Le réveil du volcan Bárdarbunga : la plus importante éruption d'Islande depuis celle du Laki en 1783 (vidéo) ! Par Christophe Magdelaine
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le.cricket Admin
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Sujet: Le réveil du volcan Bárdarbunga : la plus importante éruption d'Islande depuis celle du Laki en 1783 (vidéo) ! Par Christophe Magdelaine Mar 20 Jan - 22:18
Le réveil du volcan Bárdarbunga : la plus importante éruption d'Islande depuis celle du Laki en 1783 (vidéo) !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] L'éruption fissurale du Bárdarbunga le 28 septembre 2014.
Depuis mi-août 2014, le volcan islandais Bárdarbunga[1] connait un regain d'activité significatif : des milliers de séismes sont enregistrés tandis qu'une intrusion de magma de plus en plus importante glisse sous la croûte terrestre. Si il n'est pas encore possible de déterminer l'imminence d'une éruption volcanique, le niveau d'alerte pour le trafic aérien a été relevé et les soubresauts du géant islandais sont surveillés de très près, de crainte d'un terrible jökulhlaup, une débâcle glaciaire brutale.
Depuis juin 2014, les services géologiques islandais ont observé des signes précurseurs d'un regain d'activité sur le volcan Bárdarbunga, le deuxième plus élevé d'Islande avec une altitude de 2 009 mètres[2], il se dresse à 550 m au-dessus du plus grand glacier d'Europe, au nord-est du Vatnajökull. Bárdarbunga est représenté par un large cratère enfoui sous 400 à 600 mètres de glace et dont la partie la plus longue atteint 11 km. Bárdarbunga fait partie d'un système volcanique plus important qui fait environ 200 km de long et 25 km de large.
Le risque volcanique redouté : un jökulhlaup Le risque principal lié à l'éruption du Bárdarbunga est une immense éruption explosive qui ferait fondre d'importantes quantités de glace engendrant un terrible jökulhlaup, c'est-à-dire une inondation (suite à la fonte brusque de la glace en contact avec la lave) aussi soudaine que puissante et dévastatrice. C'est ce qui s'est passé au 17e siècle lorsque qu'un important jökulhlaup a ravagé la région de Kelduhverfi sans doute à cause de l'éruption du Bárdarbunga.
La montée en puissance progressive du Bárdarbunga
Cela fait 7 ans que l'activité volcanique augmente progressivement dans le système volcanique du Bárdarbunga, notamment dans une fissure au nord. Après l'éruption du volcan Grímsvötn en mai 2011, l'activité avait diminué mais a repris depuis de la vigueur et est devenue aussi forte qu'avant l'épisode du Grímsvötn.
Au milieu du mois de mai 2014, les premiers tremblements de terre ont été détectés et les GPS ont enregistré des déformations du sol indiquant des mouvements de magma dans le Bárdarbunga. Puis, à partir du 13 août 2014, l'Office Métérologique Islandais (IMO) a enregistré des signes précurseurs d'une potentielle éruption volcanique. Le 16 août, un séisme de magnitude 4, le plus puissant depuis 1996, a été détecté puis environ 2 600 secousses sismiques le 18 août avec des magnitudes comprises entre 1,5 et 3, à environ 5 à 10 km de profondeur.
Le 21 août 2014, les capteurs GPS ont permis de détecter une intrusion de magma (dike) de 25 km de long à une profondeur comprise entre 5 et 10 km, sous le glacier Dyngjujökull, tandis que 3 séismes de magnitude supérieure à 3 et de plus faible profondeur (2 à 5 km) ont été enregistré, dont un de magnitude 4,7. A partir du 23 août, les tremblements de terre ont été si nombreux qu'il est devenu difficile pour les sismologues de les distinguer les uns des autres, tandis que le flot de magma continuait de progresser. Le risque pour le trafic aérien dans la région a alors été temporairement élevé au niveau rouge. Le 24 août, deux séismes de magnitude 5 et 5,3 ont été détectés à une profondeur estimée entre 8 et 13 km. Il s'agit des secousses les plus puissantes depuis l'éruption du volcan Gjálp en 1996 dans cette région. L'intrusion de magma sous le glacier est dorénavant estimée à près de 35 km de long, les modèles estiment qu'elle contiendrait environ 300 millions de mètres cube de magma.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Déplacements des séismes vers le Nord depuis le 16 août 2014
Depuis l'activité sismique reste significative avec des centaines jusqu'à des milliers de secousses par jour, probablement à cause du léger affaissement de la chambre magmatique suite à l'écoulement vers l'extérieur de magma sous la caldeira, indique l'IMO. La sismicité se déplace vers le nord sous le glacier Dyngjujökull. En outre, les capteurs GPS ont enregistré des déformations du sol de plusieurs dizaines de centimètres depuis le début de l'événement.
