La gestion de l’eau : un défi pour la Jordanie[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Quand il évoque la Jordanie, le voyageur songe à la magie de la fabuleuse cité Nabatéenne de Petra au petit matin, aux couleurs et aux formes si particulières des roches du
Wadi Rum, et aux eaux uniques au monde de la Mer Morte. Enivré par l’appel du muezzin qui résonne au cœur des villes, entrainé par l’hospitalité débordante des autochtones,
aveuglé par la beauté des vallées et des canyons qui jalonnent le pays, le voyageur est alors aisément distrait d’une question pourtant vitale pour la population, la rareté de l’eau.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La Jordanie se place parmi les pays du monde les plus pauvres en eau, avec des ressources disponibles de seulement 160m
3/an/hab. selon l’
Agence Française de Développement. A ces ressources rares, et pour la plupart partagées avec les pays frontaliers (
le Jourdain et le
Yarmouk sont en grande partie exploités par la
Syrie et
Israël), s’ajoute une redistribution discutable (près des deux tiers des ressources sont utilisées pour l’agriculture qui ne représente que 3% du
PIB), et une croissance démographique importante à laquelle ont contribué les afflux de réfugiés Palestiniens, Irakiens, et plus récemment Syriens.
Le déficit en eau est comblé par la surexploitation des aquifères et des cours d’eau, qui risque de mener à leur disparition. Face à cette problématique, les instances Jordaniennes ont lancé un vaste programme à l’horizon 2022, et le pays a l’appui des institutions internationales.
Les actions engagées visent à encourager la diversification des activités vers des cultures moins gourmandes en eau, à améliorer les techniques d’irrigation ou à accroître l’utilisation d’eaux traitées.
Deux projets ambitieux et controversés ont également été lancés.
Le pompage de la nappe fossile de Disi dans le Sud du pays, partagée avec l’Arabie Saoudite ; une solution à court terme mais à durée de vie limitée. Et la construction d’un canal entre la mer rouge et la mer
morte qui permettrait de relever le niveau de celle-ci et de fournir, grâce au dénivelé (la mer morte se situe à une altitude de – 417m), l’énergie nécessaire à une usine de dessalement.Même si le tourisme ne représente qu’une faible part dans la
consommation d’eau du pays (1%), les gigantesques piscines de certains complexes hôteliers autour de la mer morte forment une tâche bleue quelque peu choquante dans cet environnement aride.
L’écoulement confortable de la douche après une journée à arpenter les grès colorés des vallées de Petra, masque au voyageur la gravité de la situation, car si la plupart des Jordaniens ont accès à l’eau courante, l’approvisionnement reste intermittent. Ci-dessous, deux exemples de lieux à visiter pour prendre conscience de cette problématique et
soutenir les actions engagées par la
RSCN, la Royal Society for Conservation of Nature, qui œuvre pour la préservation du patrimoine environnemental de la Jordanie.-
Azraq Wetland Reserve :Cette oasis dans l’est désertique du pays a longtemps été un point névralgique des routes commerçantes pour l’
Arabie Saoudite, l’Irak, et
la Syrie, ainsi qu’un lieu de passage pour des millions d’oiseaux migrateurs entre l’Afrique et l’Europe.
Aujourd’hui, presque tous les oiseaux ont disparu (
350000 dénombrés en 1967 contre 1200 en 2000).
L’oasis, qui était encore un marais paradisiaque pour de nombreuses espèces au début du XX
ème siècle, a été vidée de son sang progressivement. En 1965, 4 millions de mètres cubes était pompés vers Irbid et Zarqa, en 1980, 15 millions de mètres cubes alimentaient également Amman, et malgré les protestations de
la RSCN et l’approbation par le gouvernement d’une limite de 20 millions de mètres cubes par an,le pompage a continué à augmenter pour atteindre 39 millions de mètres cubes en 1991.
En 1992, ce pompage excessif vers les villes du bassin
d’Amman et l’utilisation illégale de l’eau pour l’agriculture a entrainé l’assèchement complet des sources alimentant les 25 km² de marais.
Depuis, la
RSCN a engagé un plan de sauvetage et rétabli ce qui se résume aujourd’hui à une large mare. Mais malgré ses efforts, le pompage excessif continu.
Infos pratiques : On accède à la réserve depuis le village d’
Azraq, à une centaine de kilomètres à l’Est de la capitale. Le droit d’entrée va en soutien à la
RSCN pour la préservation de la réserve. Un petit musée très explicite évoque le problème de l’eau en
Jordanie et un parcours
sur des pontons permet d’observer les oiseaux et les buffles d’eau récemment réintroduits.
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Dead Sea Panoramic Complex :Ce musée, géré par la
RSCN et installé en surplomb à 600m au-dessus de l’eau, aborde les origines, le rôle, et les perspectives de la mer morte. Et sans changement de cap radical, celles-ci ne sont pas brillantes. La surface de la mer morte est passée de 950km
2 à 640km
2en cinquante ans.
Le détournement de ses affluents pour les besoins en
eau du pays, notamment du Jourdain qui est réduit à un filet d’eau de quelques mètres de large, fait baisser le niveau d’un mètre tous les ans.
A ce rythme, la mer morte pourrait disparaître en 2050.
De plus, la croûte de sel déposée sur les rivages asséchés est entrainée vers les eaux douces souterraines, ce qui provoque des effondrements en surface de plusieurs mètres de diamètre, appelés dolines.
Infos pratiques: On accède au complexe par la route qui longe
la mer morte ou depuis
Madaba (bien indiqué). Le complexe comprend le musée, un restaurant, une table d’orientation et un petit sentier qui longe la falaise pour profiter du panorama sur la mer morte et
la Cisjordanie.
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