Requins de la Réunion : Sea Shepherd ne désarme pas

Requins de la Réunion : Sea Shepherd ne désarme pas

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Dix spécimens de requins-tigres et dix autres de requins-bouledogues doivent être capturés à des fins officiellement scientifiques

Révoltée par la décision des autorités de prélever vingt spécimens de squales afin de déterminer s’ils sont ou non atteintsde la ciguatera, une maladie qui les rend impropres à la consommation, Sea Shepherd a déposé un nouveau référé au tribunal administratif de Saint-Denis hier.

Celui-ci fait suite à un autre déposé le 21 août dernier, mais rejeté par ledit tribunal, lequel a estimé qu’il n’y avait pas « urgence à agir » (!), rappellent nos confrères de 20 Minutes. Une nouvelle fois, l’ONG de protection de l’environnement, actrice majeure de cette polémique sur les requins de l’île de la Réunion qui a occupé une place de choix dans l’actualité
environnementale de ces dernières semaines, n’a pas agi seul, l’Association citoyenne de Saint-Pierre (ASCP) ayant fait de même.

Il serait toutefois bien surprenant que le tribunal administratif de
Saint-Denis ait subitement changé d’avis et remette en cause le dessein des pouvoirs publics. Pleinement dans son rôle de protectrice de la biodiversité marine, Sea Shepherd l’assimile à une « battue déguisée » et considère qu’un tel abattage ne fait que servir les intérêts à court terme des associations de surfeurs et des professionnels du milieu nautique. Plus prosaïquement, il ne rassurerait que quelques « excités », mais reviendrait à poser un plâtre sur une jambe de bois.

Interrogé par l’AFP, Marc Soria, docteur en écologie
comportementale marine à l’IRD (Institut de Recherche pour le
Développement) et chef de la mission scientifique chargé d’étudier les requins établis au large de l’île de la Réunion, a quant à lui émis l’hypothèse d’un « déséquilibre de l’écosystème » expliquant la recrudescence du nombre d’accidents (huit au cours des vingt derniers mois). Un déséquilibre qu’il faudra bien combattre, par exemples en repensant les contours de la réserve marine, décriés par les surfeurs eux-mêmes, à l’image de ce qu’a écrit la vedette locale Jérémy Florès sur son blog, et en améliorant la gestion des déchets, de plus en plus nombreux sur l’île en raison du développement touristique.

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Les requins de la discorde

Visiblement désireuses d’utiliser tous les recours judiciaires possibles pour contrecarrer les plans gouvernementaux (NDLR : la campagne de captures, qui cible dix requins-tigres et dix requins-bouledogues, a été lancée au début du mois à la demande du ministre des Outre-mer Victorin Lurel. Quatre-vingt autres individus doivent par ailleurs être marqués pour en savoir plus sur le comportement de ces deux espèces,
réputées agressives envers l’Homme.),

Sea Shepherdet l’ASCP ont cette fois « déposé un référé en suspension avec recours pour excès de pouvoir contre (l’arrêté préfectoral autorisant la pêche des requins dans la réserve marine), entaché de nombreuses illégalités, mais aussi de nombreuses incohérences », a résumé l’ONG de protection de l’environnement dans un communiqué. « La France a la gâchette facile contre les animaux sauvages en milieu naturel dès lors qu’ils gênent de près ou de loin une quelconque activité humaine, même récréative », avait-elle asséné sur son site Internet la semaine dernière, rappelant également qu’en janvier dernier, elle « avait demandé au préfet de l’île de la Réunion un arrêté protégeant les requins, sans succès », partant du constat que les requins-tigres et requins-bouledogues « sont classés “espèce quasi menacée” sur la liste rouge de l’IUCN (Union Mondiale pour la Conservation de la Nature) et remplissent néanmoins un rôle vital dans l’écosystème marin ».

À noter également qu’en novembre 2011, Sea Shepherd avait déjà déposé un recours contre le préfet, accusé d’abus de pouvoir après qu’une « battue préventive » de requins ait été avalisée dans le sillage de la disparition d’un bodyboarder. Neuf mois plus tard, force est de reconnaître que la situation s’est détériorée et que la tension est montée de plusieurs crans.

Même si Sea Shepherd et l’ASCP semblent toujours isolées et qu’elles auront bien du mal à faire fléchir les décideurs.

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