Au Brésil, embellie pour l'éthanol après trois années de crise[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Retour des incitations gouvernementales,
meilleures récoltes de canne à sucre, nouveaux investissements privés :
au Brésil, premier exportateur et deuxième producteur mondial d'éthanol,
l'agrocarburant repart de l'avant après trois ans de crise.RIO DE JANEIRO (AFP) - Retour des incitations gouvernementales,
meilleures récoltes de canne à sucre, nouveaux investissements privés:
au
Brésil, premier exportateur et deuxième producteur mondial d'éthanol,
l'agrocarburant repart de l'avant après trois ans de crise.
"L'éthanol, comme tout le secteur de la canne à sucre, connaît une
embellie après trois années vraiment difficiles. La production de canne
est en nette reprise et les investissements commencent à porter leurs
fruits", résume à l'AFP
Géraldine Kutas, une responsable d'
Unica, la
principale association de cultivateurs de canne à sucre du pays.
La production d'éthanol, qui représente plus de 30% du carburant des
véhicules légers au Brésil, est attendue en hausse pour la récolte
2013-14, avec 23,8 milliards de litres selon les prévisions du
gouvernement, soit 2 milliards de plus que l'an dernier.
Le géant sud-américain, qui cherche à diminuer ses importations
d'essence et à relancer le secteur, a également annoncé fin avril des
facilités de crédit et
370 millions d'euros d'exonérations pour les
producteurs de l'alcool de canne à sucre.Après un boom dans les années 2000, qui ont vu les voitures
"flex",
roulant indifféremment à l'essence ou à l'éthanol, conquérir le Brésil
(57% de la flotte actuelle),
"les problèmes sont arrivés en 2008-2009", se souvient
Géraldine Kutas."La crise financière a bloqué les financements d'investissements.
Faute de nouvelles plantations, les champs de canne ont perdu en
productivité. Enfin, on a connu trois années de conditions climatiques
extrêmes avec du gel, de la sécheresse ou encore des pluies trop
abondantes pour permettre la récolte".Résultat : en 2011-12 les producteurs de canne à sucre brésiliens
enregistraient leurs pires rendements depuis 20 ans, à 75 tonnes par
hectare au lieu de 85t/ha avant la crise.Dans le même temps, les coûts de production ont explosé. Selon
l'association de producteurs
Orplana, le
"loyer de la terre" a augmenté
de 57% entre 2005 et 2010, sans compter le bond des coûts de main
d'oeuvre (+47%), de mécanisation (+28%) et de produits chimiques.
"Sur les 400 usines environ que compte le pays, plus de 40 étaient
fermées l'an dernier pour cause de redressement judiciaire", souligne
Mme Kutas.A ces problèmes communs à tout le secteur de la canne à sucre
s'ajoutait, pour l'éthanol, un concurrent redoutable :
le plafonnement du
prix de l'essence.
25% d'alcool de canne"Comme les conducteurs de voitures "flex" arbitrent entre essence et
éthanol pur en fonction du prix, cela a empêché le prix de l'éthanol
d'augmenter", explique
Rafael Barbosa, économiste à
Rabobank.
"Plutôt
que de produire de l'alcool, les usines se sont donc concentrées sur la
production de sucre, dont les cours étaient assez élevés à l'époque".Aujourd'hui la tendance s'inverse : la livre de sucre rapporte environ
0,17 dollar au producteur, soit un peu moins que le volume équivalent
d'éthanol, valorisé à 0,19 dollar.
Et les débouchés s'améliorent : depuis le 1er mai, chaque litre
d'"essence" vendu au Brésil - qui est en fait un mélange d'essence et
d'éthanol - contient non plus 20% mais 25% d'alcool de canne à sucre, ce
qui absorbe en partie la bonne récolte.
Le
Brésil devrait également augmenter ses ventes à l'étranger. Son
principal client, les
Etats-Unis, s'est en effet fixé un ambitieux
objectif de consommation d'agrocarburants dits
"avancés", dont l'alcool
de canne à sucre fait partie.
"Mais cela ne va jouer qu'à la marge car les exportations
représentent au maximum 15% des ventes d'éthanol", tempère
Géraldine
Kutas, qui réclame
"une visibilité à long terme, notamment sur les
politiques de prix de l'essence".La tendance devrait être favorable : selon une récente étude du
cabinet Global Data, le Brésil devrait produire 45 millions de litres
d'éthanol et talonner les Etats-Unis en 2020.
Le secteur de la canne à sucre emploie directement 1,2 million de personnes au Brésil, pour 194 millions d'habitants.
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