Il peut être difficile d’imaginer une créature vivante à partir de vieux os poussiéreux et de vieilles empreintes de pas, mais la paléontologie est exactement basée là-dessus. Désormais, cette tâche pourrait demander un peu moins d’imagination, car des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de l’université Humboldt de Berlin ont construit un robot pour comprendre comment un de nos ancêtres de 300 millions d’années a pu se déplacer.
L’animal en question est connu sous le nom d’Orobates pabsti de la famille des Diadectidae, qui ressemble à une grosse salamandre. Il se trouve à un point névralgique de l’arbre de l’évolution, reliant les premiers amphibiens aux reptiles et mammifères qui les suivront. C’est aussi la plus ancienne créature dont les scientifiques aient pu relier des os fossilisés à des empreintes fossiles, ce qui en fait la cible idéale pour ce type d’étude.
Fossile d’Orobates. (Thomas Martens/ EPFL) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
D’abord, une équipe de Humboldt a mis au point une simulation numérique sur la façon dont les Orobates auraient pu marcher, d’après ce que l’on sait de ses squelettes fossiles et des foulées allongées des animaux modernes similaires, incluant des caïmans, salamandres, iguanes et scinques. Les chercheurs ont radiographié ces créatures pendant qu’elles marchaient et ils ont examiné plus particulièrement trois particularités : comment l’animal se tenait debout (sur ses 4 pattes), la flexion de son arête dorsale et la flexion du coude et de l’épaule de son corps. À partir de ces données, ils ont fait marcher leurs Orobates virtuels sur un sol numérique présentant leurs propres empreintes de pas pour voir quel genre de démarche aurait pu les mouvoir. Les allures possibles dans la simulation étaient limitées à des démarches réalistes, en particulier, celles où les os de l’animal ne seraient pas entrés en collision ou sortis de leurs articulations. L’étape suivante était d’amener ces Orobates numériques dans le monde réel. Le laboratoire de biobotique de l’EPFL a créé le OroBOT, une version robotique de l’ancienne créature. Celui-ci a aussi une démarche personnalisable pour tester comment les vrais Orobates ont pu se déplacer. Après avoir identifié les allures les plus vraisemblables, l’équipe a commandé à l’OroBOT de les exécuter et de mesurer la quantité d’énergie nécessaire, la stabilité, l’alignement des forces des jambes avec des animaux modernes similaires et, bien sûr, le degré de correspondance avec les empreintes fossiles.
EPFL/ Nature [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Il s’avère que l’Orobates avait probablement une démarche plus droite que les salamandres ou les scorpions. L’équipe précise que les démarches qui correspondaient le mieux à tous les critères ci-dessus étaient “assez athlétiques” et que l’animal moderne qui lui ressemblait le plus était le caïman, un parent de l’alligator. Cela indique aux chercheurs que les Orobates avaient une démarche plus avancée qu’on ne le pensait auparavant.
L’étude publiée dans Nature : Reverse-engineering the locomotion of a stem amniote et présentée sur le site de l’EPFL : A robot recreates the walk of a 300-million-year-old animal.
_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Un fossile robotique pour déterminer la démarche d’anciens animaux ! By Gurumed.org