Des chercheurs prouvent les effets néfastes du bruit des navires sur la santé des baleines [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Dans l’un de ses ouvrages, Rosalind M. Rolland a surnommé la baleine franche de l'Atlantique Nord la
« baleine urbaine » en raison de la proximité de son territoire avec la côte est de l
'Amérique du Nord,
où le trafic maritime est particulièrement dense. Les nuisances sonores sous-marines provoquées par le trafic maritime provoqueraient un stress chronique sur les baleines.Cela fait plusieurs années que les environnementalistes oeuvrant à la protection de la
biodiversité marine mettent en garde contre les effets néfastes du bruit des navires sur les baleines.
Une étude publiée aujourd’hui dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society – Biological Sciences est venue prouver leurs dires, faisant état d’un stress chronique chez les cétacés.Cette découverte a été effectuée au lendemain des évènements du 11 septembre 2001. Rosalind M. Rolland, chercheur au
New England Aquarium de Boston (
Etats-Unis) qui a dirigé les travaux, était alors sur le terrain dans
la baie de Fundy (
Canada).
« Il y a eu une réduction dramatique du trafic maritime ce jour-là. C’était comme naviguer sur l’océan à son état premier », a-t-elle confié à nos confrères du
Guardian.
A la suite de cette baisse de trafic, les bruits à basse fréquence
générés par les navires ont baissé de 6 décibels en moyenne, affirment les spécialistes. A titre de comparaison, ils soulignent en outre que
« les bruits à basse fréquence dans le nord-est du Pacifique ont augmenté de 10 à 12 décibels depuis les années 1960, avec le doublement de la flotte globale». Un phénomène qui aurait grandement perturbé les baleines, lesquelles, on le sait, communiquent grâce à des « chants » émis également à basse fréquence.
« Nous savions que les baleines changeaient la fréquence de leurs appels pour s’adapter au bruit des navires, mais notre travail démontre qu’il ne s’agit pas d’une simple nuisance », explique M
meRolland. En analysant des matières fécales des cétacés, les chercheurs ont en effet constaté une baisse importante du taux d’hormones de stress décelées entre les échantillons prélevés avant et après le 11 septembre 2001.
Le stress chronique
« provoque une importante baisse du système immunitaire des baleines, les rendant plus vulnérables aux maladies, et diminue leurs capacités de reproduction », poursuit M
me Rolland, pour qui il s’agit probablement d’une explication au faible rétablissement de certaines populations. Elle et son équipe ont d’ailleurs mené leur étude sur les baleines franches de
l’Atlantique Nord, une des espèces les plus menacées, dont la population ne croît qu’à hauteur d’1% par an.
« L’aspect positif de ce problème est que l’on peut le résoudre », assure néanmoins la spécialiste, suggérant qu’une grande partie des bruits perturbateurs pourrait être éliminée en améliorant l’efficacité des moteurs des navires. Egalement interrogé par le quotidien britannique, Danny Groves, membre de la Société de conservation des baleines et des dauphins, est quant à lui plus pessimiste :
« On ne fait pas assez pour réduire le bruit de nos océans (…) Il n’y a actuellement aucune norme internationale concernant les nuisances sonores en mer », déplore-t-il. Il serait de bon ton d’en créer une.
Source : zegreenweb.com