Inde : Jadav Payeng, l'homme qui a planté une forêt[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]A lui tout seul, Jadav Payeng a fait pousser une forêt sur une
banc de sable situé au milieu du fleuve Brahmapoutre, en Inde. Loin de
faire la une des médias, son action et son dévouement sont exemplaires.
Le site héberge plusieurs espèces en voie d'extinction. Il y a 33 ans, il n'y avait rien. Ou plutôt si, il y avait un
banc de sable jonchés de serpents morts. Le fleuve Brahmapoutre, en
crue, avait rejeté les reptiles sur l'îlot formé par ses méandres. Jadav
Payeng, alors âgé de 16 ans, a découvert le cimetière avec torpeur :
"les
serpents étaient morts de chaleur, il n'y avait pas d'arbres pour les
protéger. Je me suis assis et j'ai pleuré sur leurs corps sans vie.
C'était un carnage. J'ai alerté le ministère des Forêts et leur ai
demandé s'ils pouvaient planter des arbres. Ils m'ont répondu que rien
ne pousserait ici et m'ont dit d'essayer de planter des bambous. C'était
dur mais je l'ai fait. Il n'y avait personne pour m'aider", raconte-t-il au
Times of India. A
Jorhat, à 350 kilomètres de route de Guwahati, il y a maintenant une
forêt. Loin de tout, puisqu'il faut quitter la route principale, prendre
un chemin sur une trentaine de kilomètres avant d'arriver sur les
berges du Brahmapoutre. De là, des bateliers vous aideront à passer sur
la rive nord. Sept kilomètres de marche plus tard, on arrive près de
chez
Payeng, dans cet endroit que les gens du coin appellent Molai
Kathoni ("le bois de Molai" - d'après le surnom de Payeng).
A
47 ans, Jadav Payeng peut être fier. A l'époque, il avait abandonné ses
études et sa famille pour vivre seul sur le site du banc de sable :
matin et soir, il arrosait et taillait les plants. En quelques années,
une forêt de bambou est née de ses efforts. L'Indien n'a pas ménagé son
temps et sa science du milieu lui a été d'un grand secours :
"j'ai
ramené de mon village des fourmis rouges : elles ont des propriétés
bénéfiques pour le sol. Mais elles m'ont piqué plusieurs fois !", sourit-il.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] L'étoffe d'un héros Rapidement,
toute une série de fleurs et d'animaux se sont installés sur le banc de
sable devenu forêt. Certaines espèces menacées y ont même élu domicile
comme le rhinocéros à une corne et le tigre royal du Bengale.
"Au
bout de 12 ans, on pouvait voir arriver quelques vautours ! Les oiseaux
migrateurs commençaient à se poser en masse. Les cerfs et le bétail ont
attiré ces prédateurs", raconte Payeng. L'homme, en écologiste chevronné, conserve une rhétorique intacte :
"La nature a créé une chaîne alimentaire : pourquoi est-ce qu'on ne s'y
tient pas ? qui protégera ces animaux si nous, les êtres supérieurs,
nous nous mettons à les chasser ?"
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ce n'est
qu'en 2008 que le Ministère des forêts de l'Assam entend parler de la
forêt de Payeng. Un troupeau d'une centaine d'éléphants sauvages s'y
réfugie alors, après avoir ravagé les villages voisins, détruisant aussi
au passage la maison de Payeng. Gunin Saikia, conservateur et assistant
des forêts, narre sa première rencontre avec l'homme qui avait planté
la forêt :
"nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense
sur le banc de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite
par les pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit
qu'il faudrait le tuer d'abord". "Il
traite les arbres et les animaux comme si c'étaient ses enfants. Quand
on a vu ça, on a décidé de contribuer au projet. Payeng est incroyable.
Cela fait trente ans qu'il est là-dessus. Dans n'importe quel pays, il
serait un héros", ajoute encore Gunin Saikia.
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