Le lion d’Afrique de l’Ouest se meurt loin des regards...L’Afrique de l’Ouest abrite des lions, mais cela pourrait changer dans les années à venir. Un récent état des lieux vient en effet de dresser un bilan plus que négatif à leur sujet. Il n’en subsiste qu’environ 400, qui sont répartis sur 1,1 % de leur aire de distribution historique. Espérons donc qu’ils seront reconnus par l’UICN comme une nouvelle sous-espèce.
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Les lions d’Afrique de l’Ouest sont moins trapus que leurs congénères de l’est et du sud, leur crinière est d’ailleurs moins fournie. Autre différence, ils forment de petits groupes composés d’un mâle et d’une ou deux femelles avec leurs jeunes. Au Kenya, par exemple, ces félins forment des groupes pouvant accueillir une quarantaine d’individus.Animal africain mythique par excellence,
le lion (Panthera leo) doit depuis plusieurs décennies faire face à de nombreux changements dans son
environnement, notamment à cause du développement de l
’agriculture. Ainsi, son
aire de distribution a considérablement diminué ces dernières décennies, pour ne plus représenter qu’environ 25 % de sa taille historique.
De nos jours, moins de 35.000 félins vivraient sur ce territoire. Les lions vivent bien évidemment sur la côte est du continent africain, là où la majorité des safaris sont proposés au public. Dès lors, on oublie peut-être un peu vite qu’il en subsiste également dans des parcs naturels de l
’Afrique de l’Ouest. Le problème, c’est que l’on sait peu de choses à leur sujet.
Quelle est leur distribution actuelle, sachant qu’historiquement elle s’étend du Sénégal au Nigéria ? Combien d’individus dénombre-t-on, et où ? Sans ces informations, comment imaginer développer des
programmes de conservation, ou le tourisme et ses retombées économiques ?
Ces questions viennent de trouver des réponses, grâce à
Philipp Henschel de l
’ONG Panthera et à ses collaborateurs.
Durant six ans, ces scientifiques ont mené des études dans 13 parcs naturels de plus de 500 km2, tout en cherchant à déterminer si des lions vivaient ou non dans huit autres parcs de moins grande taille. Ils étaient assez confiants, sachant que les sites d’investigation étaient propices à
l’espèce étudiée. Ils ont vite déchanté.
En Afrique de l’Ouest, les lions sont au bord de l’extinction.
Distribution des lions d’Afrique de l’Ouest d’après les recherches menées par Philipp Henschel et ses collaborateurs. En gris foncé, les zones où leur présence est avérée. En gris clair, les réserves naturelles où ils sont absents. Pour le gris intermédiaire, leur présence n’est que supposée.
Seuls 250 grands félins en âge de se reproduireLa raison de leur déconvenue est présentée dans la revue
Plos One :
seules quatre populations ont été localisées ! Elles totalisent environ 400 félins, mais seuls 250 d’entre eux sont sexuellement matures, donc en âge de se reproduire. Leurs
aires de répartition, lorsqu’elles sont cumulées, couvrent une surface de 49.000 km
2. Elles représentent donc 1,1 % de la distribution historique des lions d’Afrique de l’Ouest ! Une seule réserve abrite plus de 50
félins. Ainsi,
10 Panthera leo ont été recensés dans
le parc naturel de Niokolo Koba, au
Sénégal. Plus à l’est, au moins
200 individus vivent à la frontière entre le Burkina Faso, le Bénin et le Niger, au sein du site protégé W-Arly-Pendjary. Les deux dernières populations subsistent
au Nigéria, dans
les parcs naturels de Kainji-Lake (
moins de 20 félins) et
de Yankari (
moins de 5 mammifères).
À noter : il se pourrait que de petits groupes survivent
en Guinée, mais ils n’ont pas été localisés. Selon les chercheurs, si rien n’est fait pour les protéger de la destruction des habitats et du
braconnage, entre autres,
l’Afrique de l’Ouest pourrait perdre ses lions d’ici cinq ans. La situation est donc critique, mais un événement pourrait aider ces animaux : la reconnaissance de leur
sous-espèce. En effet, selon de récentes données,
les lions d’Afrique de l’Ouest seraient génétiquement distincts de leurs congénères de l’est et du sud. Or, si
l’UICN les reconnaît comme une nouvelle sous-espèce, ils seront alors inscrits sur la liste rouge et recevront un statut, en l’occurrence « en danger critique d’extinction ». Cette subtilité pourrait alors attirer l’attention des instances internationales, comme la
banque mondiale, et peut-être finalement faciliter le financement et la mise en place de programmes de protection.
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