Les ours sont-ils perturbés par le bruit des drones ? Par Sarah Sermondadaz
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dunemars1 Admin
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Sujet: Les ours sont-ils perturbés par le bruit des drones ? Par Sarah Sermondadaz Mar 18 Aoû - 22:48
Les ours sont-ils perturbés par le bruit des drones ?
Les drones, civils ou militaires, nourrissent un véritable engouement médiatique. Mais quel effet ont-ils sur la vie sauvage ? Une étude américaine s'est intéressée à l'effet de ces objets volants sur le niveau de stress... des plantigrades.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ce grizzly (Ursus arctos horribilis) somnole sur un rocher
NUISANCES SONORES.Avez-vous déjà pesté contre le survol de votre habitat par des véhicules volants ? C'est le cas de nombreux êtres humains résidant à proximité d'aéroports. Et pas besoin d'OVNIS pour être incommodé, des objets volants bien identifiés suffisent : avions de ligne, de tourisme, planeurs ultra-légers motorisés (ULM), et même depuis quelques années... des drones, petits aéronefs autonomes le plus souvent télécommandés, mais parfois franchement bruyants. Sans surprise, les ours bruns (Ursus arctos), créatures placides et débonnaires, ne semblent pas plus apprécier ce vrombissement venu du ciel que nous. Une étude de l'université du Minnesota (Etats-unis), émanant du département de la conservation de la vie sauvage, et publiée début août 2015 dans Current Biology, a ainsi cherché à évaluer l'effet des drones sur le comportement des ursidés. Car, en plus de la pollution chimique ou lumineuse, les animaux sauvages souffrent eux-aussi de la pollution sonore. Lire : La pollution sonore stresse les baleines
Mode d'emploi pour ursidé stressé
Mais comment s'y prendre pour mesurer le stress chez un ours ? Ces derniers n'accourent en effet que rarement chez le médecin ou vétérinaire pour se plaindre du caractère anxiogène de leur environnement. Qu'à cela ne tienne : les chercheurs ont équipé une famille d'ursidés sauvages de colliers GPS... mais aussi de capteurs cardiaques. Une première pour ce genre de protocole. La réaction aux drones d'autres animaux, comme des oiseaux, avait en effet déjà été testé, concluant à l'innocuité de leur survol à plus de 4 m, mais en l'absence de sonde cardiaque. Or, cette dernière apporte des données décisives, renversant l'interprétation expérimentale du tout au tout.
Les chercheurs ont ainsi survolé les plantigrades avec un drone selon plusieurs modalités (vitesse, altitude...), puis évalué leurs réponses physiologiques (rythme cardiaque) et comportementales (mouvement, retracé par GPS). 17 vols ont ainsi été réalisé au total, dont 9 au dessus de femelles s'occupant de leurs oursons (les oursons n'ont pas été équipés du dispositif). Résultat ? Une élévation notable du rythme cardiaque dans tous les cas. Dans un cas, le capteur a même enregistré une élévation 123 bpm (battements par minutes) du rythme cardiaque ! Une vraie trouille bleue. En fait, les ours ayant manifesté les réactions de stress les plus prononcées étaient... des ourses, dont les oursons étaient à proximité. La maternité n'est décidément pas une expérience de tout repos, y compris chez la compagne de petit ours brun.
Délétères décibels
Les perturbations comportementales occasionnées par le bruit sur la faune sont connues de longue date, notamment sur les mouflons (Ovis canadensis). Mais selon les chercheurs, le bruit des drones est encore plus dérangeant qu'une nuisance sonore aérienne traditionnelle : de par leur manœuvrabilité et leur aptitude à voler à très faible altitude, ils peuvent s'approcher au plus près de la faune. Selon sa conception, un drone peut en effet générer jusqu'à 95 dB à 1,5 m de hauteur, et jusqu'à 43 dB à 10 m ! Lorsqu'on sait qu'en France, les niveaux sonores ne doivent pas dépasser 55 dB en zone habitable, on imagine aisément la gêne ressentie par ces animaux sauvages. Par exemple le bélier de la vidéo ci-dessous, qui n'hésite pas à charger un drone (et son propriétaire !) l'ayant un peu trop importuné à son goût.
Ours berserk
Le stress occasionné par les drones chez l'ours semble relever de l'anecdote. Et pourtant : pour ces spécialistes de la vie sauvage du Minnesota, il s'agit d'éviter les coups de folie de ces plantigrades (dans le cadre de l'expérience, observées dans 2 cas sur les 17 vols), qui pourraient par exemple provoquer des incidents routiers dans les zones où faune et routes coexistent. Faut-il pour autant brûler les drones et les clouer au sol ? Pas forcément, selon des spécialistes comme Serge Wich, de l'université de Liverpool (Royaume-uni), qui s'exprime sur cette question au cours d'une conférence TEDx. Car ces engins peuvent être des instruments de travail pour les écologues et éthologues, qui observent la faune dans son environnement. Ils peuvent ainsi aider à de multiples tâches, par exemple en océanographie pour l'étude des orques... ou même à compter les koalas dans l'état du Queensland en Australie.
Pour l'observateur, la problématique est vieille comme le monde : comment se faire suffisamment discret pour être certain de ne pas perturber le phénomène que l'on cherche à observer ? Rappelons qu'en 2014, le service des parcs nationaux américains décidait d'interdire l'usage particulier des drones dans les limites du parc de Zion, dans l'Utah. En cause ? Un troupeau de mouflons sauvages terrorisé par un drone... au point de se disperser, et de séparer les agneaux de leurs mères. Les drones animaliers ont encore des progrès à faire.
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