La tentation de la sortie de l'Euro !La fin d’un tabouImpensable il y a quelques semaines, la sortie de l'euro est désormais
une piste à l'étude pour résoudre la crise de la dette en Grèce, dont
l'Etat est menacé d'insolvabilité."La Grèce doit décider si elle veut rester dans l'euro", a déclaré Nicolas Sarkozy le 2 novembre, à l'issue de rencontre entre
des dirigeants européens qui craignent une contagion de la crise grecque
chez ses partenaires les plus endettés.
Dans les états membres
de la zone euro, des personnalités publiques réclament la sortie de la
Grèce de la zone, mais aussi parfois la sortie de leur propre pays de la
monnaie commune. Elles se disent agacées de voir leur pays payer pour
les mauvais élèves de la monnaie unique et par le manque de marges de
manœuvre pour résorber les déficits publics dans leur pays.
Mais la sortie de l'euro est-elle si simple ? Peut-on revenir en arrière ? Et les conséquences seraient-elles réellement bénéfiques pour l'économie des pays qui sortiraient de la zone euro ?
Qui veut la peau de la monnaie unique?En
France, les partisans de la sortie de l'euro donnent de la voix et
espèrent pour rallier les électeurs à leur cause avant 2012. Au sujet du
plan de sauvetage, le président de Debout la République,
l'eurosceptique
Nicolas Dupont-Aignan, a déclaré qu'il "enrageait" de voir l'UE vouloir
"sauver un système qui nous ruine, nous asphyxie, asservit notre peuple". "On est en train de voler les Français", a-t-il encore ajouté dans une interview accordée à Europe 1 le 25 octobre.
Autre
opposante farouche à l'euro : la présidente du Front national,
Marine
Le Pen. Pour la candidate frontiste à la présidentielle 2012,
"notre
monnaie est trop forte, elle plombe nos exportations, elle détruit
notre croissance, elle pousse les entreprises à délocaliser, elle crée
le chômage". Or,
"les inconscients qui ont constitué l'euro
nous interdisent de dévaluer (...) et il faut dévaluer pour retrouver de
l'oxygène".
La dévaluation, c'est-à-dire faire baisser la valeur d'une
monnaie, permet notamment aux exportations d'être moins chères et donc
plus compétitives sur les marchés internationaux. Un bon moyen de
relancer une croissance à la peine, à en croire les détracteurs de
l'euro.
"L'euro, c'est l'Europe, et l'Europe, c’est la paix"Pourtant, depuis le début de la crise grecque,
Nicolas Sarkozy et
Angela
Merkel, les dirigeants des deux plus grandes économies de la zone euro,
ne cessent de clamer leur attachement à la monnaie unique.
"L'euro,
c'est l'Europe, et l'Europe, c'est 60 ans de paix sur notre continent", a
déclaré le président français début janvier en soulignant que
la chancelière allemande et lui-même ne laisseraient "jamais tomber l'euro".
Casse-têteDeux économistes français, Patrick Artus et Stéphane Déo, ont étudié le
scenario de sortie de l'euro. Pour eux, la feuille de route serait
extrêmement compliquée et les conséquences seraient terribles pour les
17 pays de la zone euro.Tout d'abord, il faudrait
modifier les traités européens.
Le traité de Lisbonne prévoit en effet une clause de sortie de l'Union
européenne pour un Etat-membre, mais pas de clause pour une sortie de la
zone euro...Ensuite, il faudrait ensuite
revenir en arrière sur tout le travail d'adaptation des systèmes informatiques qui a été réalisé avant le passage à l'euro, ce qui coûterait très cher et prendrait beaucoup de temps.
Le scenario catastrophe ?Les partisans de l'euro mettent aussi en garde contre les conséquences
d'une sortie de l'euro sur la dette du pays sortant. Une fois les
obstacles juridiques et techniques franchis (voir image précédente),
deux cas sont possibles : si le pays rembourse sa dette en euros avec sa
monnaie dévaluée, il devra payer plus cher son emprunt. Et s'il choisit de convertir sa dette dans sa nouvelle monnaie, les
créanciers ne seront pas remboursés autant qu'ils ne l'anticipaient, ce
qui créerait des défauts de paiement et une panique sur les marchés.Plutôt qu'une sortie de l'euro, les dirigeants européens privilégient
le renforcement de la gouvernance économique commune
pour tenter d'assurer le futur de la monnaie unique.
Fin septembre, le
Parlement européen a adopté une série de loi obligeant les Etats-membres
à ne pas laisser les déficits sous peine de Lourdes sanctions, arguant
que les règles devaient être les mêmes pour tous. Mieux, les politiques
budgétaires seront désormais validées à Bruxelles avant d'être votées dans les Parlements nationaux.
La piste d'un ministère de l'Economie à l'échelle de la zone euro est également à l'étude.Et vous ?Et vous, quel est votre avis ? La crise de la dette vous inquiète-t-elle
?
Approuvez-vous l'action du président Nicolas Sarkozy et de la
chancelière Angela Merkel pour sauver la monnaie unique ?
Souhaitez-vous, comme 30% des Français (sondage TNS-Sofres, mai 2011),
un retour au franc ? Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]