le.cricket Admin
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| Sujet: Pourra-t-on nourrir neuf milliards d’êtres humains ? Mar 11 Déc - 19:23 | |
| Pourra-t-on nourrir neuf milliards d’êtres humains ?L'agriculture biologique exclut le recours aux pesticides et présenterait des rendements plus qu'intéressants dans les pays du Sud. Oui, affirme l’agronome et géographe Jacques Caplat, qui a accordé un long entretien à nos confrères du magazine Terra Eco.La plupart des démographes s’accordent sur un accroissement démographique proprement démentiel. Ainsi la Terre pourrait-elle compter neuf milliards de bouches à nourrir à l’horizon 2050, voire plus. Un défi colossal pour l’humanité toute entière, déjà confrontée à une hausse considérable de la demande en viande de plus en plus difficile à honorer, sachant que l’élevage représente aujourd’hui environ un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre et que le réchauffement climatique est promis à s’intensifier. Pendant ce temps, même si le modèle agricole actuellement en vigueur dans le monde occidental a montré ses limites, entre utilisation abusive de pesticides et autres substances chimiques et pollution des nappes phréatiques, l’agriculture biologique progresse timidement. En France, l’objectif de 20 % de surface agricole utile (SAU) dédiés au bio à l’horizon 2020, fixé dans le cadre du Grenelle de l’environnement et il est vrai devenu impossible à atteindre, a ainsi été abandonné par l’actuel gouvernement, qui vise 7 % d’ici 2017. Particulièrement défavorable, la conjoncture n’augure pas d’une planète rassasiée. M. Caplat, toutefois, y croit, à condition que l’agriculture biologique se développe mondialement via des mesures étatiques, mais aussi des initiatives individuelles ou collectives. Celle-ci consiste en une « mise en relation des trois grandes composantes de l’agriculture : un écosystème (le sol, les points d’eau, des haies), un agrosystème (plusieurs espèces végétales, des animaux) et des humains autonomes, en situation de prendre des décisions et non de se les voir imposer par des semenciers ou des politiques », rappelle-t-il. Et de préciser : « Ce concept fonctionne de façon optimale avec un mélange de cultures sur une même parcelle. Des légumineuses, parce qu’elles sont capables de capter l’azote de l’air. Des arbres, parce qu’ils vont chercher le potassium en profondeur et le restituent en surface. Il n’y a plus de concurrence entre les plantes, mais une complémentarité. Cela permet de bien meilleurs rendements. »« Expliquer aux paysans que l’agriculture bio, c’est l’avenir »« Le système conventionnel ne marche qu’en milieu tempéré. Il faut une stabilité climatique. Dans les pays tropicaux, les excès de pluie ou de sécheresse peuvent anéantir une année de production en monoculture », souligne par ailleurs M. Caplat, pour qui « l’agriculture associée est plus adaptée » dans la mesure où « on peut semer des espèces résistantes à la sécheresse, d’autres à des conditions plus humides ». Et si « le rendement de chacune n’est pas garanti, le rendement global, lui, l’est ».L’expert évoque en outre une étude menée en 2006 par des spécialistes de l’Université de l’Essex (Grande-Bretagne). Consistant en une synthèse réalisée dans cinquante-sept pays sur quelque trente-sept millions d’hectares, elle a conclu que les rendements sont 79 % plus élevés en agriculture bio dans les zones tropicales. Un pourcentage éloquent confirmé deux ans plus tard par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), lequel a estimé que la conversion de l’Afrique au bio entraînerait une productivité continentale multipliée par deux. Si a contrario les rendements baisseraient dans un premier temps en Europe et en Amérique du Nord (de 5 à 10 %), « à long terme, si l’on répand les techniques de cultures associées, on peut penser qu’il y aura une amélioration », assure M. Caplat, partisan d’ « expliquer aux paysans que l’agriculture bio, c’est l’avenir ». Pas une mince affaire, mais il en va de notre avenir à tous. Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | |
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