Sciences & Environnement : Barrage de Belo Monte : pourquoi tant de mobilisation ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les stocks de poissons qu'exploitent les Kayapos, Araras, Jurunas,
Arawetés, Xikrins, Asurinis et Parakanãs pour survivre pourraient se
réduire avec la construction du barrage de Belo Monte.Le barrage de Belo Monte au Brésil suscite depuis plusieurs années de vives réactions dans le monde entier. Sa construction impactera plusieurs peuples indiens vivant en harmonie avec la forêt amazonienne depuis des siècles. Futura-Sciences revient sur ce projet tant décrié depuis plus de 30 ans, ainsi que sur les dernières avancées.Le
Rio Xingu, un
fleuve brésilien long d'environ 2.000 km, abrite sur ses berges de nombreux peuples
indigènes tels
les Araras, les Jurunas, les Arawetés, les Xikrins, les Asurinis, les Parakanãs ou encore
les Kayapos, dont l’un des représentants s’est rendu célèbre dans le monde entier.
Le chef
Raoni lutte en effet depuis plus de 30 ans contre la
déforestation en
Amazonie et, depuis quelques années, contre la construction du
barrage de Belo Monte. Ce projet représente à lui seul le dilemme auquel doit faire face
la sixième puissance économique mondiale.
Le Brésil souhaite réduire la
déforestation et ses
émissions de
gaz à effet de serre(-38 % d’ici 2020), tout en améliorant rapidement la santé de son
économie et en fournissant de l’électricité verte à plusieurs millions de foyers.
La
construction du barrage entre dans un programme de croissance accélérée mis en place par le président
Lula da Silva en 2007. Les travaux ont débuté en janvier 2012, mais des décisions de justice ont ensuite freiné leur avancée. En cause, les
tribus indigènes n’ont pas été consultées avant la délivrance de certains permis. Ils sont pourtant particulièrement concernés par le projet pour différentes raisons.
Ce projet visant à construire le troisième plus puissant barrage de la planète réquisitionne en effet un territoire de 1.500 km
2, dont 503 km
2 seront inondés une fois les travaux achevés (chiffre du consortium
Norte Energia). La quantité de terre à déplacer serait par ailleurs plus importante que celle extraite durant la construction du
canal de Panama, selon l'AFP.
Pour ce faire, 12.000 ouvriers se relaient jour et nuit, mais des renforts supplémentaires sont attendus durant l’année en cours. Les effectifs pourraient ainsi monter à 22.000 personnes. À ce chiffre s’ajouteraient 40.000 emplois indirects, selon
Norte Energia. La première des
27 turbines doit entrer en fonctionnement en 2015. De nombreux chiffres circulent sur le coût de ce projet. Certaines sources évoquent un montant de 13 milliards de dollars (10 milliards d'euros), tandis que d’autres avancent plutôt un coût global de 22,5 milliards de dollars (17,3 milliards d'euros).
Concrètement, comment tout cela se traduit-il pour
les Indiens ? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Des Indiens sensibles aux maladies des migrantsLe fait est contesté par Norte Energia, mais la mise en eau du site pourrait, selon plusieurs ONG dont Survival, provoquer le déplacement de milliers d'Indiens à la suite de la destruction partielle ou totale de leurs territoires.
Les
peuples indigènes restant à proximité ou en aval du site vont quant à eux devoir faire face à divers changements environnementaux. Les barrages (le projet en prévoit deux) vont modifier l’
hydrologie du fleuve, ce qui pourrait occasionner le dessèchement de certaines
zones humides. Or, la plupart des tribus visées vivent de la
pêche. Que deviendront-elles si les
stocks de poissons s’effondrent ?
La
forêt amazonienne pourrait également être partiellement déboisée pour laisser passer les
routes requises pour acheminer le matériel et le personnel sur place. Plusieurs problèmes peuvent là aussi se poser. Certains peuples vivant àproximité du site de construction sont dits isolés, comme l’a certifié
le département des affaires indigènes du gouvernement brésilien.
Problème : ces Indiens n’auraient pas un
système immunitaire suffisamment fort pour lutter contre les maladies apportées par les migrants. C'est du moins ce qu'avancent différentes ONG en s'appuyant sur un rapport publié en 1987. L’arrivée massive des ouvriers sur le site pourrait également favoriser les rencontres avec ces peuples, et donc les conflits.
Le gouvernement brésilien a déjà prévu le versement d’indemnités à hauteur de 1,2 milliard de dollars (920 millions d'euros) d’ici la fin des travaux, mais cela n’influence en rien le débat que cette construction suscite de par le monde. Les questions posées sur le bien-fondé du projet sont éminemment complexes.
L’affaire du barrage de Belo Monte est à suivre, car des procédures juridiques sont en cours. Une décision de justice rendue le 14 août 2012 a par exemple reconnu qu’une étude d’impact n’a pas été commanditée au moment opportun. La construction avait alors été arrêtée, mais elle a repris le 28 août 2012 après une décision prise cette fois par la Cour suprême brésilienne. Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]