Une nouvelle lignée de primates vient d’être mise au jour sur le continent américain. Comme leurs cousins du « Nouveau Monde », ces singes ont franchi l’Atlantique il y a plus de 30 millions d’années. Pour des raisons encore inconnues, ils ont disparu sans laisser de descendance.
Quelques dents découvertes dans le canal de Panama prouvent que les singes ont débarqué en Amérique du Nord bien plus tôt que prévu. Une potentielle révolution paléontologique accompagnée d’un nouveau mystère : comment sont-ils arrivés là ? Ce sont sept dents vieilles de 21 millions d’années qui pourraient bouleverser tout un pan de la paléontologie, celui qui s’occupe de la dispersion des mammifères, et notamment des singes, en Amérique, avant qu’elle ne devienne un continent. L’étude, publiée dans la revue Nature, précise que ces dents appartiennent à un spécimen de Panamacebus, l’ancêtre des capucins et des sapajous, une famille de primates arrivée en Amérique du Sud voici 34 à 37 millions d’années. Pour célébrer son côté aventureux, les douze scientifiques l’ont baptisé Panamacebus transitus – le Panamacebus de la traversée. La découverte, première preuve fossile de l’existence des singes en Amérique du Nord – chamboule une bonne partie de ce qu’on pensait savoir de l’histoire naturelle de cette région du monde. Jusqu’à présent, les scientifiques dataient l’arrivée des singes en Amérique du Nord au Grand échange interaméricain, survenu voici environ 3 millions d’années et rendu possible par la fermeture de l’isthme du Panama – soit la création du continent américain en tant que tel. Avant sa formation, un bras de mer d’environ 160 kilomètres de large séparait l’Amérique du Nord et celle du Sud. L’auteur principal de l’étude, Jonathan Bloch, paléontologue des vertébrés affilié à de l’Université de Floride, a été le premier surpris par cette découverte. « Comment [ces dents] pouvaient-elles être celles d’un singe », explique-t-il au New Scientist, « étant donné qu’il en allait quasiment d’une loi : il n’y a pas de singes en Amérique du Nord avant le Grand échange interaméricain ? ».
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« Avant cette découverte, le fossile le plus ancien attestant d’une dispersion des mammifères entre le Sud et le Nord de l’Amérique était celui d’un paresseux de 9 millions d’années », ajoute-t-il.
« Découvrir un singe aussi vieux en Amérique centrale, au point le plus austral de la masse continentale d’Amérique du Nord, c’est un peu comme trouver un Homo erectus, un ancêtre fossile des humains qui n’a vécu qu’en Afrique et en Asie, en Australie », précise-t-il sur le site de l’Université de Floride. D’où un nouveau mystère : comment Panamacebus transitus est-il arrivé là? Il paraît assez difficile qu’il ait nagé 160 km avec ses petits bras. Par contre, il semble un peu plus probable qu’il se soit confectionné un radeau, comme ses cousins explorateurs d’Afrique débarqués en Amérique du Sud. En attendant d’en savoir plus, les scans des dents du singe de la traversée sont accessibles à tous. Et grâce à une imprimante 3D, vous pourrez même vous confectionner vos propres moulages.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & Slate
_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Des primates américains sans descendance (vidéo) By Jack35