En Côte d'Ivoire, des escrocs pourrissent le Net ![Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les arnaques se montent depuis les cybercafés, sur les sites de
rencontres, via les faux messages envoyés sur les messageries... Auprès
de beaucoup de jeunes, ces arnaqueurs sont des vedettes.Depuis plus de dix ans, des cyber-criminels ivoiriens
sévissent sur la toile et extorquent des milliers d'euros à des
internautes essentiellement européens et francophones.Abidjan. De notre correspondanteSur
l'ordinateur, une page blanche se noircit. En regardant discrètement, on
peut y lire une lettre d'amour. Dans ce cybercafé paumé d'une ruelle
d'Abidjan, un jeune homme tapote machinalement sur le clavier comme s'il
connaissait le texte par coeur. Puis il ouvre un dossier où sont
rangées quelques photos de femmes et d'hommes blancs et sexy. À chacune
d'elles correspond une fausse identité ou une vraie, mais usurpée.
Avec ces faux profils, les escrocs nouent des liens
via des sites de rencontres.
« Après, on dit qu'on a besoin de telle somme pour couvrir des frais de
santé, des affaires urgentes. Pour faire accepter ceux qui n'ont pas
encore confiance, on promet des rencontres », raconte un de ces
jeunes. Un autre dit escroquer entre 200 et 20 000 € par coup. Et pour
retirer l'argent dans les agences de transfert, il suffit souvent de
faux papiers ou de complicité au guichet.
40 millions de dollarsLe Nigéria et
la Côte d'Ivoire sont les pays d'Afrique de l'Ouest où
se concentrent ces fraudeurs. Ici, en 2011, 39 % des arnaques l'ont été à
l'héritage, 21 % au
love tchat (des sites de rencontre), 14 % à la loterie et 9 % par des spams sur les messageries électroniques, comme
l'arnaque qui sévit en ce moment sur EDF.Selon la Direction de l'informatique et des traces technologiques
d'
Abidjan, les cyber-criminels ivoiriens ont, en 2011, extorqué des
internautes pour un montant de
40 millions de dollars.Le gouvernement a bien mis en place une équipe d'ingénieurs informatiques et de policiers scientifiques, mais
« nos moyens techniques et technologiques ne sont pas adaptés. Tous les
cas traités et résolus le sont sur dénonciation uniquement, via les plaintes reçues sur notre site Internet », souligne un des agents.
Dans les bars, ces arnaqueurs du web flambent. De l'alcool, des
filles, de belles voitures, des billets entre les doigts, ils parlent en
euros plutôt qu'en francs CFA, la monnaie de l'Afrique de l'ouest
francophone. Et ils sont plutôt fiers d'arnaquer des
« Blancs ». Une sorte de
« dette coloniale », comme disent certains.
« Les jeunes considèrent malheureusement cette activité comme noble, remarque Yao N'cho, un hacker. Beaucoup
veulent devenir des cyber-escrocs car ils gagnent de l'argent et ils ne
vont pas en prison. Il leur suffit d'aller dans un cybercafé, de
rencontrer un de ces hommes et ce dernier leur explique les
techniques. » Aurélie FONTAINE.
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