La LGV Lyon-Turin, un nouveau Notre-Dame-des-Landes ?Les partisans du projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin (Italie) mettent en avant la réduction significative des rejets de gaz à effet de serre qu'il engendrerait.
Un millier d’opposants à ce projet ont manifesté hier à Lyon (Rhône) en marge du sommet franco-italien. Réduction jugée insuffisante par les « anti » de la part du
nucléaire dans le panache énergétique national, poursuite du chantier – de plus en plus coûteux, l’actualité récente le prouve – du réacteur
EPR de Flamanville (Manche), projet de nouvel aéroport de
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), traité européen, gaz de schiste et maintenant la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin (Italie) : les désaccords ne manquent pas entre les socialistes et leurs (futurs ex ?) alliés écologistes, rendant persistantes les rumeurs de départ du gouvernement
de ces derniers malgré les démentis expresses répétés de Cécile Duflot et consorts.
Destinée à favoriser le ferroutage de part et d’autre des Alpes, ladite ligne ferroviaire n’est pas non plus du goût des associations de
protection de l’environnement, d’un certain nombre d’élus locaux et des agriculteurs, ce qui présage d’un nouveau bras de fer, tandis qu’à l’extrême ouest du pays les
opposants à « l’Ayraultport » semblent se faire de mieux en mieux entendre.
Le gouvernement tentera-t-il de passer en force ? Sa cote de popularité déjà nettement érodée, persistera-t-il à vouloir reprendre à son compte ce projet controversé impulsé par
l’ancienne majorité et évoqué pour la première fois lors d’un sommet franco-italien en 1991 ?
La signature hier d’une « déclaration commune relative au tunnel Lyon-Turin » par François Hollande et le président du Conseil italien Mario Monti à l’occasion d’un autre sommet franco-italien qui s’est tenu à Lyon (Rhône) atteste en tout cas de la
détermination de Paris et de Rome à le mener à bien. Reste néanmoins à convaincre l’Union Européenne (UE)
« de financer le projet à hauteur de 40 % », ce qui n’aura rien d’une formalité, sachant que le budget continental n’a pas encore été adopté, rappellent nos confrères du
Monde.
L’UE appelée au secoursTout n’est donc pas perdu pour les protestataires, qui étaient environ un millier à se donner rendez-vous hier à la gare désaffectée de Brotteaux (Lyon), dont José Bové et plusieurs centaines d’Italiens, pour un « contre-sommet » animé, plusieurs manifestants agissant à visage couvert ayant lancé des
fumigènes. Alors que les défenseurs de ce chantier titanesque
(NDLR : le tunnel Lyon-Turin serait plus long que le tunnel sous la Manche et présage de très importants travaux au regard de la géologie ainsi que du relief de la zone) soulignent
« sa forte ambition environnementale qui permettra de réduire le trafic routier et ses nuisances », donc les rejets de
gaz à effet de serre,et mettent en avant le renforcement de la sécurité qui en découlera, ses adversaires réclament pour leur part
« des
mesures préalables, comme en Suisse, où le transport routier a été fortement taxé, et estiment que la ligne historique […] est suffisante pour assurer le fret, en forte diminution », résume le quotidien.
Ils dénoncent aussi le coup mirobolant d’une telle infrastructure, initialement chiffré à
huit milliards cinq cents millions d’euros, mais qui pourrait au bout du compte dépasser les…
vingt-six milliards d’euros en comptant les accès au tunnel français. De quoi faire grincer des dents en ces temps de vaches maigres
et légitimer la demande de l’Élysée d’un financement maximisé de l’UE, c’est-à-dire
« 50 % du coût des travaux préparatoires et 40 % des travaux définitifs », rapporte
Le Monde.
Soumis comme tous les autres aux dures lois de la rigueur, le budget européen 2014-2020 tranchera et le projet sera une nouvelle fois reporté si Bruxelles n’investit pas les sommes
escomptées par la France. Voire abandonné si l’opposition ne faiblit pas…
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