Être roux : un moyen d’éliminer des toxines excédentaires[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les hirondelles rustiques (Hirundo rustica) plus rousses survivent davantage que leurs congénères.Des chercheurs d’une université française ont montré chez
différentes espèces d’oiseau qu’arborer des plumes rousses traduisait un mécanisme physiologique parfois salutaire, permettant à l’organisme d’éliminer un surcroît d’acides aminés toxiques. La coloration rousse des cheveux, poils ou plumes est, chez tous les vertébrés, l’effet d’un
pigment appelé
phéomélanine, qui, lorsqu’il est produit en grande quantité par le corps, fragilise la peau et augmente les risques de mélanome. De plus, sa synthèse par l’organisme consomme un antioxydant qui est pourtant bénéfique.
Comment tout ceci a-t-il donc pu perdurer malgré la
sélection naturelle ?Pour le savoir,
Ismael Galván et
Anders Møller, de
l'Université de Paris-Sud, se sont penchés sur la couleur
rousse du plumage de certains individus parmi 58 espèces d’oiseaux d’Amérique et d’Europe, comme
l’hirondelle
rustique. Plus précisément, c’est au taux de survie de ces volatiles, d’une année sur l’autre, que se sont particulièrement intéressés les deux scientifiques.
Pour comprendre pourquoi, un peu de physiologie : la fabrication de la
phéomélanine entraîne la dégradation d’un acide aminé fourni par la nourriture et toxique à trop forte concentration, la cystéine. Cette dernière est en partie éliminée par les urines, mais la fabrication du pigment roux peut aider à en séquestrer des quantités excédentaires.
Des oiseaux roux qui survivent davantage Les chercheurs ont donc analysé, chez les oiseaux, d’une part la
concentration de l’acide urique - traduisant le taux d’élimination de la toxine via l’urine - et d’autre part la proportion de plumes rousses - traduisant le taux d’élimination via le pigment. Chez toutes les espèces étudiées, les biologistes ont constaté qu’à élimination urinaire égale, les volatiles plus roux survivaient davantage.
Publiée dans la revue
Physiological and Biochemical Zoology, cette étude est la première à proposer l’idée que le rapport
coûts/avantages de la phéomélanine peut dépendre de conditions environnementales. Ses résultats suggèrent que la production de ce pigment peut même être bénéfique dans certains cas. Autant d'éléments susceptibles d'ouvrir de nouvelles pistes de recherche qui aideront à comprendre l'évolution de la pigmentation.
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