, flamants roses : ces grands oiseaux qui
ont failli disparaître se portent mieux. D'autres espèces plus
communes, comme le moineau ou l'hirondelle, sont à présent menacées.
Entretien avec Philippe Dubois. Ornithologue, responsable des programmes oiseaux et changement climatique à la Ligue de protection des oiseaux. Comment se portent les oiseaux, en France ?On recense 550 espèces. Avant la loi de 1976 sur la protection de la
nature, la situation des rapaces ¯ vautour, aigle, faucon,
busard... ¯ était très délicate. Considérés comme nuisibles, ils
souffraient de la chasse, du piégeage, de l'emploi de pesticides comme
le DDT. Il restait 200 couples de faucons pèlerins, contre 1500
aujourd'hui. Autre espèce symbolique, la cigogne blanche : neuf couples
en 1974, 1 500 aujourd'hui. Ces espèces emblématiques ¯ grands rapaces,
cigogne, flamant rose en Camargue, fou de Bassan en Bretagne ¯ ont
bénéficié, à partir des années 1970, d'une réelle protection : création
de réserves, interdiction de la chasse, abandon du DDT, réintroduction
d'oiseaux.
D'autres oiseaux sont en difficulté...Au milieu des années 1990, le Muséum d'histoire naturelle a mis en
place un suivi des oiseaux communs. Le moineau domestique, que l'on
voyait partout, a disparu de certaines grandes villes. Entre 1989
et 2009, la population d'hirondelles de fenêtre a diminué de 40 %. Les
causes sont connues : la disparition des insectes en ville et les
ravalements d'immeubles qui éradiquent les nids. À la campagne,
alouettes et perdrix souffrent aussi. Leurs habitats (marais,
prairies...) se rétrécissent. Les pesticides tuent les insectes, les
oiseaux ne trouvent plus de nourriture.
Quels sont les effets du changement climatique ?Avec la hausse des températures, des espèces comme la mésange
boréale, qui aiment les milieux frais, remontent vers le Nord et
quittent la France. D'autres, sédentaires, ont avancé leur période de
reproduction pour rester synchronisés avec le pic d'émergence des
insectes qui survient plus tôt dans l'année (les adultes nourrissent les
jeunes d'insectes).
Au contraire, les migrateurs, par exemple le gobe-mouches noir, qui
passent l'hiver en Afrique et reviennent nicher au printemps, à la même
date, arrivent après le pic d'insectes. D'où une mortalité accrue. Et
puis, il y a des oiseaux auxquels le changement climatique est
bénéfique. Les oies cendrées, qui nichent en Suède et hivernaient en
Espagne, ont tendance à hiverner en France, voire aux Pays-Bas. Elles
migrent moins loin, reviennent plus tôt et ont une période de
reproduction plus longue.
Pourquoi se préoccuper de la santé des oiseaux ?Ils jouent un rôle de propagateurs de graines, très important pour
l'ensemencement des forêts, et de prédateurs sur les insectes. Ces
« sentinelles » nous donnent une information précieuse sur la santé de
notre planète, sur l'endroit où l'on vit, ce que l'on mange. En les
protégeant, on protège les milieux, on se protège soi-même.
Recueilli par Serge POIROT.
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