Science & Biologie : La Technologie pour faire revivre les corauxDes
récifs coralliens électriques 100 % écologiques[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les
coraux font partie des écosystèmes les plus riches du monde.Constat alarmantTous
les scientifiques tirent la sonnette d'alarme. Dans toutes les mers du globe,
les coraux blanchissent et meurent. Une étude menée par le
Global
Coral Reef Alliance indique qu'
un quart des récifs coralliens
a d'ores et déjà disparu. Si rien n'est fait, un autre quart sera
définitivement perdu d'ici 20 ans.
Les responsables Le
réchauffement climatique fait varier la température de l'eau
; quelques petits degrés fatals pour cette
espèce thermosensible.
Mais le tourisme et les plongeurs inexpérimentés sont bien plus
dévastateurs. Sans le vouloir, un coup de palme ou le fait de s'agripper
aux récifs est extrêmement destructeur.
Une technique mise au
point par l'architecte
Wolf Hilbertz permet de contrer ces effets négatifs
et de recréer des récifs coralliens : l'
électro-stimulation.Support
sous tension[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les
villageois sont mis à contribution pour l'édification de ces structures.Armature
métallique électrifiée Wolf Hilbertz et
Thomas Goreau élaborent une structure,
Biorock, capable de
supporter et de générer du corail. Un support constitué de
grillage métallique, généralement de l'
acier, est
assemblé en amont par les autochtones. Ce grillage est ensuite parcouru
par du
courant électrique à faible tension.
Ce courant
est produit à l'aide de
panneaux solaires ou d'
éoliennes puis il est véhiculé à l'ensemble via des
câbles
sous-marins. Cette structure
Biorock peut prendre plusieurs formes : galeries,
cloche, cônes…Tout dépend de la taille du récif à
recréer.
Etape
de fixation[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le
grillage est solidement ancré au fond de la mer pour éviter d'être
emporté par les courants. Les
pépinières terminées, les scientifiques les fixent en moyenne à une profondeur
comprise entre
3 et 7 mètres. Les fonds sableux sont à éviter
car les récifs coralliens ne les apprécient pas.
Préparation
nécessaire L'objectif de la plongée est d'ancrer solidement
le grillage pour éviter que le
courant ne l'emporte. Contrairement
à ce que l'on pourrait croire, cette étape est dure physiquement
pour les plongeurs. Pas moins de
deux heures sont nécessaires pour
mettre en place ces structures. Les gestes sont répétés en
surface des dizaines de fois pour que le jour J, tout soit mis en place.
En
surface des
flotteurs maintiennent les panneaux solaires qui sont eux-mêmes
reliés au
châssis immergé par des câbles sous-marins.
Création
de calcaire[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le
grillage se couvre d'un dépôt blanc, le carbonate de calcium.Phénomène chimique de l'eau L'utilité de
ce mécanisme est de fabriquer du
calcaire, le composé minéral
qui constitue le squelette des
polypes et qui donne le corail. Pour élaborer
cette substance de manière écologique et peu onéreuse, il
suffit d'effectuer une
électrolyse de l'eau de mer. Courant
faible de 12 volts L'intensité électrique produite
par les panneaux solaires ou les éoliennes ne dépasse pas
12
volts. Ce courant est acheminé au niveau de la structure métallique
qui sert d'
électrode, à savoir de conducteur. L'
acide
carbonique H2CO3 présent naturellement dans l'eau va alors, sous l'action
du courant se décomposer en ions carbone et en
hydrogène.
Ce carbonate se dépose ensuite sur le grillage en une fine couche et
forme de l'
aragonite, carbonate de calcium cristallisé, que les
coraux fabriquent naturellement.
Implants
de débris coralliens[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les
implants de débris coralliens s'effectuent à même le grillage.Boutures
fixées L'électrolyse s'effectue
en continu,
ce qui n'est pas le cas naturellement. Conséquence, la couche de sédiment
calcaire se constitue en quelques jours. Généralement au bout de
deux semaines, les scientifiques implantent des
boutures de corail ou alors
des débris prélevés autour du site.
