L’avenir de l’océan, c’est maintenant ! Par Sylvie Rouat
Auteur
Message
dunemars1 Admin
Messages : 6856 Date d'inscription : 02/03/2015 Age : 72
Sujet: L’avenir de l’océan, c’est maintenant ! Par Sylvie Rouat Ven 12 Juin - 18:12
L’avenir de l’océan, c’est maintenant !
Vital pour notre écosystème, le milieu marin, dont les mécanismes ne sont pas encore tous connus, est de plus en plus menacé par les activités humaines. Une conférence, dont Sciences & Avenir était partenaire, réunissait à Paris des spécialistes du monde entier pour alerter sur l’urgence de sa protection.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Fonds marins en Polynésie française. (Manu San Felix/The Pew Charitable Trusts)
CLIMAT. Le bel amphithéâtre de bois de la Maison des Océans, à Paris, a réuni le 9 juin 2015 des chercheurs du monde entier pour discuter du futur de notre océan (What is the future of our ocean ?). De fait, à l'aune du réchauffement climatique, il n'y a plus des océans, mais bien un seul océan connecté qui va se transformer rapidement dans les prochaines décennies. L'objectif de cette conférence, au lendemain de la Journée mondiale de l'océan organisée à l'Unesco, était de donner plus longuement la parole à des spécialistes étrangers, invités à mettre en avant une problématique scientifique, à ouvrir de nouvelles voies de recherche océanographique. Tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire que l'océan joue un rôle capital dans la machine climatique terrestre, qu'il forme un couple indissociable avec l'atmosphère. Le problème, c'est que nous sommes encore loin de comprendre cet élément clé, qui couvre 71 % de la surface de notre planète, absorbe plus de 25 % du CO2 émis chaque année par l'homme dans l'atmosphère et fournit plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons.
TEMPÉRATURE.Et tout d'abord, comment l'océan gère-t-il l'énergie fournie par le rayonnement solaire ? C'est la question qui taraude l'Américain Paul Falkowski, directeur du Rutgers Energy Institute à l'université du New Jersey. En chaleur, logiquement. Certes, on a observé une augmentation des températures dans les couches supérieures de l'océan depuis plusieurs décennies. Mais l'étude des sédiments océaniques a révélé des périodes de changements abrupts de température au cours de l'holocène. L'un de ces basculements, qui s'est produit il y a environ 55 millions d'années, caractérisé par l'injection massive de carbone dans l'atmosphère, a conduit à une élévation forte et à long terme des températures dans les profondeurs océaniques. Cependant aucun de ces épisodes passés ne s'est accompagné d'extinctions de masse ou de désoxygénation à long terme de vastes zones comme on l'observe depuis un siècle environ dans tous les océans et sur nos côtes.
Que se passe-t-il de différent aujourd'hui ? L'énergie emmagasinée par les océans est le moteur des interactions entre l'océan et le climat, mais on ne comprend pas comment elle est convertie. C'est un phénomène complexe, qui a des conséquences sur le transfert d'azote, de sulfures, de carbone, etc., autant d'éléments fondamentaux que l'on trouve dans la matière inanimée et vivante. Et s'il n'y avait que la chaleur… Comment les organismes et les milieux vont-ils réagir à l'accumulation des différents stress (acidification, perte d'oxygène) ? Toutes ces questions s'imposent comme des défis aux scientifiques.
ELDORADO. L'océan, c'est aussi un grand magasin pour l'humanité. On y trouve de la nourriture, via la pêche, du pétrole, des minéraux (cuivre, or, platine, sulfures, etc.), du méthane via le dégazage de certains écosystèmes… Un immense eldorado potentiel pour l'industrie. Et un jeu potentiellement dangereux pour l'humanité. Car personne ne sait quelles seront les conséquences de la remobilisation de fonds marins qui ont mis des millénaires à se stabiliser, d'écosystèmes qui vont être annihilés. « Il y a un impératif grandissant à temporiser entre la demande immédiate de ressources et les besoins des générations futures », alerte Lisa Levin, directrice du Centre pour la biodiversité marine de l'université de Californie à San Diego (États-Unis).
Plongée à Palau : des merveilles à préserver.
PÊCHE.Que faire ? Sanctuariser des zones maritimes, multiplier les aires marines protégées, propose Dan Laffoley, conseiller en science marine et conservation à l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Une solution plébiscitée par nombre de chercheurs. C'est bénéfique pour la pêche, par exemple, comme l'explique Charles Sheppard, professeur à l'université de Warwick (Royaume-Uni). "Un poisson femelle de 1 kg produit 1000 œufs par an là où celui de 10 kg en produit 2 millions. Un gros poisson vaut plus en termes de fécondité que 100 petites femelles. Or les règles imposées aux pêcheries visent systématiquement à réduire la capture de juvéniles au détriment des gros adultes". Si effectivement, c'est d'un meilleur rapport au kilo sur les marchés, cela exacerbe les problèmes de renouvellement de stocks. Stocks que l'on connaît mal, comme l'a fait remarquer Philippe Cury. Le chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) appelle à développer une meilleure modélisation des stocks de poissons et à faire coïncider résultats scientifiques et décisions politiques.
Pitcairn, la plus grande réserve marine mondiale.
Citation :
Les aires marines protégées sont en quelque sorte des infrastructures naturelles pour la recherche "Les aires marines protégées sont en quelque sorte des infrastructures naturelles pour la recherche, souligne Françoise Gaill, directrice de recherche émérite au CNRS et l'une des fondatrices de la plateforme Ocean et Climat, qui co-organisait la conférence avec l'université de recherche Paris Sciences et Lettres et l'ONG The Pew Charitable Trusts. Ce sont des laboratoires d'étude pour le biomimétisme et toutes expériences basées sur la nature. La Méditerranée pourrait ainsi être un extraordinaire terrain de recherche pour les scientifiques. On pourrait y créer des aires marines protégées à échelle humaine, dans le golfe du Lyon, par exemple". Et de conclure : "Plutôt que d'attendre de comprendre pour agir, hâtons-nous d'agir pour comprendre".
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
L’avenir de l’océan, c’est maintenant ! Par Sylvie Rouat