Les paysans Français disparaissent dans l’indifférence : un autre modèle est possible ! By Mrmondialisation
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le.cricket Admin
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Sujet: Les paysans Français disparaissent dans l’indifférence : un autre modèle est possible ! By Mrmondialisation Mer 13 Déc - 20:04
Les paysans Français disparaissent dans l’indifférence : un autre modèle est possible !
En France, 200 fermes disparaissent par semaine au profit de grands groupes industriels, menaçant directement la souveraineté alimentaire du pays, mais aussi l’avenir de l’agriculture en général. L’association SOL (Alternatives Agroécologiques et Solidaires) entend résister en promouvant un modèle agricole sain, à taille humaine et en proposant des formations à l’intention de ceux qui souhaitent se convertir au métier de paysan.
SOL est une association de solidarité internationale créée en 1980 pour « replacer l’homme au cœur de son environnement », une démarche alimentée par « la protection des ressources et de la biodiversité ainsi que la sécurité et la souveraineté alimentaire ». Avec le projet intitulé « Biofermes » entamé il y a 18 mois, SOL souhaite soutenir une agriculture « plus saine, plus humaine, productive et respectueuse de l’environnement ». Le projet est mené de manière conjointe avec les acteurs locaux dans trois pays, en Inde au Sénégal et en France, avec le soutien d’autres organismes engagés comme Intelligence Verte et la ferme de Sainte Marthe ainsi que des personnalités comme Vandana Shiva et Pierre Rabhi.
Crédit photo : SOL
Multiplier les formations pour démultiplier les petites fermes Pour atteindre ces objectifs, SOL organise des formations de manière conjointe avec la Ferme Sainte Marthe. Ces derniers mois, plus de 100 personnes ont pu suivre un cursus de 50 jours à l’occasion duquel les participants ont pu se former aux bases de l’agroécologie. Dans le même temps SOL souhaite continuer à s’intégrer au réseau d’acteurs existants et contribuer à tisser les solidarités et l’entraide paysannes au niveau national et international en développant les nouveaux outils de l’autonomie locale comme les projets de préservation des semences anciennes adaptées au milieu de culture. Alors que des dispositifs similaires doivent désormais prendre place au Sénégal et en Inde, SOL a lancé un crowdfunding pour pouvoir poursuivre cet engagement dans le temps et participer à la généralisation de ces nouvelles pratiques agricoles. « L’agriculture paysanne est une nécessité » nous explique Axelle Nawrot, chargée de communication au sein de l’association, aussi bien « d’un point de vue environnemental, social et économique ». « Pour que l’on vive mieux demain », il faudrait donc se tourner vers la polyculture et les circuits courts, le tout dans une perspective de redynamisation locale des territoires, tout en s’extrayant des logiques concurrentielles. L’objectif est de défendre les agriculteurs qui, dans le modèle d’aujourd’hui, sont poussés à s’installer sur des surfaces de plus en plus grandes et perdent leur indépendance au profit des industries de l’agro-alimentaire. Sept « micro-fermes », dont le Bec Hellouin, sont déjà rentrées en résistance en ayant intégré le réseau initié par SOL.
Crédit photo : SOL
Une agriculture en crise « L’intérêt du projet est de créer du lien entre les personnes qui souhaitent devenir paysan et ceux qui sont déjà intégrés au milieu » commente Axelle Nawrot, qui insiste également sur la dimension sociétale de la problématique. Selon elle, il est urgent d’agir, alors que d’après les projections de l’association SOL, 45% des paysans vont disparaître en France d’ici 2020 (par rapport à 2005). L’industrialisation de l’agriculture est l’une des principales cause du phénomène, alimenté dans le même temps par la standardisation des cultures, l’accaparement des terres et la dépendance croissante des paysans aux pesticides et au pétrole. La crise se manifeste de manière criante en France alors que les agriculteurs restants peinent à vivre de leurs activités (et ce malgré des exploitations qui font plusieurs dizaines d’hectares et dont la taille croît) et un taux de suicide au sein de la profession qui ne cesse d’inquiéter. Ce sombre bilan est devenu pour beaucoup le vecteur d’une critique globale du système agricole industriel. Pour ces personnes, dont certaines figures de proue sont bien connues, comme Vandana Shiva en Inde ou la ferme du Bec Hellouin en France, le libéralisme économique appliqué à l’agriculture a conduit à un nivellement par le bas du secteur. Cette analyse doit être le point de départ pour développer un nouveau modèle agricole, inspiré par les fermes de petites tailles.
Crédit photo : SOL
Redonner une dimension humaine à l’agriculture Le mouvement peut sembler disparate, éclaté entre les appellations administratives comme « agriculture biologique » (un mode de culture qui revêt des réalités économiques très variées) et des mouvements qui se défendent non seulement de vouloir produire autrement, mais qui essayent également de promouvoir leur cause en alimentant le débat avec une réflexion holistique (= dans toutes ses composantes) à propos de la société dans laquelle nous vivons comme la « permaculture » ou « l’agroécologie ». Malgré la diversité apparente, les arguments avancés et les solutions préconisées se ressemblent. Il s’agirait avant tout de redonner aux exploitations « une taille humaine » et locale, de tendre vers des techniques agricoles moins énergivores et non dépendantes des ressources fossiles et de développer une agriculture en harmonie avec les territoires, l’économie et les êtres humains. Dans ce contexte, Biofermes souhaite être le porteur d’un échange de savoirs et de savoir-faire, mais aussi de soutien à ceux qui souhaitent s’installer. Depuis que le projet a débuté, Axelle Nawrot a pu le constater : « beaucoup de jeunes sont intéressés par une reconversion vers la paysannerie », un phénomène bien illustré par ceux que l’on appelle aujourd’hui communément néo-paysans. Cependant, entre le rêve et la réalité, de nombreuses barrières existent, notamment celles de l’accès au foncier agricole, les coûts engendrés par une nouvelle installation mais aussi le manque d’informations. C’est ici, suggère l’association, que le travail de transmission animé par SOL et d’autres doit prendre tout son sens. Et peut-être permettre de résister contre un mouvement qui semble inéluctable aujourd’hui, la disparition des paysans.