Soigner la maladie d’Alzheimer avec un pacemaker ?[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La maladie d'Alzheimer touche de plus en plus de personnes âgées : de 25 millions en 2004, elles seraient 35 millions aujourd'hui et, selon les estimations, pourraient être 115 millions d'ici 2050. À moins que l'on trouve un traitement qui la soigne.Un essai clinique vient d’être lancé aux États-Unis. Objectif : vérifier si la stimulation cérébrale profonde, que certains qualifient de pacemaker cérébral, pourrait améliorer la condition de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer. Une étude préliminaire indiquerait que cela pourrait fonctionner.
- Un dossier pour tout savoir sur la maladie d'Alzheimer [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Toutes les pistes sont bonnes à suivre. Face à
la maladie d’Alzheimer, principale cause de
démence, les solutions actuelles manquent d’efficacité. Si les
médicaments ne tendent qu’à ralentir le développement de la
pathologie, leurs effets sont limités et le déclin inéluctable. Cela s’explique probablement par le fait que la neurodégénérescence comporte encore de
nombreux mystères, malgré les nombreuses études sur le sujet.
Des chercheurs de l
’université John Hopkins de Baltimore (États-Unis) se lancent dans une nouvelle voie. Déjà fréquemment pratiquée contre la
maladie de Parkinson, la stimulation cérébrale profonde (SCP) intègre le protocole d’un essai clinique qui vient tout juste de commencer. Le premier patient, atteint d’une forme légère de la
maladie d'Alzheimer, a reçu les implants et un deuxième l’imitera courant décembre. En tout, ils seront 40 à subir cette opération lourde.
Stimulation mécanique du cerveau par un pacemakerPour ce faire, il faut percer le
crâne et placer le dispositif électronique sur le
cerveau. Les électrodes sont reliées au fornix (ou trigone), structure située au milieu de l’
encéphale. Il contribue à la stimulation de l’
hippocampe, région impliquée dans l’
apprentissage et la mémoire, principalement affectée par la dégénérescence neuronale. À raison de 130 impulsions électriques par seconde envoyées sans que le patient ne
les perçoive, les chercheurs veulent stimuler le cerveau par une sorte de
pacemaker plutôt que chimiquement, comme le font les médicaments.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En activant électriquement le cerveau par la stimulation
cérébrale profonde, pourra-t-on renforcer la mémoire ? Nous ne
connaîtrons pas la réponse avant quelques années encore...Pour constater ou non l’efficacité de la technique, la moitié des volontaires verra son système s’activer deux semaines après l’opération, tandis que l’autre moitié restera un an avec le
dispositif inactif. Ni le chirurgien ni les patients ne sont mis au
courant. À noter que pour des raisons éthiques, tous les participants ne sont atteints que d’une forme légère de la
démence, afin qu’ils aient pu prendre cette décision par eux-mêmes.
Une nouvelle piste thérapeutique contre AlzheimerCe nouveau
traitement de la maladie d’Alzheimer sera-t-il plus efficace que ce qui se fait actuellement ? Difficile à
anticiper. Cet essai repose en réalité sur des travaux canadiens menés en 2010 auprès de 6 malades, chez qui la
SCP a augmenté le
métabolisme du
glucose et donc l’activité cérébrale sur une période de 13 mois. Or, en règle générale, chez les personnes non traitées, on retrouve l’inverse. L’espoir est donc réel.
Autre avantage : la technique est testée depuis une vingtaine d’années chez les patients atteints de la
maladie de Parkinson. En tout, plus de 80.000 personnes ont bénéficié d’une telle opération chirurgicale. Chez eux, les
mouvements involontaires sont très nettement réduits et la consommation de médicaments diminue fortement, preuve du succès de la technique.
Cependant, depuis ce temps, les scientifiques ont réussi à prendre un peu de recul sur la
SCP. Les difficultés motrices sont effectivement fortement atténuées mais la
thérapie est associée à des
effets secondaires parfois importants. Au-delà des saignements ou infections consécutifs à l’opération chirurgicale en elle-même, les patients traités présentent
parfois des troubles psychiatriques, émotionnels ou communicationnels.
Dans certains cas d’Alzheimer, le remède ne pourrait-il pas causer plus de dégâts que l’absence de traitement ?Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]