Le 27 août 2014, deux nouveaux séismes de magnitude supérieure à 5 ont été enregistrés alors que l'activité volcanique se renforçait légèrement : l'intrusion de magma atteignait 40 km de long. Le volcan Bárdarbunga va-t-il entrer en éruption ?
Si l'activité volcanique est certaine, les scientifiques islandais n'ont enregistré aucun signe indiquant l'imminence d'une éruption : il n'y a pas de migration vers la surface de l'activité. De plus, ce type d'activité est assez classique pour les volcans islandais et engendre rarement des éruptions volcaniques, précise les rapports journaliers communs de l'IMO, de l'Université d'Islande et de l'Institut des Sciences de la Terre Islandais.
Trois scénarios probables sont envisagés par les scientifiques :
La migration du magma s'arrête, assistée par la baisse de l'activité sismique. L'intrusion de magma atteint la surface de la croûte terrestre à l'extrémité nord du glacier, débutant une éruption volcanique de type plutôt effusive et peu explosive avec peu de cendres. Le dike atteint une fissure sous-glaciaire engendrant un jökulhlaup et une activité plus explosive avec beaucoup de cendres.
C'est pourquoi le Bárdarbunga, actif depuis plus de 9 000 ans, est surveillé de très près tandis que le niveau d'alerte pour l'aérien reste positionné à orange. La dernière éruption confirmée du volcan Bárdarbunga date de 1910. Le volcan Bárdarbunga est finalement entré en éruption. Alors que des crevasses sont apparues sur le glacier au-dessus de la caldeira du volcan suite à la fonte de la glace, une éruption modeste a finalement débuté dans une fissure de 100 m de long à Holuhraun, à 9 km au nord du glacier Dyngjujökull, le 29 août.
La fissure a atteint 1,5 km de long avec des jets de lave sur environ 700 m. Cependant, ils restent modestes (maximum 10 m de haut) et n'entraînent pas d'épanchement de lave à l'extérieur de la fissure. Cette zone fait environ 7 km² et contiendrait entre 20 et 30 millions de m3 de lave. L'activité sismique perdure avec quelques secousses de magnitude supérieures à 5.
Le 23 août 2014, le code d'alerte pour l'aviation au-dessus de la région du volcan a été temporairement élevé au niveau maximal, c'est-à-dire "rouge" sans que cela entraîne la fermeture des aéroports de l'île. Dès le 24 août 2014, il a été abaissé au niveau orange maintenu depuis. Mi-septembre 2014, l'éruption se poursuivait avec la même intensité mais davantage d'épanchement de lave : de nouvelles fissures sont apparues, la plus importante faisant 300 m de large et 2 km de long. Elle émet un nuage éruptif qui atteint 4 000 m d'altitude. L'activité sismique reste modérée avec des magnitudes maximales de 5.
De plus, la caldeira du Bárdarbunga s'est affaissée de 23 mètres, ce qui pourrait annoncer une éruption bien plus puissante, soit à Holuhraun ou directement sous le glacier qui recouvre le volcan, entraînant alors un jökulhlaup majeur avec d'importantes retombées de cendres.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Image satellite de l'éruption fissurale le 16 septembre 2014
L'activité du volcan en octobre 2014 Début octobre 2014, l'éruption fissurale occupait une superficie supérieure à 50 km² tandis que le panache de fumée s'élevait à 2 km d'altitude. Plusieurs dizaines de séismes secouent chaque jour le volcan avec des magnitudes comprises entre 2 et 5. Fin octobre, l'éruption se poursuivait avec une activité significative et une centaine de tremblements de terre chaque jour. La zone recouverte par la lave occupait une zone de près de 65 km². La chaleur géothermique a augmenté tandis que la caldeira continuait de s'affaisser : un trou de 25 m de profondeur est apparu.
L'éruption d'Holuhraun est désormais la 2e plus importante éruption d'Islande En novembre 2014, l'activité volcanique reste forte : l'éruption fissurale d'Holuhraun dégage d'importantes quantités de gaz et a déjà expulsé plus d'un kilomètre cube de lave sur une zone de plus de 72 km². Résultat, cette éruption est maintenant la plus importante d'Islande depuis l'éruption du Laki en 1783 où 15 km3 de lave avaient jailli des entrailles de la Terre, indique la chaîne de télévision islandaise RÚV.
