Richard III : L’ADN va révéler si le "roi du parking" est bien Richard III

RICHARD III : L’ADN va révéler si le "roi du parking" est bien Richard III



Squelette de Richard III : tranchée sur le site de fouilles à Leicester.

Un squelette déterré sous un parking municipal de Leicester
pourrait appartenir au roi Richard III, mort en l'an de grâce 1485. Seul l’ADN d’un menuisier qui vient de découvrir qu’il était l’actuel descendant de la famille royale permettra de faire la lumière sur cette affaire.

Une affaire hors du commun agite les débats des historiens. Deux
points ne souffrent aucune controverse : Richard III a péri les armes à la main à la bataille de Bosworth Field, à proximité de Leicester et son décès a mis fin à "la guerre des deux roses" (rose blanche, symbole des York, contre rose rouge, emblème des Lancaster). En revanche, les points de vue divergent concernant les méfaits réels ou supposés du dernier roi Plantagenêt. Autre sujet de discorde entre les spécialistes : l'endroit approprié pour la dernière sépulture du monarque.

Bien que, d’après la rumeur, sa dépouille ait été jetée à la rivière
Soar, divers écrits attestent que le roi reposait dans la chapelle de moines franciscains, rasée au XVIe siècle. Pour en avoir le cœur net, armés de solides convictions, d'un plan moyenâgeux marquant l'emplacement de la chapelle et d'une pelleteuse, des experts du département d'archéologie de l'université de Leicester ont attaqué le macadam d'un parking du centre-ville, fin août.

Début septembre, ils ont ainsi découvert le cadavre bien conservé d'un homme à la colonne vertébrale déformée, la pointe d'une flèche encore plantée à hauteur des vertèbres et le crâne fendu par un objet tranchant. "Les blessures s'apparentent aux coups mortels infligés sur un champ de bataille, compatibles avec ce que nous savons du destin de Richard", a indiqué à l'AFP Jo Appleby, assistante en bio-archéologie humaine. On
sait par ailleurs que le disparu était frappé de scoliose.

Le descendant d'un tyran bossu ?

Pourtant, "on n'est pas sûr à 100% qu'il s'agisse bien du roi" souligne Richard Buckley, codirecteur du département archéologique. "C'est un candidat très sérieux, mais il convient d'attendre le résultats d'ADN" prélevé sur des dents et un fémur. Mais à quoi ou à qui comparer l’ADN qui sera récolté ? A Michael Ibsen, un paisible menuisier londonien d'origine canadienne qui a appris, en 2007, à 50 ans, qu'il descendait
de la sœur de Richard III, Anne d'York. L’homme ne sait pas trop à quoi s’en tenir.

"Franchement, on préfère être apparenté à quelqu'un de célèbre pour ses bienfaits, plutôt qu'à un meurtrier barbare, si l'on en croit Shakespeare" ! Car le célèbre dramaturge a immortalisé Richard III sous les traits d'un tyran bossu ayant notamment fait tuer deux neveux qui l’empêchaient d’accéder au trône
d'Angleterre. Mais M. Ibsen, le dernier neveu en date, ne craint plus rien 17 générations plus tard.

Avec humour, il a confié à la BBC : "Au moins, quand je sors déjeuner à Archway [un quartier de Londres] personne n'essaye de me décapiter".

Cette affaire est une occasion inespérée pour les 3.500 adhérents de la société des amis de Richard III. Ils y voient l'opportunité de réhabiliter leur héros, dénigré par "la propagande des Tudors" dont se serait inspirée Shakespeare. "La vérité est plus forte que le mensonge", assure le duc de Gloucester, président de l'amicale qui conteste la thèse du double assassinat.

Une inhumation qui dérangerait Elizabeth II

Selon lui, le monarque n'était ni plus ni moins violent que son époque, il défendait les pauvres et favorisait la diffusion des écrits. De son côté, le professeur d'histoire médiévale à l'université de Winchester, Michael Hicks, soupçonne les sociétaires de vouloir réécrire l'histoire "avec des vues extrêmes et romantiques". Ainsi, Richard III continue à poser des problèmes 527 ans après sa mort. En effet, le Times assure qu'Elizabeth II verrait d'un mauvais œil l'éventuel transfert de
sa dépouille en l'abbaye de Westminster, où reposent nombre de
monarques.

C’est dans cette abbaye que figure, depuis 1764, une plaque présentant le dernier Plantagenêt comme un usurpateur aux mains souillées de sang. Conscients du problème, les amis de Richard III s'accommoderaient d'une inhumation en la cathédrale de Leicester, si le "roi du parking" est celui qu'on croit.


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