Grande marée : un coefficient de 119 sur 120 ! Par Aline Kiner
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le.cricket Admin
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Sujet: Grande marée : un coefficient de 119 sur 120 ! Par Aline Kiner Sam 21 Mar - 17:34
Grande marée : un coefficient de 119 sur 120 !
Le port de référence pour le calcul du coefficient est Brest, l'endroit au monde où l’on a la plus grande série de mesures de la marée depuis le 18e siècle.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le port de Brest (Finistère).
HISTOIRE.119 sur une échelle qui monte jusqu’à 120 : c'est le coefficient de la grande marée du 21 mars 2015 ! Un peu abusivement baptisée "marée du siècle", elle n’en reste pas moins exceptionnelle puisque le phénomène ne se reproduit avec cette ampleur que tous les 18 ans et demi. Mais que signifie ce coefficient de 119 ? D’où vient-il et comment est-il calculé ? "Pour répondre à ces questions, sourit Nicolas Weber, du service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom), laissons-nous aller à un peu de chauvinisme ! Le coefficient a été introduit dans l’annuaire français des marées dès 1868, et cet annuaire fut le premier édité au monde, en 1839, par le Dépôt des cartes et plans, ancêtre du Shom !"
Brest, la "capitale des marées"
Le problème rencontré par ceux que Nicolas Weber appelle "nos illustres prédécesseurs" était le suivant : la marée ne s’exprime pas avec la même amplitude partout. Plus précisément, le marnage – c’est à dire la différence entre le point le plus haut des vives eaux et le point le plus bas des mortes eaux – dépend notamment de la conformation des côtes et des fonds marins. Une marée de 7 mètres à Brest est considérée comme une forte marée ; à Cherbourg, il s’agira d’une marée moyenne, à Saint-Malo, Cancale, ou encore au Mont-Saint-Michel, l’un des lieux au monde où le phénomène est le plus puissant, d’une petite marée. Parler de hauteur d’eau est important pour les cartes marines, et la navigation, mais il ne s’agit pas d’une référence précise pour indiquer si l’on se trouve en période de vives eaux ou de basses eaux sur l’ensemble d’un territoire. D’où l’introduction du coefficient. Son calcul - plutôt complexe !- aboutit à une échelle de 20 à 120.
MARÉGRAPHE. Le port de référence pour ce calcul est Brest. Pourquoi ? Encore un peu de chauvinisme ! Il s’agit du lieu au monde où l’on a la plus grande série de mesures de la marée depuis le 18e siècle. Port important, Brest avait aussi l’avantage de se trouver à l’abri dans le bras de la Penfeld, protégé des tempêtes et du clapot qui peuvent fausser les mesures. "Je ne balance point à indiquer ce port comme l’un des plus favorables aux observations de marée" disait l’éminent scientifique Laplace (1749-1827). C’est donc là qu’a été implanté l’un des premiers marégraphes, instrument qui mesure la hauteur des marées. Il en existe aujourd’hui 48 en France – métropole et Outremer (cliquez sur l'image ci-dessous pour l'avoir en grand).
Un capteur est installé à l’intérieur de ce que l’on appelle "des puits de tranquillisation", de façon à ce qu’il soit pas perturbé par les événements météo ou les bateaux qui passent a proximité, où il mesure en permanence la montée de l’eau. Ces marégraphes fournissent donc des données sur la marée... mais pas seulement. Ils font partie du réseau d’alerte aux tsunamis, enregistrent les tempêtes, participent avec Météo France à la vigilance « vagues-submersion ». Enfin, ils permettent d’évaluer l’impact des changements climatiques sur le niveau de la mer et donc des marées. L’instrument installé à Brest il y a 300 ans a ainsi permis d’observer une hausse de 30 centimètres sur cette période...