Une vidéo éloquente du 17 novembre 2014 montre l'intensité de l'éruption fissurale. Mi-décembre 2014, la zone volcanique atteignait plus de 77 km² avec une activité volcanique continue et forte. En fonction des vents, les rejets de SO2 polluent l'air de différentes régions d'Islande, et même d'Europe. Mi-janvier 2015, l'éruption ne faiblit pas et continue de s'étendre : la zone touchée atteint plus de 84 km² et entre 30 et 50 séismes sont enregistrés chaque jour.
Images impressionnantes de l'éruption d'Holuhraun, considérée comme la plus importante de l'année 2014.
Le volcan affecte la qualité de l'air Près du volcan L'éruption étant, pour le moment, essentiellement effusive, le volcan Bárdarbunga a émis que peu de cendres mais beaucoup de gaz riches en dioxyde de soufre (SO2). Mi-novembre 2014, 40 000 à 60 000 tonnes de SO2 étaient relâchés dans l'atmosphère chaque jour au niveau d'Holuhraun. Or, ces émissions entraînent une pollution massive de l'air à proximité du volcan, le SO2 étant nocif pour la santé à forte concentration.
Ainsi, les zones urbaines de l'est de l'Islande (Egilsstaðir et Reyðarfjörður) souffrent d'une importante pollution atmosphérique à cause de la présence de gaz sulfurique émis par le volcan en grande quantité comme en témoigne cette carte des niveaux de pollution en Islande. Près des éruptions fissurales, l'air peut devenir irrespirable et dangereux. Par conséquent, les autorités recommandent aux habitants de rester chez eux, de bien se calfeutrer et de profiter des moments où la qualité de l'air est meilleure pour aérer l'intérieur du logement. Mais aussi jusqu'en France !
En outre, les rejets du volcan peuvent générer une pollution significative à grande distance. En effet, le panache volcanique est transporté par les vents et se charge progressivement en fines particules d'aérosols sulfatés, issues de la conversion du SO2 au cours de son transit dans l'atmosphère, indique le Laboratoire d'Optique Atmosphérique (LOA, CNRS / Université Lille 1).
Ainsi, la région Nord-Pas de Calais a subi, fin septembre 2014, un épisode de forte pollution atmosphérique : 1 - une augmentation exceptionnelle à l'échelle régionale de la concentration au sol en SO2 ; 2 - une augmentation significative de la concentration au sol en particules, laquelle a dépassé le seuil d'information et de recommandation (50 µg/m3 en moyenne horaire sur 24h glissantes), mais dont a priori l'origine n'est pas uniquement volcanique. Même constat en Ile-de-France : si cette région souffre de manière chronique d'une qualité de l'air médiocre, ce n'est, pour une fois, pas complètement le fait du trafic automobile et des activités de la région.
En effet, Airparif, l'association chargée d'évaluer la qualité de l'air sur la Région Ile-de-France, a indiqué le 23 septembre : "l'éruption du volcan islandais Bardabunga explique en partie les niveaux de particules PM10 et de dioxyde de souffre (SO2) constatés sur la région [...] Les émissions gazeuses de SO2 produites par le volcan peuvent en effet se transformer en cours de transport en Sulfate d'ammonium (une forme de particule).".
L'augmentation des concentrations en SO2 est particulièrement notable car il s'agit d'un composé chimique que l'on ne retrouve plus dans la pollution urbaine francilienne : la diminution sensible de l'industrialisation de la région, l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité au détriment des centrales thermiques, et la prise de mesures techniques et réglementaires, ont eu pour effet de faire nettement diminuer les émissions de dioxyde de soufre.
Gardons-nous cependant d'incriminer le volcan pour les pics de pollution que l'Ile-de-France connaît une nouvelle fois, ils proviennent avant tout des polluants émis localement. Rappelons qu'en 1783-1784, l'éruption majeure du volcan Laki, avait provoqué une pollution atmosphérique d'ampleur continentale, avec des impacts sanitaires dramatiques dans toute l'Europe de l'Ouest. Si le style éruptif du Bardarbunga est similaire, l'éruption demeure bien plus faible.
Notes : Se prononce "Boorrderr-bunka" Le plus sommet d'Islande est le Hvannadalshnukur avec 2 119 mètres. Sources : Bárðarbunga - Global Volcanism Program Bárðarbunga - Icelandic Meteorological office Bárðarbunga 2014 ; recent earthquakes - Icelandic Meteorological office Bardarbunga 2014 - Institute of Earth Sciences The puzzle of the Bardarbunga volcano, Iceland earthquake - Prof Hrvoje Tkalčić
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Le réveil du volcan Bárdarbunga : la plus importante éruption d'Islande depuis celle du Laki en 1783 (vidéo) ! Par Christophe Magdelaine