Ceatec : on a testé la 3D sans lunette qui décoiffe... encore inaccessible
Au Ceatec, le centre de recherches
NICT présentait cette semaine les fruits de ses récents travaux en
matière d'affichage 3D sans lunette. Le résultat constitue sans nul
doute l'expérience de relief à l'oeil nu la plus convaincante qu'il nous
ait jamais été donné de voir. Les chances d'en profiter un jour chez
soit sont toutefois bien minces, tant le dispositif se révèle complexe.Notre couverture assidue des salons de la planète high-tech nous a
permis de tester bon nombre de prototypes de TV 3D sans lunettes et,
force est de le constater, le résultat ne s'est pour l'instant jamais
révélé à la hauteur de nos attentes, même si l'on constate d'indéniables
progrès année après année. Le problème ne viendrait-il pas du fait que
les fabricants sont d'abord guidés par un objectif de faisabilité
commerciale ?
Le NICT (National Institute of Information and Communications Technology)
raisonne en termes différents. Pour ses ingénieurs, l'objectif est en
effet d'atteindre le rendu le plus efficace possible, quels que soient
les moyens à mettre en oeuvre, pour ensuite réfléchir à la
démocratisation des technologies ainsi conçues. Autrement dit, il s'agit
d'attaquer le problème par le haut plutôt que par le bas, avant de
chercher comment adapter les procédés ainsi découverts aux réalités du
marché. Une fois vécue la démonstration présentée lors du
Ceatec, le
bien fondé de la démarche ne fait plus guère de doute.
Derrière de grands rideaux noirs se cache ainsi un écran de quelque 5
mètres de diagonale (200 pouces), sur lequel le visiteur du salon voit
pendant quelques minutes des scènes en relief, élaborées à partir de
modèles 3D, se succéder : structures tridimensionnelles de boules
d'acier, manège pour enfants ou voiture de course, la démonstration est à
chaque fois d'une efficacité sans faille, avec un réel effet de
profondeur doublé d'un jaillissement prononcé. Arrive ensuite un requin
dont on a l'impression qu'il perce vraiment l'écran pour venir se
rapprocher du spectateur.
La démonstration ne fait aucune surenchère, bien loin des scènes qu'on
trouve parfois dans les cinémas relief des parcs d'attraction : il ne
s'agit pas ici de provoquer des sensations fortes ou d'impressionner,
mais bien d'offrir un rendu réaliste. Le jaillissement se borne donc aux
proportions nécessaires à la création d'une véritable profondeur dans
l'image.
L'effet est d'autant plus probant qu'en se déplaçant dans le léger arc
de cercle permis par les barrières qui jouxtent l'espace réservé aux
spectateurs, on ne perd jamais ni l'effet de relief, ni le sentiment de
netteté associé. La marge de manoeuvre est réduite (l'espace fait
environ 1,5m de large), mais elle suffit à créer un confort et un
réalisme bien supérieur à celui que procurent toutes les dalles 3D sans
lunettes actuelles.
Quel que soit le modèle (Alioscopy, Toshiba, Sony, etc.), les TV 3D
glass less actuelles requièrent en effet que le spectateur soit placé selon un axe
bien précis pour profiter de l'image relief. S'il en sort, l'image se
dédouble instantanément et l'effet de relief disparait. Cette contrainte
est inhérente au procédé utilisé pour créer l'illusion du relief. Ces
TV 3D reposent sur un système de lentilles apposées à la surface de
l'écran, qui se chargent d'aiguiller les rayons lumineux destinés à
chacun des deux yeux. Cette « parallaxe » offre généralement jusqu'à
neuf angles de vision différents, ce qui permet de profiter de l'effet
3D tant que l'on se situe bien dans l'un des neuf axes associés.
La technologie du NICT se révèle à la fois plus contraignante et plus
permissive : un seul angle de vision est proposé, mais celui-ci offre
une certaine flexibilité à l'utilisateur, qui y gagne la possibilité de
se déplacer légèrement par rapport à l'objet projeté sans jamais perdre
le sentiment du relief.
Une cinquantaine de projecteursPour parvenir à un tel résultat, les ingénieurs n'ont pas fait les
choses à moitié. La projection est en effet assurée par plus de
cinquante (50 !) projecteurs montés en batterie. Pourquoi un si grand
nombre ? Interrogés par nos soins, ils expliquent avoir cherché à
minimiser les désagréments de la parallaxe en augmentant le nombre de
points de vue proposés. Sur les quelques degrés d'arc de marge que
laisse l'écran, on a donc en réalité plus de 50 positions permettant de
profiter du relief, si rapprochées qu'on passe de l'une à l'autre sans
ressentir la moindre gêne.
Multiplier les sources lumineuses ne pouvait cependant pas suffire.
Réfléchis par une surface plane, les rayons sont en effet susceptibles
de se croiser, ou de se chevaucher, entrainant alors un inconfort visuel
ou une dégradation du rendu. Chaque projecteur a donc été modifié,
adapté, pour délivrer la juste quantité de lumière dans la bonne
direction afin que l'ensemble fonctionne de façon harmonieuse. La
surface sur laquelle est projetée l'image est également traitée avec un
revêtement permettant de maitriser finement la façon dont les rayons
sont réfléchis. Observé depuis l'extérieur de la zone de vision
conseillée, l'écran ne retourne d'ailleurs quasiment aucune image.
Fort de ce premier prototype plus que probant, le NICT dit maintenant
vouloir explorer deux directions. La première consiste à passer la
surmultipliée : ajouter encore des projecteurs (potentiellement jusqu'à
200 !) pour pouvoir élargir l'arc dans lequel l'effet 3D est sensible
tout en augmentant de façon significative la taille de l'écran. La
technologie pourrait ainsi donner naissance à des dispositifs de 3D sans
lunette à destination des entreprises ou de l'événementiel. La seconde
piste dirigera quant à elle vers le grand public, avec la réduction du
nombre de projecteurs impliqués, pour parvenir à proposer des
projecteurs qu'un jour, sans doute, le grand public pourra s'offrir,
mais ça n'est sans doute pas pour demain.
Source : Clubic.com