Sciences & Environnement : Marée noire, amende pénale colossale pour BP
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BP va devoir s'acquitter d'une amende pénale d'un montant historique pour sa lourde responsabilité dans l'accident de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, à l'origine d'une marée noire elle aussi sans précédent.
La sanction financière est à la hauteur du préjudice écologique occasionné. C’était en avril 2010, dans
le Golfe du Mexique (
États-Unis). Locataire de la plate-forme
Deepwater Horizon, le groupe pétrolier britannique est pressé de forer. Trop pressé. La
structure explose, faisant onze victimes, et engendre une
marée noire d’une ampleur inédite
(NDLR : Au total, l’équivalent de quatre millions cent mille barils se sont déversés pendant quatre-vingt-sept jours). La
biodiversité marine est « gavée » d’hydrocarbures. Un pétrole brut, particulièrement visqueux et de fait très difficile sinon impossible à nettoyer qui investit les côtes sous forme de boulettes.
Des milliers de personnes installées en
Louisiane et dans les États voisins qui dépendent directement de la pêche n’ont plus rien.
Barack Obama, qui suit cette crise écologique d’une ampleur sans précédent de très près et se rend sur place à plusieurs reprises, fulmine. Les mots sont durs. La Maison Blanche nomme une commission d’enquête constituée d’experts indépendants qui accablent
BP, devenue l’entreprise à abattre.
Et pour cause : sa légèreté sur le plan sécuritaire en amont est établie. Les relations entre Washington et Londres se tendent. Le groupe pétrolier britannique est débordé et enchaîne les tentatives vaines. Il lui faudra finalement plusieurs mois avant de stopper la fuite.
Cette catastrophe restée dans bien des mémoires a entraîné une suspension de plusieurs mois des forages pétroliers
offshore dans
les eaux territoriales américaines. De nouvelles mesures ont été prises pour renforcer la sûreté autour d’eux, y compris (et surtout) en Europe, mais ils ont finalement recommencé.
Business as usual, au grand désappointement des associations de
protection de l’environnement selon lesquelles il manque encore de nombreuses garanties.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]BP comparaîtra en février prochainDeux ans et demi plus tard, le moment est venu pour
BP – qui a poussé le cynisme jusqu’à éluder le drame dans son rapport
développement durable de 2010, arguant d’estimations des dommages trop divergentes – de payer la note pénale, même si l’accident lui a déjà coûté très cher, financièrement, mais aussi sur le plan de l’image. Une note particulièrement salée puisqu’elle s’élève à quatre milliards cinq cents milliards de dollars (environ trois milliards cinq cents milliards d’euros) – auxquels il faut ajouter les quatorze milliards de dollars (onze milliards d’euros) déboursés pour stopper l’écoulement d’or noir et les huit milliards (six milliards trois cents millions d’euros) d’indemnités aux victimes de la
marée noire - versés
« dans le cadre d’un contrat conclu avec le département américain de la Justice », détaillent nos confrères du
Figaro.
Et le quotidien d’ajouter :
« Deux hauts responsables de BP ont été inculpés pour homicide involontaire et pour avoir violé une loi de protection de l’environnement. Ils sont poursuivis également pour “négligence” et “faute lourde”, parce qu’ils n’ont pas “agi de manière appropriée pour éviter l’explosion”. Un troisième ancien haut responsable a été inculpé pour avoir “intentionnellement sous-estimé” la quantité de pétrole répandu,
caché des informations et menti au Congrès pour “faire apparaître la marée noire moins catastrophique qu’elle n’était”. »Accusé de
« faute lourde » et
« délibérée » par le ministère américain de la Justice, le géant britannique n’est pas au bout de ses peines. Son procès doit en effet se tenir en février prochain.
BP a pris ses dispositions, ayant provisionné trente-huit milliards cent millions de dollars (trente milliards d’euros) et vendu trente-cinq milliards de dollars (vingt-sept milliards cinq cents millions d’euros) d’actifs.
« Toute l’équipe de BP regrette profondément la perte tragique de vies humaines engendrée par l’accident de la plate-forme Deepwater Horizon ainsi que l’impact du déversement d’hydrocarbures dans la région », a déclaré Bob Dudley, directeur général de
BP, cité par nos confrères du
Guardian. Un énième
mea culpa dont l’entreprise aurait pu se passer si elle s’était montrée moins désinvolte.
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