Les Nations unies dénoncent l’exportation de la malbouffe vers les pays en voie de développement L'exportation de la malbouffe dans les pays pauvres entraîne la propagation du diabète, de l'obésité et des maladies cardiaques Un rapport de l’ONU dénonce l’exportation de la
malbouffe et des pathologies qui y sont associées vers les pays pauvres.
Il prône l’organisation de filières agroalimentaires permettant une consommation responsable et reposant sur certains principes de l’agriculture biologique.D’après un rapport présenté en mars 2012 au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, les pays riches seraient en train d’exporter leurs régimes alimentaires vers les pays en voie de développement (PED) et vers les économies émergentes, provoquant ainsi une propagation de l’obésité, du diabète et des maladies cardiaques dans ces régions du globe.
« Les régimes alimentaires mauvais pour la santé et déjà répandus aux Etats-unis s’étendent aux pays plus pauvres, tout comme les
problèmes de santé associés à ces régimes. Cependant, contrairement aux pays riches, les pays pauvres ne sont pas équipés pour faire face aux conséquences qu’ont de tels régimes sur la santé (…) ce qui rend les problèmes de santé considérés comme évitables plus meurtriers » a expliqué le rapporteur spécial des Nations unies Olivier De Schutter lors de la présentation du texte. D’ici 2030, plus de cinq millions de
personnes vivant dans les pays pauvres et âgées de moins de 60 ans mourront chaque année d’une pathologie non transmissible et liée à une mauvaise alimentation.
Si 1,3 milliard de personnes souffrent de surpoids ou d’obésité sur
Terre, un septième de la population mondiale reste sous-alimentée et bien plus encore pâtissent de la « faim cachée » qui provoque une carence en micronutriments. Dans les PED, des aliments bon marchés, riches en calories mais pauvres en terme d’apports nutritionnels sont utilisés pour satisfaire la faim. Ils ne peuvent toutefois pas répondre aux besoins de l’organisme sur le long terme. La malbouffe sert donc à « cacher » la faim au moyen d’aliments coûteux, importés depuis l’Occident, riches en graisse saturée, en sel et en sucre. Les produits traditionnels et sains, comme les céréales, les haricots ou les fruits frais sont, eux, exportés vers les pays riches.
L’urbanisation, la diffusion des styles de vie modernes et les
travers alimentaires qui les accompagnent sont aussi mis en cause.
« Les transformations lourdes prospèrent dans notre système alimentaire mondial et représentent un win-win pour les multinationales agroalimentaires. Les articles transformés peuvent être produits et distribués à grande échelle, grâce à des ingrédients subventionnés bon marché et à leur plus longue durée de conservation » précise M. Schutter avant de poursuivre :
« Pour les populations, c’est perdant-perdant. Les aliments transformés mènent à des régimes riches en acides gras saturés. » Au Mexique, nation qui détient le deuxième taux d’obésité le plus élevé au monde, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) que ce pays d’Amérique centrale a signé avec les Etats-Unis et le Canada en 1992 a entraîné des investissements massifs dans l’industrie agroalimentaire
mexicaine durant les années 1990 – 2000. La malbouffe et les boissons gazeuses sucrées ont été mises à la disposition d’un plus grand nombre de consommateurs.
Pour lutter contre cette exportation de la malbouffe dans les
pays les plus pauvres, M. Schutter préconise plusieurs solutions comme l’instauration de taxes sur les aliments riches en graisse, en sel et en sucre ou encore sur les boissons gazeuses. L’interdiction de la publicité directe et du
marketing ciblé auprès des enfants est aussi conseillée. Les subventions agricoles délivrées pour soutenir la commercialisation de certains produits, notamment dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), devront être repensées aux yeux de M. Schutter. Des aides pour permettre aux petits agriculteurs d’accéder aux
marchés urbains devront enfin être imaginées.
« Nous devons nous attaquer aux problèmes systémiques qui génèrent la mauvaise nutrition sous toutes ses formes » a déclaré l’expert selon lequel
« le droit à l’alimentation n’implique pas seulement l’accès à une quantité adaptée de nourriture mais aussi la possibilité d’avoir un régime alimentaire équilibré et nutritif ». Espérons que son message soit entendu.
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