Croissance
accélérée Sans cette méthode, un récif
corallien met des
décennies à se reconstruire d'où
la catastrophe écologique que sa destruction entraîne. Cet écosystème
abrite des centaines d'espèces de poissons, d'anémones, de gorgones…
Par
Biorock, la croissance des coraux est multipliée par
3 voire 4.
Le calcaire est produit en permanence, c'est beaucoup moins de travail pour les
jeunes pousses.
Nettoyage
indispensable[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La
brucite empêche le corail de s'étendre sur l'ensemble de la structure.Un minéral
parasite Une surveillance accrue des pépinières ou
nurseries est indispensable pour que l'ensemble prenne convenablement.
Pendant l'électrolyse de l'eau, l'aragonite, un composé carbonate
n'est pas le seul à se déposer sur le grillage. Un autre minéral
produit à partir d'
hydroxyde de magnésium, le brucite s'agglutine sur la structure métallique empêchant les coraux de s'y
étendre.
Deux moyens d'éradication Le
premier moyen consiste à
arrêter périodiquement le courant
électrique envoyé et donc, mettre un terme au phénomène
d'électrolyse. Ainsi,
la brucite n'a pas le temps de s'installer en fine
couche et se dissout à nouveau dans l'eau.
Autre moyen que privilégient
d'ailleurs les scientifiques : mettre à
contribution les autochtones.
Ils descendent nettoyer le grillage en le brossant.
Sous
surveillance [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les
récifs artificiels sont visités pour voir leur propagation.Tous lez
sites en construction sont régulièrement visités par les
scientifiques afin de voir la progression du récif corallien. Des
tempêtes peuvent endommager les câbles sous-marins qui alimentent le grillage ou
alors les panneaux peuvent être hors service. Il faut pallier toutes ses
éventualités.
Un résultat concluant Des
mesures sont également réalisées sur le site afin d'observer
concrètement la
croissance des coraux. Les études sont édifiantes,
plus de
80% des récifs artificiels sont en parfait état et
survivent. Les chercheurs expliquent ce résultat par le fait que les polypes
n'ayant plus à produire eux-mêmes leur calcaire pour leur exosquelette,
ils ont
plus d'énergie pour faire face à un
stress ambiant
comme l'élévation de la température de l'eau.
Cette
énergie sert également à la
reproduction, d'où
un bilan plus qu'encourageant pour cette technique.
Développement
espéré [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'élaboration
de ces récifs permet de développer un écotourisme indispensable
pour les autochtones.Un écosystème
préservé Plus de
22 sites dans le monde ont
déjà fait appel à cette technologie mise au point par Wolf
Hilbertz et Thomas Goreau. Les résultats sont stupéfiants : le corail
s'épanouit, les poissons reviennent en masse. Une véritable aubaine
pour les pêcheurs et pour les spécialistes du tourisme qui voient
revenir en masse les amateurs de plongée.
Une fonction secondaireOutre
la préservation des espèces coralliennes, ces récifs artificiels
servent de
barrières anti-vagues. Leur mission : réduire
l'
érosion massive des plages sous l'action mécanique de la
mer. Ce système est à la fois
écologique et beaucoup
plus rentable car il coûterait 10 fois moins cher que la construction de
digues.
En résumé [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] |
| Corail trois couleurs.
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Les scientifiques du monde entier voient en
cette technologie l'
espoir de sauver tout un écosystème en
danger. Wolf Hilbertz et Thomas Goreau ont déjà construit des récifs
coralliens en Jamaïque, à Porto-Rico, Cuba, Vénézuela,
Bali…
Les résultats de ces Biorocks sont spectaculaires surtout
pour ce qui concerne ceux d'Indonésie. Ils ont réussi à survivre
au
terrible tsunami de décembre 2004 qui a coûté la
vie à des dizaines de milliers de personnes et ravagé tout un écosystème
sous-marin.
Ces petites pépinières pullulent partout pour une
double raison : les pêcheurs peuvent à nouveau espérer vivre
de leur pêche et les agents touristiques remplissent leurs hôtels
grâce au retour des plongeurs. Autre point positif de cette technologie
: chaque
Biorock coûte environ
1 000 dollars pour la confection
et le branchement électrique. Le pari de Wolf Hilbertz de mettre au point
un système 100% écologique et peu onéreux est plus que rempli.
Source : L'Internaute